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Angry Inuk: Changer les perceptions

Photo: Alethea Arnaquq-Baril/Office national du film du Canada

La cinéaste Alethea Arnaquq-Baril cherche à modifier les mentalités autour de la chasse aux phoques dans son documentaire Angry Inuk.

L’image du blanchon désemparé entouré de chasseurs est tenace dans l’imaginaire collectif, tout comme celle des revendications de Brigitte Bardot. «C’est un défi d’effacer ces symboles», admet l’artiste inuite Alethea Arnaquq-Baril, jointe pendant un festival de cinéma au Yukon.

Elle y arrive pourtant par l’entremise du long métrage Angry Inuk (Inuk en colère). Au sein de magnifiques paysages arctiques et au cours d’hypnotisantes randonnées en motoneige, la réalisatrice du Nunavut offre la parole à une population qui a absolument besoin de ce commerce de fourrures afin d’assurer sa subsistance dans des endroits reculés où le coût de la vie est disproportionné. Une construction dramatique simple et efficace pour un sujet doté de ramifications historiques parfois complexes.

Si la metteure en scène avoue au cours du documentaire qu’elle a grandi en se disant que la faim et la pauvreté étaient des choses normales, son désir de se dresser face à l’adversité force l’admiration. Un besoin de reconnaissance qui prend la forme d’un combat inégal et qui s’effectue à la fois contre d’influentes compagnies comme Humane Society et des perceptions qui sont toujours présentes. Le dernier exemple de la liste étant celui de la chanteuse gutturale Tanya Tagaq, qui a vu son compte Facebook suspendu après avoir publié une photo représentant un manteau en peau de phoque.

Alethea Arnaquq-Baril Agry Inuk

«Je devais aborder le film avec espoir, parce que je n’avais aucun autre choix. En Arctique, la seule option économique viable est celle liée à la chasse aux phoques. C’est une question de survie pour nous.» – Alethea Arnaquq-Baril, réalisatrice dont le documentaire Angry Inuk est porté par un désir lumineux de résistance.

«Heureusement, ça commence à changer, maintient Alethea Arnaquq-Baril, en mentionnant l’apport des campagnes sealfie exercées sur les médias sociaux depuis quelques années. Lorsque je présente mon film, c’est incroyable le nombre de personnes végétariennes et végétaliennes qui viennent me voir pour me donner leur appui. Elles ne changent pas d’idées à propos de leurs convictions, mais elles nous soutiennent dans notre désir d’avoir une industrie qui est nécessaire pour plein de gens.»

Montrer ce qu’on mange

Angry Inuk est ponctué de quelques scènes graphiques où on voit des phoques morts être préparés pour des repas. Des moments qui rappellent qu’ils font partie de la chaîne alimentaire de certains carnivores, au même titre que des boeufs, des chevaux et des moutons.

«On a eu des discussions dans mon équipe sur ce qu’on devrait montrer et sur le sang qui peut être lié à ça, se rappelle la cinéaste Alethea Arnaquq-Baril. Je voulais confronter les gens, mais c’était extrêmement important de montrer ces détails pour ne rien laisser à l’imagination, qui est parfois pire.»

Et le goût du phoque dans tout ça? Un mélange entre la longe de porc, les fruits de mer et le steak, s’il faut en croire la réalisatrice. «C’est très goûteux et bien tendre!»

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