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Vente d’armes du Canada: l’Arabie saoudite a déjà utilisé des blindés contre des manifestants

Photo: FRONTLINE/"Saudi Arabia Uncovered.”

Alors que le Canada persiste à vouloir permettre la vente de blindés canadiens à l’Arabie saoudite, un nouveau documentaire démontre que ce pays a déjà utilisé des véhicules militaires pour réprimer des manifestations.

Le documentaire «Saudi Arabia Uncovered» (L’Arabie saoudite dévoilée), diffusé mardi dernier sur la chaîne américaine PBS, s’appuie sur des vidéos inédites captées clandestinement par des dissidents saoudiens.

Dans une séquence filmée lors des soulèvements de 2011 dans la ville de Qatif, on peut voir des véhicules qui semblent être des blindés de manufacture française, de type ACMAT Bastion, impliqués dans des échauffourées avec des manifestants.

Ces révélations font sursauter le groupe Opération «droits blindés», qui s’oppose au contrat de vente de blindés d’une valeur de plus de 15 G$ entre le Canada et l’Arabie saoudite. Ce groupe avait demandé à la Cour fédérale d’interdire la vente, affirmant entre autres qu’il était impossible de prouver que ces chars ne seraient pas utilisés par Riyad contre sa propre population.

«L’information dont nous disposions jusqu’à maintenant concernait l’utilisation au Yémen de véhicules blindés qui pourraient avoir été fabriqués au Canada. Mais là, l’information que vous nous transmettez, tirée du documentaire, montre que ces véhicules peuvent être utilisés contre la population de l’Arabie saoudite elle-même», a dit le professeur de droit international et leader du groupe, Daniel Turp, que Métro a mis au courant du contenu du documentaire.

Un véhicule militaire

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«On a un exemple où des véhicules militaires qui, même s’ils sont fabriqués dans un autre pays [que le Canada], sont utilisés contre la population civile, et donc, le risque peut être démontré», a-t-il ajouté.

Selon le site du manufacturier français ACMAT, le véhicule Bastion «s’adapte à une grande variété de missions : transport de troupes, véhicule d’intervention rapide et d’assaut, outil de maintien de l’ordre, poste de commandement, ambulance», et peut transporter jusqu’à 12 combattants.

«Ce n’est pas la fonction première des véhicules comme ceux-là de contrôler des manifestants. Ça démontre à quel point [le gouvernement saoudien est] prêt à prendre tous les moyens, dont l’utilisation de véhicules de ce type, pour réprimer des manifestations et brimer la liberté d’expression», juge M. Turp.

Des règles à respecter

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Pour respecter ses propres règles, le Canada devrait avoir mené une évaluation avant d’autoriser la vente pour s’assurer que ses blindés ne seraient pas utilisés pour brimer les droits humains ou pour mener une guerre civile, selon Hélène Laverdière, députée de Laurier–Sainte-Marie pour Nouveau parti démocratique (NPD).

Or, même les parlementaires canadiens n’ont pas eu accès à cette évaluation, ni au contenu de l’entente. Mme Laverdière avoue que les parlementaires ne sont même pas au courant du nombre ou du type de véhicules qui seront vendus à l’Arabie saoudite.

«On n’a aucune de ces informations. On nous demande de croire sur parole. Je crois que c’est inacceptable comme approche, s’exaspère-t-elle. On ne sait rien, essentiellement. C’est un manque de transparence flagrant.»

Le gouvernement du Canada a répété à Métro que le contrat ne sera pas annulé. «Nous ne disposons d’aucune information indiquant que du matériel canadien exporté ait été utilisé [pour perpétrer des] violations des droits de la personne, a écrit François Lasalle, directeur adjoint des relations avec les médias aux Affaires mondiales du Canada. Le Canada est fermement engagé en faveur de la transparence et de l’ouverture dans de tels dossiers.»

Pour respecter ses propres règles, le Canada devrait avoir mené une évaluation avant d’autoriser la vente pour s’assurer que ses blindés ne soient pas utilisés pour brimer les droits de la personne ou pour mener une guerre civile, selon Hélène Laverdière, députée de Laurier–Sainte-Marie pour le Nouveau Parti démocratique (NPD).

Une situation volatile

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Certaines des images montrant des blindés répondant à des manifestations ont été captées par Ali al-Felfel, un jeune dissident chiite, à Qatif en 2011.

Selon Al-Jazeera, le jeune homme est décédé après que des troupes saoudiennes eurent ouvert le feu sur des manifestants en novembre 2011. Une vingtaine de manifestants et quelques policiers ont perdu la vie lors de ces soulèvements chiites dans la province est du pays.

Les tensions entre les chiites et la majorité sunnite du pays sont à leur comble depuis l’exécution, en janvier, du chef spirituel chiite Nimr al-Nimr.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=jB0K7Mj14pk]

Pour visionner le documentaire Saudi Arabia Uncovered, visiter la page de FRONTLINE sur le site de PBS.

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