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War Machine: «Nous montrons la folie de la guerre»

War Machine Photo: François Duhamel/Netflix

War Machine est un film produit par la société Plan B, fondée par Brad Bitt, qui tient aussi le premier rôle. Le réalisateur David Michôd et le producteur Jeremy Kleiner ont confié à Métro leurs craintes et leur perception à propos des conflits armés menés par les États-Unis.

War Machine (Machine de guerre), qui vient d’être lancé sur Netflix, montre ce qui a conduit les États-Unis à s’engager dans des guerres qui se déroulent de l’autre côté du globe. Brad Pitt y interprète le général Glen McMahon, un patriote obsédé par l’idée de libérer et de «civiliser» l’Afghanistan. Avec son humour sombrement acide et une bonne dose de cruauté, ce film illustre les idées et les politiques absurdes qui gravitent autour d’une guerre qui a survécu à trois administrations du gouvernement américain.

Le film relate les faits en s’alliant aux soldats et en se tournant contre les groupes au pouvoir, dont la figure principale est un chef ultra-confiant qui se dirige droit vers la folie. Un des éléments fondamentaux de l’histoire est la fine interprétation, offerte par Brad Pitt, de ce général charismatique qui arrive en Afghanistan pour diriger les forces de l’OTAN à la manière d’une star du rock… jusqu’à ce qu’il se fasse démonter par un scandale mis au jour par des journalistes. War Machine tourne tous les regards vers un thème omniprésent: la dette de la société envers les soldats, qui atterrissent aux premières lignes de ces conflits motivés par des intentions discutables.

Votre film est tiré d’un livre…
Jeremy Kleiner: À sa publication, The Operators a reçu de très bonnes critiques. Écrit par Michael Hastings, décédé dans un accident de voiture en 2013, c’est un livre à la fois très drôle et très honnête sur le sujet tragique de la guerre.

Le ton du film n’est pas entièrement satirique, mais il ne s’agit pas d’une œuvre politique…
David Michôd: Ça faisait quelques années que je songeais à faire un film sur un des «théâtres» des guerres américaines, que ce soit l’Irak ou l’Afghanistan, mais je ne trouvais pas la bonne histoire et j’avais toujours la crainte de ne pas en trouver une qui reflète la tristesse et la brutalité de ces conflits. Ce qui m’a frappé dans The Operators, c’était le potentiel qui s’y trouvait pour de la comédie, pour pouvoir rire de cette absurdité qu’est la guerre. L’histoire des États-Unis a plus à voir avec les tirades de pouvoir des sphères supérieures de l’armée qu’avec la tristesse et la brutalité que les gens, militaires ou civils, vivent sur le terrain. Et ce que j’ai vraiment aimé, c’était la possibilité de faire un film où ces deux réalités pouvaient coexister.

«C’est un film qui parle de l’ambition et de la vanité masculines.» – David Michôd, réalisateur de War Machine

Comment définiriez-vous une «War Machine»?
D. M.:
Quand j’ai terminé le livre The Operators, j’ai tout de suite vu que ce film porterait sur le système militaire en entier : sur les échelons supérieurs de la milice, de la diplomatie, des conseillers en sécurité, des médias et des commandants intermédiaires en passant par les soldats qui, finalement, sont ceux qui finissent par se battre dans cette guerre. Je savais que ça ne serait pas une histoire sur deux combattants ou même sur un général. En anglais, on utilise cette expression pour désigner toute l’institution militaire.

J. K.: Le film montre que plusieurs personnes jouent des rôles différents: il y a les généraux, leur entourage, les autres pays qui fournissent les troupes et toutes ces âmes qui peuvent être des personnes merveilleuses avec de très bonnes intentions et qui, si vous le leur demandiez, vous décriraient ce qu’elles souhaitent pour l’avenir de l’humanité, et vous seriez sûrement d’accord avec elles. Et pourtant, il y a ce système, cette machine ou cette manière dont les choses se passent, que nous ne pouvons pas briser. Chaque année, il semble qu’il y ait des opérations menées pour atteindre un but qui n’est jamais atteint et, malgré tout, le cycle se reproduit sans cesse. Et c’est cette grande question que nous posons : pourquoi ne pouvons-nous pas briser ce système?

À quel type de réaction vous attendez-vous de la part du public américain?
J. K.: Le film est fait pour que les gens éprouvent du respect et de l’inquiétude pour les combattants, qui n’ont d’autre choix que de suivre les ordres qu’on leur donne. Et nous pensons qu’une partie de ce respect consiste à poser des questions gênantes, par exemple celle-ci: comment est-il possible que les plus belles années de leurs vies se passent comme ça? Ce film n’a pas peur de le dire et, d’après mon expérience, quand on croit en ce qu’on fait, le public répond avec la même conviction.

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