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Dominique Lebel, aux côtés de Madame

Photo: Mario Beauregard/Métro

Dans de petits calepins noirs, Dominique Lebel prend depuis toujours des notes sur ses journées. Ce qu’il a fait. Où il a mangé. De quoi il a discuté. Ce à quoi il a réfléchi. Cette habitude ne l’a pas quitté lorsqu’il a été directeur de cabinet adjoint de l’ex-première ministre du Québec, Pauline Marois.

Dans son livre Dans l’intimité du pouvoir Journal politique 2012-2014, il reproduit les notes personnelles qu’il a rédigées à partir de l’élection du gouvernement minoritaire du Parti québécois (PQ), en 2012, jusqu’à sa défaite électorale, 19 mois plus tard. «C’est un témoignage personnel, a-t-il insisté. C’est ma part de vérité à moi. C’est ma façon de voir les choses.»

Dès les premières pages de son livre, le lecteur est plongé dans le vif du sujet avec ses phrases courtes et directes. «Jour de l’attentat contre la première ministre du Québec, Pauline Marois. C’est la première à ce poste.» Il décrit comment la nouvelle première ministre, qui a été la cible d’une tentative d’assassinat, est demeurée en contrôle, malgré le moment à la fois euphorique et dramatique.

Bien entendu, il n’a pas pu partager ses écrits sur tout ce qui s’est produit pendant l’année et demie où Madame, comme il l’appelle dans son livre, a tenu les rênes de l’État.

«Je respecte le secret des délibérations du Conseil des ministres, dit celui qui a connu Pauline Marois du temps où elle était ministre dans le gouvernement de Lucien Bouchard. Les événements politiques dont je traite dans le livre ont été publics. Je révèle pourquoi une décision a été prise et comment elle a été prise.»

Au fil des pages de son livre, il explique le style de gouvernance de l’ex-première ministre. Pour lui, elle était plus aux commandes qu’elle n’y paraissait. Elle pouvait se montrer impatiente lorsque les dossiers n’avançaient pas aussi vite qu’elle le souhaitait, particulièrement ceux qui touchaient l’économie, et elle pouvait être tranchante.

«Elle ne se disait pas: “Il faudrait que la population comprenne que, parce qu’on est minoritaire, on ne peut pas faire telle ou telle chose.” Elle se disait que même minoritaire, elle allait le plus loin possible pour défendre ce en quoi elle croyait.»

Pour lui, la charte des valeurs est un des exemples qui montrent que l’ex-première ministre a gouverné «par con­viction». «Si Mme Marois avait été opportuniste, probablement que, sur la charte, elle aurait bougé avant les élections», a analysé l’ancien stratège, qui rapporte dans son livre que la moitié du conseil des ministres n’était pas favorable à ce projet, surtout Jean-François Lisée, qui était le ministre responsable de Montréal.

«Ce n’est pas un livre sur Pauline Marois. Mais c’est un livre dont elle est le personnage principal.» – Dominique Lebel, directeur de cabinet adjoint de Pauline Marois

Pauline Marois était aussi une politicienne aguerrie qui, devant une opposition forte, a pu prévenir les coups, d’après le récit de son directeur de cabinet, comme lorsqu’elle a conseillé à son ministre démissionnaire Daniel Breton, qui disait préparer «sa rentrée médiatique», de garder le profil bas, ou lorsqu’elle a refusé le ministère de la Condition féminine à une députée ambitieuse qui, si elle avait démissionné, aurait fragilisé le gouvernement minoritaire.

Mme Marois n’a pas mis des bâtons dans les roues de Dominique Lebel lorsque ce dernier lui a confié son intention de publier ses notes personnelles. «Elle m’a laissé faire, a-t-il mentionné. Elle me fait confiance.» Ils ont d’ailleurs convenu qu’elle ne lirait pas le bouquin avant sa publication. Ni même ses anciens ministres, dont certains envoyaient des messages textes à l’auteur pendant l’entrevue qu’il accordait à Métro.

Dominique Lebel a ainsi pu rapporter les plans de Pauline Marois qui, dans les derniers jours de la campagne électorale, sentait que la victoire lui échappait. «[Nicole Stafford, la directrice de cabinet, et elle] ont échafaudé des scénarios pour un gouvernement minoritaire libéral, a-t-il écrit. Madame reste et annoncera son départ en juin. Elle veut se retirer correctement. Donner les meilleures chances au parti.»

L’électorat en a décidé autrement, en reléguant le PQ aux bancs de l’opposition et mettant fin à la carrière politique de Pauline Marois. «Je suis triste pour mon parti, a-t-elle dit le soir des élections, selon son directeur de cabinet adjoint. Moi, je vais rentrer chez moi et vivre heureuse. Me faire battre dans mon comté, c’est l’humiliation totale.»

ACTU - Dans l'intimité du pouvoir politique livreDans l’intimité du pouvoir Journal politique 2012-2014
Éditions Boréal

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