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Livres : des nouvelles tordues de Saint-Henri

Photo: Collaboration spéciale

Avec Malgré tout on rit à Saint-Henri, un recueil de nouvelles où évolue une myriade de personnages à la fois drôles, touchants et névrosés, le jeune trentenaire Daniel Grenier fait une entrée remarquée à Bouquinville, PQ.

Comment en vient-on à se dire un jour : «Tiens, et si j’écrivais un recueil de nouvelles avec Saint-Henri comme toile de fond?»
L’écriture du livre s’est échelonnée sur plusieurs années, mais c’est au moment de la «réécriture» que Saint-Henri s’est tranquillement imposé comme thème d’ensemble, pour relier les textes et les faire habiter dans un même espace. Saint-Henri, dans le recueil, c’est à la fois un lieu réel, public, qui appartient à tout le monde, auquel j’ai eu envie de rendre hommage, et mon petit espace imaginaire, personnel, qui m’inspire les histoires délirantes qui constituent le livre.

Votre leitmotiv, l’idée de base qui guidait votre écriture?
Je dirais que le motif premier du livre, c’est de mettre en scène un mélange bien dosé entre la réalité du quotidien et des considérations plus grandes, comme des angoisses existentielles profondes, par l’humour et l’autodérision. Et aussi, d’amener le lecteur là où il ne s’y attend pas, en créant des situations tordues au possible.

Vous utilisez beaucoup le vernaculaire, le joual. Avez-vous craint au départ que ce souci d’authenticité vous éloigne d’une partie du lectorat, voire de l’universalité?
Pour moi, c’est super important d’écrire dans la langue que j’entends autour de moi et que j’utilise tous les jours, mais pas simplement pour l’imiter ou la reproduire. L’idée, c’est de jouer sur tous les registres pour qu’ils se côtoient de façon harmonieuse et pertinente. Jusqu’à présent, j’ai reçu des commentaires très positifs de lecteurs de tous les horizons qui semblent trouver leur compte, soit du côté plus intello, formel, soit du côté plus humoristique, et je pense que c’est en grande partie grâce à la façon dont le vernaculaire et le langage parlé sont traités dans le livre.

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Les personnages, plutôt névrosés, qui peuplent votre recueil, les avez-vous tous croisés?
Non, bien sûr que non! En fait, la plupart des personnages du recueil viennent de moi, d’une partie de moi, ou d’un des traits de ma personnalité que je m’amuse à grossir pour en faire quelque chose de communicatif ou de simplement comique. Certains personnages féminins, beaucoup plus matures, vous l’aurez peut-être remarqué, moins obsessifs, moins caricaturaux, m’ont été inspirés par des gens qui m’entourent et que j’ai allègrement vampirisés.

Depuis une dizaine d’années, plusieurs promoteurs tentent de transformer Saint-Henri en nouveau Plateau. Croyez-vous qu’ils y sont parvenus?
Une chose est sûre, c’est que le processus va bon train! Les nouveaux blocs poussent à vue d’œil et les commerces changent le long des artères commerciales, comme la rue Notre-Dame Ouest. Je ne sais pas si Saint-Henri deviendra le nouveau Plateau, mais c’est certain que le quartier n’est plus celui de Bonheur d’occasion depuis longtemps. Florentine Lacasse porterait probablement des lunettes de hipster et boirait de la Pabst dans le parc Sir George-Étienne-Cartier si elle vivait aujourd’hui. Tiens, ça ferait une nouvelle intéressante, ça…

Malgré tout on rit à Saint-Henri
Aux éditions Le Quartanier
Présentement en librairie

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