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Radius: plaisirs en tous genres

Photo: Thomas Fricke

Un homme se réveille amnésique après un accident d’auto. Alors qu’il cherche de l’aide dans le village le plus proche, il ne découvre que des cadavres. Bienvenue dans l’univers tordu de Radius.

Ce deuxième long métrage des Québécois Caroline Labrèche et Steeve Léonard met en vedette Diego Klattenhoff, bien connu des amateurs de la série Homeland pour son rôle de Mike Faber. Il y interprète Liam, l’homme par qui la mort arrive. Car tous ceux qu’il approche dans un rayon de 50 pi semblent trépasser instantanément, par sa faute. Tous sauf Jane (Charlotte Sullivan), elle aussi amnésique… Ensemble, ils essaieront de trouver la source du mal, mais aussi la nature du lien qui les unit.

«C’est un sci-fi thriller. Ou peut-être un thriller sci-fi?» se questionne en riant Steeve Léonard. C’est un drame qui repose sur un concept de science-fiction. On a toujours voulu mélanger les styles. C’est quelque chose qui est de plus en plus commun et populaire dans le cinéma de genre.»

Après presque une décennie de travail, les deux cinéastes, qui ont remporté le prix du public au festival Fantasia pour la comédie Sans Dessein, en 2009, voient enfin leur bébé prendre l’affiche au grand écran. (Avis aux amateurs de belles histoires : Caroline et Steeve sont en couple depuis 21 ans et travaillent ensemble derrière la caméra depuis 10 ans.)

Changement de producteur, nombreuses réécritures, refus de financement de la SODEC –les obstacles ont été nombreux pour Radius, auquel ses auteurs cogitaient depuis 2006.

Après avoir obtenu un financement de Téléfilm Canada, le film a été tourné en anglais au Manitoba, mais avec une équipe presque entièrement québécoise.

«Les institutions ne diront jamais ouvertement : “On n’aime pas ça, les films de genre”, mais c’est tout comme. Je ne sais pas pourquoi c’est encore un problème, s’interroge Steeve Léonard. Au moins, il semble y avoir une ouverture plus grande depuis quelque temps.»

«Téléfilm a saisi immédiatement ce qu’était le film, qu’il y avait un potentiel d’exportation, que ça allait rayonner à l’extérieur du Québec. C’est peut-être plus difficile à la SODEC. Il y a des pas à faire… renchérit Caroline Labrèche. Pourtant, il y a eu Turbo Kid, Les affamés, de Robin Aubert, maintenant Radius… Le cinéma de genre a toujours fait partie de la culture populaire. On ne fait pas que commencer à l’explorer, ç’a toujours été là. On doit seulement ouvrir les portes.»

Pourtant, le Québec a l’expertise nécessaire pour produire tous les types de cinéma, et Radius en est la preuve. Le film a notamment pu compter sur le groupe RKSS (Anouk Whissell, Yoann-Karl Whissell et François Simard), le trio derrière le succès de Turbo Kid, à titre de producteur exécutif.

Sylvain Bellemare, récipiendaire d’un Oscar l’an dernier pour Arrival de Denis Villeneuve, est responsable du montage sonore, tandis que Benoît Charest, qui s’est aussi rendu aux Academy Awards avec Les Triplettes de Belleville, s’occupe de la trame sonore.

«On est reconnu au Québec pour nos artisans et nos techniciens, on a du bon monde!» résume Caroline Labrèche.

«De plus en plus de gens développent leur talent en travaillant sur des films de genre, en faisant du gore ou des effets spéciaux, ajoute Steeve Léonard. Si on a, à Montréal, des boîtes capables de travailler sur Game of Thrones, on a toute l’expertise nécessaire. Tout ce qui manque, c’est l’argent.»
Radius est donc non seulement un exemple de ce que peuvent accomplir ses créateurs, mais aussi une carte de visite pour l’avenir.

«On veut que ça nous conduise à un autre film, on veut avancer plus loin, comme Sans Dessein nous a permis de le faire, indique Caroline Labrèche. On a maintenant un manager à Los Angeles.»

«On veut toujours que le plus de gens possible le voient, que le film trouve son public, mais on veut aussi qu’il nous fasse rayonner, assure Steeve Léonard. Ainsi, ce sera plus facile la prochaine fois qu’on sera à la recherche de financement. Parce que nous avons produit un film exportable, nous serons plus aptes à demander de l’argent. C’est triste, mais c’est comme ça. Grâce à Radius, on pourra dire : “Faites-nous confiance!”»

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