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Construction: la campagne de maraudage entre syndicats commence

Photo: Archives TC Media

MONTRÉAL – Ce 1er mai commence officiellement une période de maraudage entre syndicats dans l’industrie de la construction — une occasion qui ne se présente maintenant qu’une fois aux quatre ans.

Pendant tout le mois de mai, les cinq organisations syndicales reconnues dans l’industrie seront en compétition pour tenter de convaincre les 175 545 ouvriers de la construction du Québec de changer d’allégeance syndicale ou, au contraire, de rester au bercail.

Les périodes de maraudage sont encadrées par des règles strictes, dont le respect est assuré par la Commission de la construction. La CCQ est une sorte de Directeur général des élections pour le scrutin syndical et la campagne de maraudage qui le précède.

«C’est seulement pendant cette période que les associations syndicales ont le droit de solliciter les travailleurs pour obtenir leur adhésion. Ils ont le droit de le faire, de les solliciter et de faire de la publicité, mais ils ont le droit de le faire seulement en dehors des heures et en dehors des lieux du travail», explique Mélanie Malenfant, porte-parole de la Commission.

La CCQ reçoit aussi les signalements, en cas de pépin. «On a mis en place des formulaires en ligne, on a une ligne téléphonique dédiée pour les plaintes et les signalements. On a aussi une adresse courriel dédiée à ça», précise Mme Malenfant.

Pourquoi tout ce déploiement? «On veut toujours éviter qu’il y ait des gestes de discrimination ou d’intimidation. Le rôle de la CCQ est de faciliter le droit de vote pour le travailleur et d’assurer le bon déroulement du scrutin», ajoute-t-elle.

Syndicats et entrepreneurs

La plus importante organisation syndicale des cinq, la FTQ-Construction, qui représente 44 pour cent des ouvriers, espère toujours atteindre le seuil des 50 pour cent grâce à cette période de maraudage.

«Le maraudage commence le 1er mai, mais le fait de montrer à tes membres que tu es le plus important et que tu fais des choses pour eux autres, pour les défendre, c’est à tous les jours. C’est dans tes actions que le monde voit ce que tu fais. Mais il faut leur rappeler», explique Yves Ouellet, directeur général de la FTQ-Construction.

Il cite en exemple la campagne que la FTQ vient de lancer pour convaincre le gouvernement, notamment, d’accorder aux ouvriers le droit à des augmentations de salaire qui seraient rétroactives à la date d’échéance des conventions collectives, lorsqu’une entente intervient entre les parties.

M. Ouellet ne croit pas que l’image de la FTQ-Construction souffre encore de certains témoignages entendus à la Commission Charbonneau. «Ces anciennes histoires-là, ça date de 2008. On est rendu en 2016. La FTQ-Construction a changé énormément; l’industrie de la construction a changé. Les travailleurs sont capables de faire la différence avec ce qu’il y a aujourd’hui. On est jugé par nos actions du jour», croit M. Ouellet.

À la CSN-Construction, le président Pierre Brassard n’appréhende pas de tensions dans le cadre de la présente période de maraudage, bien que les syndicats soient alors en compétition pour les mêmes membres, dans un contexte où le nombre d’heures de travail a diminué dans l’industrie ces dernières années.

«On leur explique c’est quoi les services qu’ils ont à l’intérieur de la CSN-Construction: les représentations qu’on fait, les avocats qu’on a, les dossiers complets à la Commission des lésions professionnelles, des choses comme ça. Les travailleurs, ce qu’ils veulent savoir, c’est: ça coûte combien et ce qu’ils ont comme moyens de se défendre, comme ouvrier et ouvrière, pour leurs cotisations», résume M. Brassard.

«On est la seule organisation syndicale qui a 19 avocats à son actif. Nulle part au Canada on a vu ça une organisation syndicale qui avait autant d’avocats pour défendre les dossiers», plaide-t-il.

Au Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (international), le président Michel Trépanier envisage lui aussi une campagne «de bonne foi» et sans tumulte.

À ses yeux, recruter des membres et les conserver, «c’est un travail continuel, ce n’est pas un travail juste d’un ou deux mois. La période de maraudage, c’est un accomplissement du travail des quatre dernières années».

Il s’empresse, comme les autres organisations, de faire valoir les atouts du Conseil provincial. «On est la seule organisation syndicale qui peut se vanter d’avoir participé à toutes les négociations de conventions collectives depuis les débuts du régime de la loi R-20 (la loi qui encadre les relations de travail dans l’industrie)», souligne M. Trépanier.

Pour les entrepreneurs aussi, cette période de maraudage entre syndicats revêt une importance certaine, confirme Éric Côté, porte-parole de l’Association de la construction.

«C’est une étape importante, parce que ça détermine le poids des parties à la table de négociation. Ça demeure une étape importante pour les travailleurs et, ultimement, lors de l’exercice de la négociation (des conventions collectives) pour l’ACQ et les agents patronaux négociateurs», dit-il.

Le représentant patronal rappelle que des règles ont changé, notamment le fait que le vote a désormais lieu par la poste, non plus en personne. «Le processus s’est modernisé et a permis au travailleur de réaliser son choix dans un environnement plus libre», estime M. Côté.

Après cette cour soutenue, les ouvriers pourront exercer leur droit de vote du 1er au 20 juin.

Ce vote comporte une particularité: la «présomption d’allégeance», c’est-à-dire que ceux qui n’exercent pas leur droit de vote sont présumés vouloir rester membre du syndicat dont ils sont membres.

À l’issue du dernier scrutin, en 2012, la FTQ-Construction représentait 44 pour cent des ouvriers, le Conseil provincial 24 pour cent, la CSD-Construction 13 pour cent, le Syndicat québécois de la construction 10,5 pour cent et la CSN-Construction 8,5 pour cent.

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