Soutenez

Chroniques d’un cœur vintage: Dans les mots d’Émilie Bibeau

Photo: Josie Desmarais/métro

Fille d’un prof de littérature et elle-même ex-étudiante dans ce domaine, la comédienne Émilie Bibeau nage dans les mots depuis sa tendre enfance. Avec sa première pièce en solo Chroniques d’un cœur vintage, elle partage dans ses mots le réconfort que lui procure ceux des autres.

«La meilleure façon que j’ai trouvé de résumer ma pièce, c’est qu’on suit le parcours d’une jeune femme… qui est moi! (Rires) Qui a des fois un peu de misère à se sentir appartenir à son époque et qui trouve refuge dans les mots des autres», décrit la comédienne, rencontrée dans une salle de répétition du théâtre La Licorne.

Ce spectacle solo mis en scène par sa bonne amie Sophie Cadieux est une adaptation de la série de chroniques d’autofiction qu’Émilie Bibeau a rédigées pour l’émission Plus on est de fous, plus on lit! à laquelle elle collabore sur ICI Radio-Canada Première.

«Tout ça est arrivé un peu par hasard», relate-t-elle. En entendant ses chroniques à la radio, des proches de la comédienne, notamment l’acteur François Papineau, lui ont suggéré d’en faire un spectacle solo.

De fil en aiguille, cinq chroniques ont été assemblées en un spectacle solo d’une heure et des poussières, qui aborde les thèmes de «l’amour, de l’espoir et de la solitude avec beaucoup d’humour», décrit sa conceptrice.

Dans une de ses chroniques, Émilie Bibeau parle du mois de novembre et de «sa lumière de marde». Dans un autre passage, elle interroge «la pertinence de faire la file dehors pour un déjeuner pas bon, pis des fruits décevants sur l’avenue Mont-Royal». Le tout en s’adressant à elle-même au «tu».

«Un cœur vintage, c’est un cœur d’une autre époque, un cœur hypersensible et nostalgique. Mais ce n’est pas du tout une façon de condamner l’époque actuelle.» – Émilie Bibeau

«C’est de l’autodérision, complètement, commente-t-elle. Des fois, je me vois avoir des comportements clichés. Je m’en moque, pas dans le but d’être méchante envers moi-même ou les autres, mais vraiment dans le but d’en rire. J’essaie dans la vie d’être dans un mode de générosité, d’ouverture et d’humour face à moi-même. C’est important de pouvoir désamorcer et de rire de soi, parce que sinon… ça ne serait pas drôle, la vie!»

La comédienne cite aussi divers auteurs et penseurs, dont le philosophe roumain «sombre et sceptique» Emil Cioran. «À une époque, j’ai eu un chum un peu dépressif qui avait été vraiment réconforté par ce philosophe. En allant le lire, j’ai trouvé ça tellement drôle tellement c’est down! Il y a quelque chose de consolant dans ces penseurs pessimistes», dit-elle.

Dans son solo, les mots de Cioran, mais aussi ceux de Gustave Flaubert, de Julian Barnes et d’autres auteurs célèbres côtoient sur le même pied d’égalité ceux de son entourage, qu’elle surnomme sa tribu.

Comment trouve-t-elle réconfort dans leurs mots? «J’ai vraiment des amis de qualité! lance-t-elle en riant. Je crois beaucoup en l’autre, en fait. Je pense beaucoup qu’on existe par les autres; l’être humain est une petite bête sociale. Le point de vue des autres me complète. Je suis fatigante, je cite toujours une phrase d’Albert Jacquard: “Je suis les liens que je tisse aux autres.” Cette phrase m’a marquée. On existe en communauté, dans des groupes. C’est la base de tout.»

Ainsi, se révéler seule sur scène a quelque chose d’«impudique» pour la comédienne. «Ce n’était pas mon rêve, de jouer seule», explique celle qui se décrit comme une «fille de gang». D’autant plus qu’elle aborde des sujets très personnels. «Il y a du stock inventé, mais il y a aussi beaucoup de choses tirées de ma vie personnelle. J’ai vraiment l’impression de me commettre», dit-elle.

Après 16 ans à se glisser dans la peau de divers personnages au théâtre, à la télévision et au cinéma, Émilie Bibeau avait envie de «se mettre en danger», de faire «un projet qui [lui] appartienne», et ce, en se libérant des contraintes liées à son métier.

La liberté est d’ailleurs un des aspects de la radio qui la séduit. «Comme comédiens, ça nous libère de notre casting, avance-t-elle. À la radio, c’est la parole qui prime, c’est une zone où ça me fait du bien d’être relâchée. Et c’est un médium très stimulant, qui donne des tribunes à des gens qui n’en auraient pas autrement.»

En plus de sa participation à Plus on est de fous…, qui reprend cet automne, Émilie Bibeau sera «collaboratrice régulière» à La soirée est (encore) jeune, a-t-elle pu révéler, sans pouvoir en dire davantage.

La comédienne sera également une des porte-parole des Journées de la culture à la fin du mois, dont le thème est, tiens tiens, «les mots». «Ça adonne tellement bien avec mon spectacle, s’enthousiasme-t-elle. C’est un thème très rassembleur.»

Info
Chroniques d’un cœur vintage (Les mots des autres)
Jusqu’au 21 septembre
à La Petite Licorne

 

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.