Fort McMurray: la brasier probablement causé par l’homme
Le violent incendie de forêt qui fait rage à Fort McMurray, dans le nord de l’Alberta, aurait vraisemblablement été causé par l’homme, croit le professeur Mike Flanagan, de l’Université de l’Alberta.
Partant du principe que l’incendie se trouve près de la ville et que les informations météorologiques indiquent qu’il n’y avait pas d’orage ni d’éclairs dans ce secteur, il croit que la cause du brasier est d’origine humaine.
Il fait valoir que l’hiver doux et sec qu’a connu l’Ouest canadien a fait s’accumuler au sol une épaisse couche de feuilles mortes et sèches et du bois qui peut rapidement s’embraser.
Selon les statistiques officielles, 1200 incendies de forêt sont rapportés en moyenne chaque année en Alberta, dont la moitié sont causés par l’homme. Les orages sont responsables de 47 pour cent de ces incendies.
Encore mercredi après-midi, les autorités cherchaient à savoir ce qui a causé le gigantesque brasier autour de Fort McMurray, une ville de 80 000 habitants située à 435 kilomètres d’Edmonton.
Au Québec, Yves Bergeron, professeur en écologie forestière à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue et à l’Université du Québec à Montréal, a indiqué en entrevue avec La Presse Canadienne que le printemps chaud et sec dans cette région a favorisé la propagation du feu, qui devient «très difficile à contrôler à cette période-ci de l’année» parce que la végétation est encore peu développée.
«Ce n’est pas un problème écologique. Est-ce que c’est lié aux changements climatiques? C’est difficile à dire. On sait qu’il risque d’y avoir plus de feux avec les changements climatiques, mais il y en a déjà beaucoup dans cette partie-là du monde, donc ça fait peut-être partie de la variabilité naturelle et que les changements climatiques n’ont pas à être pris en cause de façon particulière dans ce cas-là», avance le professeur Bergeron.
La forêt pourra néanmoins se régénérer, souligne le scientifique.
«En général, les arbres sont assez bien adaptés, la végétation est assez bien adaptée aux feux de forêt. La plupart des organismes vont soit avoir des graines qui vont permettre à la forêt de revenir, ou bien ils vont tout simplement survivre; dans les racines, les rhizomes des arbres vont survivre», explique le professeur Bergeron.
Il concède que cela pose un problème plus sérieux lorsque les incendies surviennent ainsi tôt au printemps. «Le feu va passer très rapidement; il ne brûlera pas beaucoup la matière organique. Donc, la germination des arbres pourrait se faire de façon beaucoup plus difficile qu’avec des feux qui arrivent plus tard en saison où, là, la matière organique est gorgée d’eau et où on va avoir un brûlage plus en profondeur du sol. Les feux printaniers ne sont pas de très bons feux, dans le sens où la régénération n’est pas aussi bonne», explique M. Bergeron.