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Agnes Obel: Refléter la lumière

Photo: Collaboration spéciale

Agnes Obel devient complètement transparente sur son nouvel album Citizen of Glass, une œuvre de miroirs et de chimères à la fois familière et étrangère.

C’est un peu le chaînon manquant entre Beach House et Joanna Newsom. Depuis son illustre Philharmonics en 2010 et Aventine trois ans plus tard, Agnes Obel dépeint des contrées magiques et cinématographiques peuplées d’images et d’émotions qui évoquent les rêves paradisiaques. Cette sensation de béatitude dans la solitude est toujours au rendez-vous sur son dernier disque, qui est transcendé d’un concept globalisateur.

«J’habite Berlin et j’ai découvert le gläserner bürger, cette idée que les humains sont faits de verre lorsqu’ils perdent leur intimité, explique en entrevue la chaleureuse chanteuse danoise. C’est quelque chose de poétique et de pur qui m’a immédiatement parlé, parce que j’ai parfois l’impression d’être faite de verre.»

Ce sentiment de transparence se répercute à tous les niveaux sur cet opus où le piano, les violons et le violoncelle côtoient cette fois le clavecin, le célesta et des claviers aux sonorités plus électroniques. Un peu comme si Björk faisait une valse avec Érik Satie. «Il y avait un désir de trouver de nouveaux instruments et des sons différents pour me rapprocher de ce que j’imaginais dans ma tête», avoue l’interprète.

Cet univers délicat qui s’articule toujours autour de mélodies simples demeure sans cesse sophistiqué, ne lésinant en aucun moment sur la douceur, l’élégance et la mélancolie. Les paroles riches de sens enivrent et réconfortent allègrement, touchant des sommets sur une pièce comme It’s Happening Again pour se lover à jamais dans l’inconscient.

«Je travaille beaucoup avec mon imagination et ma curiosité, qui sont mes principales motivations, éclaire la grande admiratrice du cinéma d’Ingmar Bergman pour tenter d’expliquer son processus de création. Si elles ne sont pas sollicitées, rien ne pourra être fait. Je tombe d’abord amoureuse d’une mélodie ou d’un son et j’utilise ce sentiment pour fabriquer mes chansons.»

«Quand j’avais 17 ans, j’ai vu un type enregistrer son propre album et ça m’a marquée. Je voulais que ça m’arrive. Je sens que je suis encore sous ce charme aujourd’hui. Créer mon propre univers, mon petit film avec des sons, c’est quelque chose qui donne un sens à ma vie et c’est une merveilleuse expérience.» – Agnes Obel, chanteuse

Choisir sa voix
Une des particularités de Citizen of Glass: Agnes Obel module son chant, se prenant presque pour Antony sur la pièce Familiar. «Je voulais un album où je pouvais chanter avec plusieurs voix, confie l’artiste. J’ai l’impression qu’on possède plusieurs voix, plusieurs identités selon le contexte où on se trouve. Familiar parle d’un fantôme et je voulais lui trouver une voix distincte, autre que le uuuuhhhh qui ne fonctionnait pas! Au fil de mes essais, une voix d’homme est apparue et c’était vraiment cool! C’est une immense sensation de découvrir qu’on n’est pas pris avec notre voix initiale.»

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