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Trudeau s'excuse d'avoir bousculé une députée

OTTAWA – Les travaux parlementaires ont viré à la foire d’empoigne, mercredi, à la Chambre des communes, alors que Justin Trudeau a involontairement heurté une députée dans sa tentative d’aller en agripper un autre.

Les choses ont tourné au vinaigre alors que les élus s’apprêtaient à voter sur une motion du gouvernement pour imposer une limite de temps sur le débat concernant le projet de loi sur l’aide médicale à mourir.

Lorsqu’il a constaté que le whip conservateur était pris derrière un groupe de députés dans le coin de la pièce où se trouvent les banquettes du Nouveau Parti démocratique (NPD), le premier ministre Trudeau a traversé la Chambre d’un pas énergique.

Selon la députée néo-démocrate Tracey Ramsey, il aurait alors enjoint les élus à débarrasser du chemin («Get the fuck out of the way»).

La députée néo-démocrate Ruth Ellen Brosseau était dans le chemin.

Sur les images tournées pendant l’incident, on constate qu’elle a été bousculée.

L’incident a provoqué la furie du chef néo-démocrate Thomas Mulcair, qui s’est retrouvé nez à nez avec le premier ministre. Des députés se sont interposés entre les deux hommes, vraisemblablement pour éviter un affrontement physique.

Lorsqu’elle a pris la parole en Chambre, après avoir temporairement quitté pour se remettre de ses émotions, Mme Brosseau a livré sa version des faits.

«Le premier ministre m’a donné un coup de coude dans la poitrine, et j’ai dû quitter. Cela m’a vraiment secouée (…) J’ai raté le vote pour cette raison», a expliqué l’élue québécoise avant avant de se rasseoir, semblant encore sous le choc.

M. Trudeau a présenté ses excuses «sans réserve» à la députée du NPD, assurant que le contact physique avait été involontaire, mais sans contredit «inacceptable».

Comme Ruth Ellen Brosseau n’a pu enregistrer son vote, il pourrait y avoir eu atteinte à son privilège parlementaire, a reconnu le président de la Chambre, Geoff Regan.

L’affaire pourrait se retrouver devant le comité permanent de la procédure de la Chambre des communes, où le premier ministre pourrait être appelé à témoigner.

Le premier ministre Trudeau a quitté le parlement sans répondre aux questions des journalistes, peu après 19 h. «On va avoir le temps pour s’en parler, j’en suis certain», s’est-il contenté de laisser tomber en se dirigeant vers la sortie.

Son leader du gouvernement en Chambre, Dominic LeBlanc, semblait pour sa part avoir convoqué une rencontre au sommet.

Le whip Andrew Leslie et quelques ministres, dont celle de la Condition féminine, Patty Hajdu, se sont engouffrés dans son bureau de l’édifice du Centre peu après le départ de Justin Trudeau. Aucun n’a offert de commentaires.

La ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Judy Foote, avait auparavant offert une brève réaction sur ce qui venait de se jouer en Chambre.

«Il faut garder en tête que parfois, les émotions sont à fleur de peau, mais je pense qu’au moment où l’on se parle, il faut accepter les excuses du premier ministre», a-t-elle offert.

Cet acte de contrition ne suffit pas, a tranché le député conservateur Peter Van Loan, dépositaire de la motion qui pourrait envoyer l’affaire devant un comité.

«Aujourd’hui, j’ai été témoin d’un exemple éloquent d’intimidation physique donné par nul autre que le premier ministre de ce pays. Je l’ai vu traverser l’allée, la colère dans ses yeux et son visage», s’est-il indigné.

Le député Van Loan a servi de sévères remontrances à Justin Trudeau pour avoir «malmené» le whip du Parti conservateur, Gord Brown, en lui agrippant le bras pour l’entraîner vers l’avant de a Chambre.

Il a été impossible de savoir comment ou pourquoi le whip conservateur s’est retrouvé dans cette posture — sur les images de l’incident, on voir M. Brown tenter de se frayer un chemin à travers une ligne de députés néo-démocrates.

Au NPD, on jure qu’on n’a pas cherché à mettre le feu aux poudres en tentant de lui barrer la route, alors que la tension entre les libéraux et les partis de l’opposition est particulièrement vive.

Cet incident a par ailleurs retardé le cheminement du projet de loi C-14 sur l’aide médicale à mourir, que le gouvernement souhaitait faire adopter jeudi afin de pouvoir l’envoyer au Sénat.

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