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Les perles du Polaris

Leonard Cohen
Leonard Cohen Photo: Jemal Countess/Getty Images

Pour un artiste canadien, faire partie de la longue liste du Polaris, c’est comme… dire «Noël» serait trop banal. D’ailleurs, les 40 qui ont appris hier qu’ils y figurent vous confirmeraient assurément que c’est encore mieux.

Depuis 2006, le Prix Polaris fait rayonner le meilleur de la musique canadienne. Le processus? Tout au long de l’année, 
201 jurés spécialisés de partout au pays discutent en ligne de leurs coups de cœur. Puis, ils votent pour établir la longue liste des 40 albums qui seront en compétition. Ils revotent ensuite pour établir une courte liste 
de 10 titres, de laquelle un 
album sortira gagnant. Hier, l’étape 2 a été franchie, et quatre dizaines d’albums ont été choisis.

On a joint Steve Jordan, fondateur et directeur exécutif de cette distinguée récompense, pour avoir ses impressions sur les choix de l’année. Boîte vocale. Re-boîte vocale. A-t-il fui le bureau pour éviter de répondre aux possibles critiques ou commentaires sur la sélection? «Oh bien sûr que non! s’esclaffe-t-il. Ça ne me dérange pas du tout! J’adooore ça…»

Pourtant, chaque année, il y a au moins une mini- «controverse» (on insiste sur les guillemets) qui «secoue» (re-guillemets) le Polaris. Pas assez indie, trop indie, pas assez de francophones, trop de Justin Bieber. Est-ce qu’il vous arrive d’être un petit peu… fatigué?
Oh non! Non! Non! Pas du tout! Si les gens se plaignent, c’est parce que ça leur tient à cœur. S’ils cessaient de se plaindre, c’est là que nous aurions, selon moi, un problème.

Pour l’instant, êtes-vous satisfait des plaintes reçues après le dévoilement?
En fait, je ne dis pas qu’elles n’existent pas. Mais jusqu’ici, je n’en ai pas entendu! Vous savez, la partie douloureuse, c’est de voir des albums vraiment géniaux ne pas se retrouver sur la longue liste. Des albums qui n’ont pas été retenus parce qu’il leur manquait quelques voix. C’est triste. Mais il faut arrêter quelque part. On arrête à 40. Cela dit, pour satisfaire les curieux, en août dernier, on a sorti une «encore plus longue liste». Elle s’adresse aux gens qui souhaitent découvrir de nouveaux artistes, fouiller, aller plus en profondeur.

Et vous êtes fier de ce qui a été retenu cette année?
J’aime dire que sortir la longue liste, c’est comme avoir une trâlée d’enfants chaque année. Reste que cette cuvée me semble bien équilibrée. Et excitante sur plusieurs plans. Nous avons presque le quart des artistes francophones, et près de la moitié se trouvent nommés pour la première fois. Nous avons aussi un album où on entend de l’espagnol [La Papessa, de Lido Pimienta]. Il y a des noms que tout le monde connaît et qui attirent l’attention, comme Drake, Feist, les Tragically Hip, Leonard Cohen.

Justement, à propos de Leonard Cohen, êtes-vous honoré qu’il ait été choisi?
Oh man! N’importe quelle association avec quelqu’un de ce statut est une bénédiction.

Le but est bien sûr de voter pour les meilleurs albums. Mais avez-vous l’impression qu’il arrive aux jurés de préférer d’abord et avant tout les artistes «de chez eux»?
Je crois que les deux choses peuvent cohabiter : les meilleurs disques issus de l’endroit d’origine de la personne qui vote. Le but c’est de faire découvrir les «artistes de son quartier» au pays entier. Cela dit, lorsqu’un juré soumet son vote, il doit réellement être sûr que, dans 10 ans, il ne sera pas gêné des noms qu’il aura choisis. (Rires)

Une bonne leçon à suivre: «Ne votez pour personne pour qui vous serez gêné d’avoir voté dans 10 ans.»
Oui! ! (Rires) Mais je ne pense pas que quelqu’un le fasse, honnêtement! Après tout, on ne peut choisir que cinq albums. C’est crève-cœur! Tout le monde consacre beaucoup d’efforts à sa sélection.

Avez-vous eu des surprises cette année?
Je compte les votes, donc rien n’est réellement une surprise, mais assurément, voir tous ces nouveaux artistes est vraiment excitant. Pour sûr! C’est comme si une nouvelle génération de talents débarquait soudainement.

Comme chaque fois, la scène montréalaise, francophone comme anglophone, est super bien représentée. On y trouve notamment Philippe B, Geoffroy, Leif Vollebekk, Alaclair Ensemble, Chocolat, Klô Pelgag, Antoine Corriveau, Marie Davidson, Le Couleur… La métropole demeure-t-elle, selon vous, un joueur majeur de l’industrie de la musique canadienne?
Ah! Montréal continue de défier toute forme de description ou d’attente! Il y a toujours des nouveautés qui en sortent. C’est dément de voir à quel point Montréal ne cesse de produire des trucs vraiment excitants!

La courte liste du Polaris, qui compte 10 albums, sera présentée le 13 juillet.
Le gagnant, lui, sera annoncé le 18 septembre.
Pour découvrir tous les disques de la longue liste :
http://polarismusicprize.ca/2017-long-list/

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