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Fantasia: Mitch Davis, seul en son genre

Photo: Yves Provencher/Métro

Dans le temple des festivals de films de genre, Fantasia trône en roi. Depuis 15 ans, Mitch Davis bosse pour cet événement d’envergure qui célèbre cette année sa 16e édition. En ce premier week-end, le co-directeur du festival et co-directeur de la programmation internationale nous donne le goût d’y passer tous les jours.

Quelle est la plus longue période de temps que vous ayez passé sans regarder un film?
Mon Dieu! Quand je ne travaille pas, je dirais probablement quatre jours, ce qui semble assez ridicule! Mais ce qui est weird, c’est que présentement je suis au courant de tout ce qui se passe sur le plan des films indépendants, étranges et étrangers, mais… je n’ai même pas vu Cosmopolis! J’étais super excité de le voir et, soudain, le film n’était plus à l’affiche! Je ne pensais pas que je verrais le jour où un film de Cronenberg sortirait en salle et que je ne le VERRAIS PAS! C’est un sacrilège!

Ce que vous êtes le plus fier d’avoir accompli durant vos 15 ans au festival?
Il y a tant de choses dont on est fiers! Déjà, quand on a présenté la première canadienne de Pi. C’était la première fois qu’un film d’Aronofsky était présenté au pays! Et puis, je suis fier qu’on ait projeté les films de Miike, quand personne ne savait encore qui c’était! Avant, tout le monde se foutait de ces films, et maintenant, il nous arrive d’avoir des centaines et des centaines de personnes qui attendent en file sous la pluie pendant des heures! Certainement, un de mes meilleurs moments, c’est quand on a accueilli Ken Russell il y a deux ans. On a joué The Devils, un de mes films préférés de tous les temps. C’était majeur. Il est mort un an plus tard et ç’a été dévastateur, mais il faut dire qu’il était un homme fragile. Il fut une époque où il était un réalisateur A-List, au sommet de son art. Il a changé la vie de tant de cinéastes et influencé tellement de gens, mais dans les 15 dernières années de sa vie, il est presque devenu persona non grata; l’industrie l’a ignoré. Nous, on a voulu l’inviter et faire de lui un Mick Jagger.

Vous-même êtes un peu une rockstar de la scène indie… quand vous parlez d’un film, tout le monde vous écoute et capote.
Ouain… C’est très touchant et assez étrange. Parce que, encore une fois, je fais un travail très onaniste où je parle toujours au même petit groupe de personnes. C’est toujours bizarre pour moi, en période de festival, de sortir de mon silence et d’être soudain extroverti et super social! (Rires)

Vous avez vu tant de films d’horreur… Qu’est-ce qui vous fout encore la trouille?
Oh! Les gens! La nature humaine! Les politiciens! Les gouvernements en général!

Avez-vous souvenir d’une projection qui a totalement dérapé?
Il y en a eu quelques-unes! Pendant I Spit on Your Grave [de Steven R. Monroe], un gars s’est évanoui. On a seulement eu quelques personnes qui se sont évanouies dans toute l’histoire de Fantasia. On les appelle des «falling ovations» [des ovations couchées, en traduction libre]. Mais le plus drôle, c’est que, les fois où c’est arrivé, c’était toujours des mecs! Bref, pendant I Spit…, un type a perdu connaissance et s’est cogné la tête contre les escaliers – il y avait du sang partout, la sécurité est arrivée, c’était freakant! Après, pendant le Q&A avec le producteur du film, un gars complètement bourré est monté sur scène pour insulter l’invité. Encore une fois, la sécurité est entrée et le gars a fini par donner un câlin au producteur qui, par ailleurs, m’a appelé Jeff pendant toute la durée du Q&A pour une raison que j’ignore! (Rires)

Qu’est-ce qui manque à Fantasia cette année?
Hmm… Le nouveau Rob Zombie, The Lords of Salem. Définitivement. Et puis John Dies at the End, de Coscarelli, qu’on voulait vraiment, vraiment jouer. Et [REC 3]. C’est le top trois des œuvres qui me font mal au cœur de ne pas avoir. Surtout qu’on a fait la première nord-américaine du premier [REC], alors c’est encore plus scandaleux! Mais que voulez-vous, c’est la vie!

Quel est le commentaire qu’on fait sur votre événement qui vous rend le plus fier?
J’ai aimé qu’on nous appelle «le Sundance des films de genre». Aussi, Quentin Tarantino nous a qualifiés de «festival de films de genre le plus prestigieux en Amérique du Nord». On compare aussi l’expérience d’une projection chez nous à un concert rock. C’est toujours émouvant, surtout lorsqu’on sait qu’on est un festival qui se tient avec de la gomme à mâcher, de la soie dentaire et du duct tape!

Et le commentaire qui vous enrage le plus?
En fait, depuis que j’ai six ans, j’ai toujours trippé sur les films d’horreur. Mais quand les gens disent que Fantasia est un festival gore, je dis OK, ça l’est, mais c’est aussi un festival de slapstick, d’erotica, de documentaires, de films indés. Donc, ça m’énerve quand les gens disent ça. Et puis, ceux qui disent que le festival dure trop longtemps. Trop longtemps? Ça me rend fou.

Fantasia
Jusqu’au 9 août

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