Soutenez

Surfer sur la grâce: les succès d’un petit frère

Photo: Collaboration spéciale

Le documentaire Surfer sur la grâce, de David B. Ricard, plonge au cœur de l’intimité de deux frères.

«J’avais besoin de me rapprocher de l’introspection, de travailler à partir d’une émotion qui était assez forte en moi, confie le cinéaste québécois, qui en est à son premier long métrage. J’ai trouvé de l’envie dans les réussites de mon petit frère.»

Son frangin Louis, champion de slalom en skate, ne pouvait être plus différent de lui. Afin d’ouvrir un dialogue, David s’est servi de sa caméra et il a mené ce projet pendant six ans, recourant à une campagne de sociofinancement pour que le film voie le jour.

«J’avoue qu’au départ, il a fallu que je le convainque en intégrant la partie sportive, se rappelle le réalisateur. Si ça avait juste été du personnel ou de l’intime, il n’aurait pas été à l’aise… J’avais besoin d’aller dans le monde de Louis pour le comprendre. Pour moi, cet univers, c’est un peu l’Autre.»

«Les entrevues que je faisais avec mon frère pouvaient durer jusqu’à trois heures! Il y avait toujours un moment où on oubliait la caméra, et où on s’offrait complètement à la discussion» – David B. Ricard, réalisateur de Surfer sur la grâce, au sujet de la nécessité de tourner encore et encore afin de saisir le réel

Le metteur en scène est parvenu à travestir le documentaire sportif traditionnel en flirtant avec le cinéma expérimental, gracieuseté d’un travail organique sur l’image et le son.

Mais c’est vers l’essai qu’il s’est surtout tourné, privilégiant l’entrevue, les journaux intimes (vidéos) et les archives révélatrices. David B. Ricard est un amateur des œuvres au «Je» de Robert Morin, d’Alain Cavalier et d’André Gide, et c’est justement ce rapport direct à l’autre qui lui permet de devenir le véritable protagoniste de l’ouvrage.

Un être dont l’empreinte et le bagage personnel ressortent bien malgré lui. «Je ne le savais pas en le faisant, mais j’utilisais beaucoup l’approche socratique : le dialogue avec les pairs, essayer de définir certains concepts ensemble, etc., relève le documentariste. Il y a beaucoup de résonance qui venait de mes années d’étude en philosophie.»

Thérapie familiale


Œuvre éminemment personnelle, Surfer sur la grâce permet à deux frangins de mieux se connaître et de se comprendre au détour du sport et de l’art. «Le film était à la limite thérapeutique pour moi, admet le cinéaste David B. Ricard. J’ai commencé à utiliser le cinéma comme un outil pour en apprendre sur moi-même. En filmant des dialogues entre mon frère et moi, je pouvais les revoir. Je pouvais ainsi analyser et comprendre mon attitude face à mon frère. “Ah, OK, ici je ne lui laisse pas de place pour parler et là, je sens qu’il est mal à l’aise.” En retournant faire une autre entrevue, je pouvais aborder la chose différemment. Cela avait un impact sur notre relation et au final, je me suis beaucoup rapproché de mon frère.»

Surfer sur la grâce, présentement en salle

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.