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American Pastoral: Recommencer à zéro

AP_D29_11307.ARW Photo: Richard Foreman, Jr. SMPSP

L’actrice oscarisée Jennifer Connelly parle de la complexité de son nouveau film, American Pastoral.

Voilà des années que Jennifer Connelly devait jouer dans American Pastoral, adapté du roman de Philip Roth paru en 1997 et gagnant du Pulitzer. Le projet a finalement vu le jour, et Connelly y joue Dawn, une ancienne concurrente de concours de beauté qui a épousé The Swede (Ewan McGregor, aussi réalisateur du film). Ils semblent mener une vie parfaite, jusqu’à ce qu’en 1968, leur fille adolescente, Merry (Dakota Fanning), soit si courroucée par la guerre du Vietnam qu’elle devient activiste et fait exploser un édifice, tuant un homme. Elle disparaît alors, et tandis que The Swede cherche sans relâche sa fille, Dawn accepte qu’elle ne revienne jamais.

L’actrice de 45 ans nous parle de la complexité du livre de Roth et de la compassion qu’elle a trouvée pour jouer un personnage difficile.

Le livre, comme le film, a de l’empathie pour les gens qui prennent une décision qui peut sembler mauvaise.
Je pense que le film parle de jugement. Nous le comprenons dans la narration à la fin du film: Nathan [le narrateur, joué par David Strathairn] dit qu’on comprend mal les gens. Les gens prennent des décisions au sujet de Dawn parce qu’elle a participé à des concours de beauté, et à cause de son apparence. Elle essaie de comprendre son propre but dans la vie, de trouver sa valeur, sa place dans le monde. Elle trouve cela dans sa relation avec son mari et avec sa fille. Alors, c’est particulièrement tragique quand sa fille la rejette.

C’est intéressant que Dawn et The Swede ne soient pas pro-guerre, mais aient plutôt des idées progressistes.
[Rires] Oui, c’est vrai. Leurs idées politiques sont en phase avec celles de leur fille. Et Merry n’a pas tort sur le fait qu’il y a beaucoup d’injustice et que, pour que certains réussissent dans un monde capitaliste, d’autres doivent forcément être exploités.

«On ne sait jamais ce qui va marquer nos enfants. On doit simplement essayer de leur inculquer le meilleur et de les outiller grâce à une bonne éducation, de l’amour et de la communication.» – Jennifer Connelly, qui joue la mère d’une jeune activiste dans American Pastoral

Dans la seconde partie du film, Dawn, contrairement à son mari, décide d’accepter que Merry ne revienne pas. Elle se fait remonter le visage et devient presque une «Stepford Wife». En tant qu’actrice qui la joue, comment avez-vous justifié ses décisions?
Quand sa fille fait comprendre très clairement qu’elle ne veut plus rien avoir à faire avec ses parents, Dawn le sent. Elle l’internalise. Elle attend plusieurs années avant de pouvoir ressentir jusque dans ses os la certitude qu’elle ne reviendra pas. Et cette certitude la détruit. Son chagrin la détruit. Elle doit recommencer à zéro, écrire une nouvelle trame narrative pour sa vie, pour survivre. C’est très triste. Mais elle regarde vers l’avenir, alors que The Swede a les yeux tournés vers le passé. Je pense qu’elle a le cœur brisé qu’il ne veuille pas aller dans la même direction qu’elle. De son point de vue, elle ne veut pas le quitter, c’est lui qui ne veut pas être avec elle dans le présent. Il est coincé dans un fantasme. Quand elle dit «Quand vas-tu renoncer à elle?», c’est de la souffrance. Pour moi, c’est une expression de douleur et de tristesse causée aussi par son mari.

D’un extrême à l’autre

Dakota Fanning American Pastoral.

Dakota Fanning a 22 ans et, oui, elle joue encore les adolescentes. Mais son rôle dans American Pastoral est de ceux que seul quelqu’un comme elle peut jouer : à la fois naïf et très mature.

Si je ne m’abuse, c’est le rôle le plus abrasif que vous ayez tenu à l’écran.
Je le pense aussi, oui. [Rires] C’était assez libérateur, en fait. D’un côté, c’était difficile, parce qu’elle passe d’un extrême à l’autre : de silencieuse à bruyante, de calme à très fâchée. C’était un défi que de rendre ces transitions naturelles et pas artificielles.

Ce personnage est plein de contradictions, ce qu’on n’aime pas beaucoup. On aime les gens simples et compréhensibles.
On essaie d’éviter les contradictions, mais elles existent! On ne peut rien y faire! Je dois toujours me porter à la défense de Merry, parce qu’elle fait quelque chose qui ne se défend pas. Je crois que cette histoire veut briser le rêve américain, savoir s’il est possible à réaliser. Merry fait cela, pour le meilleur et pour le pire. Le film est en chantier depuis longtemps, c’est une coïncidence qu’il sorte maintenant, alors qu’on expérimente actuellement quelque chose de semblable dans le monde.

En salle dès vendredi

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