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Agathe Bonitzer est la prisonnière du désert

Photo: Collaboration spéciale

Le cinéaste Frédéric Videau donne froid dans le dos avec À moi seule, un film qui se déroule sur fond de kidnapping et de relations tendues entre la victime et son bourreau.

Huit ans volés. C’est ce que doit Vincent (Reda Kateb) à Gaëlle (Agathe Bonitzer) pour lui avoir dérobé son adolescence. Séquestrée à l’âge de 10 ans, la jeune fille a dû partager son quotidien avec son agresseur, qui l’a enfermée dans la prison de sa maison. Un désert d’attentes et de rêves brisés jusqu’à sa libération. Mais même à l’extérieur, la nouvelle femme ne peut s’empêcher de penser aux affres de son passé…

Ce récit aurait pu être inspiré d’une histoire vraie. Heureusement, il n’en est rien. Il est plutôt issu de l’imaginaire fécond de son créateur. «Je n’ai pas eu besoin de me documenter, a expliqué Frédéric Videau en entrevue lors de son passage à Montréal. Je savais que j’avais tous les éléments pour raconter mon histoire. Mon scénario était très, très précis… J’ai essayé, alternativement, d’adopter le point de vue de Gaëlle et de Vincent.»

C’est d’ailleurs ce qui frappe d’emblée, ce qui étonne et ce qui peut rendre mal à l’aise. Gaëlle pourrait parfois prendre la poudre d’escampette, mais elle n’ose pas. Elle va jusqu’à s’excuser après s’être emportée violemment contre Vincent. «Cette fille veut tellement vivre, et lui, il veut tellement qu’elle soit bien, qu’aussi paradoxal que cela puisse paraître, ils ont une vie presque normale, note le metteur en scène. Elle réagit en adolescente par moments, et c’est ça que j’ai voulu rendre. C’est une relation hors norme, et pourtant, autant que faire se peut, il y a des choses de la vie de tous les jours qui arrivent.»

Plusieurs parleront du syndrome de Stockholm. Sauf que ce phénomène survient pendant des prises d’otages, pas des enlèvements, précise celui qui a réalisé par le passé Variété française.

«Ce que je voulais trouver, c’est la vérité de l’histoire. Je voulais parler d’une force de vie qui est extraordinaire. De la capacité qu’a cette très jeune fille et jeune femme à survivre à ce qu’elle a enduré. À résister à son ravisseur et à s’en sortir aussi entière que possible.»

Instinct animal
À moi seule n’aurait sans doute pas eu le même impact sans la présence d’Agathe Bonitzer, qu’on a pu voir plus tôt cette année dans Une bouteille à la mer. La fille du cinéaste Pascal Bonitzer a beaucoup d’expérience de tournage et elle s’est donnée corps et âme à ce projet.

«Disons que j’ai trouvé mon actrice, avoue le réalisateur et scénariste Frédéric Videau en souriant. Il y a un truc assez animal entre elle et moi. On se parlait avec nos regards. Agathe, c’est quelqu’un qui est capable d’aller chercher en elle les ressorts d’un personnage. Elle n’a pas besoin qu’on la guide là-dessus. C’est une actrice d’instinct, qui a une écoute d’elle-même très, très forte.»

À moi seule
En salle dès vendredi

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