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Dépassements de coûts: Ciment McInnis se défend

La porte-parole libérale en immigration, Dominique Anglade Photo: Archives Métro

QUÉBEC – L’entreprise Ciment McInnis s’est défendue, mercredi, d’avoir accumulé des dépassements de coûts jugés «énormes» par la ministre de l’Économie Dominique Anglade, pour la construction d’une usine en Gaspésie.

La directrice des communications Maryse Tremblay a déclaré que ces hausses, pour le projet de cimenterie à Port-Daniel, se situent sous le chiffre de 440 millions $ avancé par Mme Anglade mercredi.

«De notre côté, ce n’est pas notre chiffre, c’est moins, a-t-elle dit. (…) De notre côté, ce n’est pas l’information que j’ai et je ne veux pas rentrer dans les détails.»

Ciment McInnis, qui refuse de donner le montant des dépassements de coûts du projet évalué au départ à 1,1 milliard $, soutient que l’achat d’équipement plus performant pour ses terminaux maritimes est la principale source des nouvelles dépenses.

Une intensification des horaires de travail, pour respecter l’échéancier, ainsi qu’une sous-estimation des coûts des mesures de protection environnementale complètent le portrait de ces nouveaux frais, a indiqué la porte-parole.

«Le dépassement de coûts, si on l’entend par la partie sous-estimation, elle n’est pas énorme du tout», a-t-elle dit dans une entrevue téléphonique.

Le projet de cimenterie est appuyé par 450 millions $ de fonds publics provenant d’Investissement Québec (IQ) et de la Caisse de dépôt et placement du Québec, deux sociétés d’État.

Mercredi, Mme Anglade a affirmé que le gouvernement était au courant depuis fin mai de la situation financière difficile du projet de l’entreprise, dont l’État québécois est actionnaire.

«C’est énorme et quand je vous dis ça, je ne peux pas vous dire qu’on était content de regarder ces chiffres, a-t-elle déclaré. C’est pour ça qu’on s’est assis très rapidement avec l’entreprise pour dire: il va falloir qu’on regarde comment le gouvernement va faire ses investissements.»

Selon la ministre, des experts ont été appelés à la rescousse afin de combler les lacunes qui ont mené à «des sous-estimations importantes au niveau de l’ingénierie des projets».

«Avec 440 millions $ de dépassements de coûts, je pense que c’était le temps de rentrer des experts», a-t-elle dit.

Mme Tremblay a affirmé que Ciment McInnis avait choisi de ne pas dévoiler le montant des dépassements de coûts en raison du caractère privé du projet.

Selon la porte-parole, le conseil d’administration de l’entreprise, où IQ et la Caisse sont représentés, savait que la décision de recourir à une nouvelle technologie pour les terminaux de la cimenterie, prise au printemps, allait hausser les coûts.

«On a fait des choix, il y a des investisseurs autour de la table à qui on a mentionné tout ce qui se passait au fur et à mesure, a-t-elle dit. Il n’y a pas de surprise pour personne.»

Mme Anglade, qui demeure optimiste quant à la rentabilité du projet, a cependant indiqué mercredi que le gouvernement n’injectera pas de capitaux supplémentaires.

Selon la ministre, la faiblesse du dollar canadien, couplée à la reprise de la construction aux États-Unis, assurent la situation de la cimenterie, dont la construction, achevée à 75 pour cent, doit se terminer d’ici la fin de l’année.

«En termes de rentabilité, il y a des experts qui sont arrivés sur le terrain, au niveau de l’évaluation des projets, pour pouvoir donner une vision claire de l’ensemble de la situation», a-t-elle dit.

Le directeur des relations médias de la Caisse de dépôt, Maxime Chagnon, a affirmé que l’institution examinait la possibilité d’augmenter sa participation financière dans le projet, qui est de plus de 80 millions $ en ce moment.

«On est au début des discussions, ça se peut qu’on ne mette rien en fin de compte, a-t-il dit. On a des discussions en ce sens-là et si on le fait, ce sera à nos conditions.»

M. Chagnon a estimé que l’achat de nouveaux équipements maritimes avait gonflé les coûts de 100 millions $, ce qui augmente toutefois la valeur des actifs.

«La capacité des terminaux a été augmentée, de l’équipement aussi, avec des choix technologiques qui vont faire que c’est meilleur», a-t-il dit.

La cadence des travaux a été accélérée également afin que l’installation puisse profiter de la reprise dans la construction prévue au printemps 2017, ce qui généré des coûts de 150 millions $.

À cela s’ajoute une sous-estimation des coûts du projet, qui se situe plutôt autour de 70 millions $, a indiqué M. Chagnon.

«Par rapport au coût initial de 1,1 milliard $, ça pourrait coûter de 400 à 450 millions $ de plus, mais ça pourrait être moins, a-t-il dit. C’est une estimation.»

M. Chagnon a affirmé que ces informations, publiées pour la première fois mercredi dans un reportage du quotidien «The Globe and Mail», étaient restées confidentielles pour des raisons stratégiques.

«Notre job, c’était de protéger l’investissement, le projet et tout», a-t-il indiqué.

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