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Poëti croyait que Couillard serait informé

QUÉBEC – L’ex-ministre Robert Poëti croyait que Philippe Couillard serait avisé de ses inquiétudes quand il a discuté avec son directeur de cabinet d’irrégularités au ministère des Transports.

M. Poëti a affirmé mardi, dans une conférence de presse, qu’il avait transmis à Jean-Louis Dufresne une lettre exposant les irrégularités constatées par une analyste qu’il avait choisie, un document dont disposait déjà, depuis fin avril, l’actuel ministre des Transports Jacques Daoust.

«J’avais déjà écrit un document pour permettre à mon collègue, à travers l’ensemble des activités, de pouvoir prendre connaissance de l’information et j’ai remis au chef de cabinet du premier ministre exactement la même copie de lettre, a-t-il dit. Et je sais que, lorsque je remets dans les mains du chef de cabinet du premier ministre, que le premier ministre va être avisé.»

M. Poëti ne s’est pas prononcé sur l’absence de communication de ces informations à M. Couillard, dont il a attribué la responsabilité à M. Dufresne et son personnel.

«À quel moment ils le disent, ça leur appartient, parce que je pense qu’il y avait sûrement des vérifications, c’est important l’information qui a été donnée», a-t-il dit.

La semaine dernière, M. Couillard a déclaré qu’il n’avait jamais été informé des échanges de M. Poëti avec M. Dufresne avant la diffusion d’un reportage qui a mené au départ de la sous-ministre des Transports, Dominique Savoie.

M. Daoust a déclaré mardi qu’il attendrait le rapport de la vérificatrice générale, mandatée officiellement cette semaine, pour décider si les allégations d’irrégularités dans l’octroi de contrats ont mené au renvoi de deux cadres, dont Mme Savoie, nécessitent des changements dans la gestion du ministère.

«Les résultats de la recherche faite par le vérificateur général nous diront si ces choses-là étaient fondées ou ne l’étaient pas, a-t-il dit. Pour le moment, on a une enquête.»

Par ailleurs, le président du Conseil du trésor, Carlos Leitao, a affirmé que le poste d’inspecteur général, dont la création a été annoncée la semaine dernière par M. Couillard, pourrait avoir un autre nom.

M. Leitao a expliqué que l’Autorité des marchés publics (AMP), une instance dont le gouvernement avait annoncé la création l’automne dernier, jouera le rôle du Bureau d’inspecteur général (BIG) annoncé la semaine dernière par M. Couillard.

«Je ne vais pas vous dire exactement comment il va s’appeler, mais il va y avoir un organisme à l’intérieur de l’Autorité des marchés publics qui va avoir ses pouvoirs de vérification et d’enquête», a-t-il dit.

M. Leitao s’est engagé à déposer d’ici l’ajournement estival le projet de loi qui doit créer l’AMP.

«Ce projet de loi confiera à l’Autorité des marchés publics des pouvoirs particuliers similaires à ceux d’un inspecteur général», a-t-il dit.

La semaine dernière, les libéraux avaient déjà enjoint la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc, à devancer ses travaux prévus au MTQ.

M. Leitao a formalisé mardi les souhaits déjà exprimés précédemment afin de voir plus clair dans les constats de l’analyste indépendante Annie Trudel, choisie par M. Poëti.

La semaine dernière, le MTQ a été plongé dans la tourmente après des révélations du magazine L’Actualité. Des contrats de gré à gré auraient été accordés à d’anciens employés et des vérificateurs internes auraient fait l’objet d’intimidation.

Outre Mme Savoie, le directeur de cabinet de M. Daoust, Pierre Ouellet, a été renvoyé. Il a été remplacé par Pascal D’Astous.

Le gouvernement a également transmis à l’Unité permanente anticorruption les renseignements colligés par Mme Trudel, qui a démissionné de ses fonctions au MTQ le mois dernier, constatant que son travail était entravé.

M. Poëti, qui a été ministre des Transports jusqu’au dernier remaniement de février, souhaitait poursuivre son ménage dans le ministère.

En Chambre, la porte-parole péquiste du dossier des transports, Martine Ouellet, a réclamé, en vain, l’appui des libéraux pour qu’une commission parlementaire fasse la lumière sur la communication interne entourant ce dossier.

«Il était assez troublant d’entendre la semaine passée que Jean-Louis Dufresne, ami et chef de cabinet du premier ministre, Robert Iglesias, ami et secrétaire général du Conseil exécutif, étaient au courant des irrégularités concernant les contrats au MTQ, mais ont tous deux tenu leur ami et premier ministre dans l’ignorance», a-t-elle dit.

La Coalition avenir Québec a réclamé le renvoi de la fonction publique de Mme Savoie, qui continue à toucher son salaire malgré sa démotion du MTQ.

«Dans l’entreprise privée, elle aurait été congédiée, a dit le député Éric Caire. Ici, elle va toucher son plein salaire, puis va croupir sur une tablette.»

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