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Skate Kitchen: Rouler vers la liberté

Photo: Métropole films

La planche à roulettes devient source d’émancipation féminine dans l’éblouissant film Skate Kitchen de Crystal Moselle.

C’est dans les stations de métro qu’on fait souvent des rencontres marquantes. Ce fut le cas pour la réalisatrice Crystal Moselle, qui utilisait quotidiennement ce moyen de transport pour se déplacer à New York. C’est là qu’elle est tombée sous le charme d’un groupe de jeunes skateboardeuses.

«Je leur ai parlé tout de suite, ç’a été très instinctif, se rappelle en entrevue téléphonique la cinéaste américaine. Ç’a cliqué, j’étais inspirée et je me suis mise à les suivre partout.»

Cette amitié aussi soudaine qu’inattendue a donné That One Day, un court métrage issu de la série Miu Miu Women’s Tales – Agnès Varda et Naomi Kawase en ont réalisé un épisode par le passé – qui a fait sensation au Festival de Venise en 2016.

Cela a surtout entraîné la création de Skate Kitchen, une communauté de skateurs qui ont rapidement envahi le monde de la mode et de la publicité en s’attaquant aux stéréotypes machistes véhiculés par ce sport et ce style de vie.

«J’aime cet âge de transformation où tu n’es plus un enfant, mais où tu n’es pas un adulte non plus. C’est le moment où tu peux explorer, essayer des choses pour la première fois et que tout peut arriver.» -Crystal Moselle

Un phénomène était né. Consciente du fait que tout n’avait pas été dit sur le sujet, Crystal Moselle a décidé de s’y replonger avec ce long métrage, créant un véritable hybride entre la fiction et le documentaire.

«Au départ, ça devait être un documentaire, explique celle qui s’est fait connaître en 2015 avec The Wolfpack, un docu incroyable sur une autre fascinante bande de marginaux. Mais on a réfléchi, on a discuté. C’était important pour moi de collaborer avec les filles. Un documentaire, c’est vraiment une autre façon de penser, d’agir, de construire. Là, on a privilégié la camaraderie, on a cherché à créer la narration la plus authentique possible.»

Difficile en effet d’être plus juste que ce récit, qui fait l’effet d’une brise rafraîchissante. Se déroulant pendant les vacances estivales, le film suit une adolescente solitaire (Camille, interprétée par Rachelle Vinberg) qui se fait de nouveaux amis. À la fois naturalistes et impressionnistes, les séquences de planche à roulettes hypnotisent, étant bercées par cette douce lumière de la Grosse Pomme.

Puis, il y a ces nombreux personnages attachants, joués par des actrices non professionnelles, qui détonnent par leur énergie brute, leur langage cru, leur grande sensibilité, et qui tentent de faire leur place dans un monde dominé par les hommes.

«C’était l’occasion d’aborder des sujets universels qui affectent de nombreuses personnes, confie la metteuse en scène trentenaire. Déjà, dans le métro, au tout début, on parlait de nos expériences de harcèlement sexuel, de la difficulté de grandir dans ce monde et de se trouver. Plusieurs jeunes femmes pourront facilement s’identifier à ça.»

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