Soutenez

Les poings de la fierté, un documentaire choc

«Ce sont des petits gars très allumés…» dit la réalisatrice Hélène Choquette au sujet des jeunes qui témoignent dans son film. Photo: hélène choquette

Dans Les poings de la fierté, Hélène Choquette dépeint le quotidien de garçons birmans. Des jeunes qui s’entrainent à la dure dans un camp de boxe thaï à la frontière de la Birmanie en vue d’un combat annuel.

Dans Les poings de la fierté, Hélène Choquette (Les réfugiés de la planète bleue), adopte une approche intimiste. Sans rudesse, elle nous plonge dans la réalité pourtant ardue de petits garçons birmans qui accomplissent leurs rêves sur le ring. «C’est le film dont je suis le plus fière; ma plus belle expérience de tournage», confie-t-elle. Elle nous parle avec émotion de cette expérience «extrêmement prenante».

On imagine que le milieu n’était pas forcément propice à la confession. Avez-vous travaillé longtemps pour gagner la confiance des intervenants?
Ça s’est fait petit à petit. J’ai passé un mois dans le gym en recherche, puis je suis revenue au Québec et je suis repartie cinq mois plus tard. Pendant les cinq mois où je n’ai pas vu les enfants et les coachs, je dédommageais l’interprète sur place pour assurer un suivi, donner des nouvelles. La confiance s’est donc gagnée sur six mois.

Vous recueillez des témoignages extrêmement émouvants, comme celui de ce grand garçon birman qui se met à pleurer quand il raconte avoir commencé la boxe pour se payer l’école…
Ça, c’est arrivé le premier jour de tournage! Le caméraman n’était pas encore arrivé, c’est moi qui tenais la caméra. J’avais rencontré ce garçon lorsque je faisais mes recherches. Je lui ai dit que je voulais faire un film sur les enfants birmans en Thaïlande plutôt que sur la boxe. J’ai tout de suite senti qu’il avait des choses à dire. Quand je suis arrivée, on aurait dit que ça faisait cinq mois qu’il attendait ça! La caméra est partie et, 15 minutes plus tard, il pleurait! Vous savez, les Birmans sont des gens très enjoués, ils rigolent beaucoup, mais ils sont aussi très émotifs.

Vous dites qu’au départ vous vouliez vraiment faire un film sur les enfants birmans. Qu’est-ce qui vous a amenée vers la boxe?
Au départ, on s’intéressait au phénomène des Birmans illégaux qui sont entraînés avec les moyens du bord et qui se battent une fois par année contre les Thaïs, qui eux, sont entrainés dans des gymnases beaucoup mieux équipés. On voulait donc faire un film qui parle de l’exploitation des enfants birmans. Sauf qu’en passant du temps à la frontière, j’ai découvert qu’il y a des écoles pour les illégaux, une clinique, des spécialistes du droit des enfants qui s’occupent d’eux… Et j’ai compris que, finalement, les conditions de vie des enfants dans les gyms ne sont pas si mal que ça en comparaison avec ce que vivent d’autres enfants d’illégaux.

Vous plongez ici dans un milieu très masculin. Était-ce difficile pour vous de vous introduire dans cet univers?
Je crois que le fait d’être une fille m’a beaucoup aidée en recherche, car je n’étais absolument pas identifiée comme quelqu’un qui voulait faire de la boxe ou rivaliser avec eux. Je n’ai jamais prétendu connaître la boxe, j’étais très candide dans tout ça, donc les coachs se sont pris d’affection pour moi. Pour ce qui est des enfants qui vivent loin de leur mère, j’étais plutôt une figure maternelle.

La boxe, on le sait, est un sujet très cinématographique, et les scènes de combat sont très, très belles. Est-ce que ce sont des moments où vous vous êtes fait plaisir en tant que réalisatrice ou, au contraire, était-ce difficile de filmer des jeunes
en train de se battre?

Les combats, je les ai vus en montage et je vous avoue que j’ai même confié la mission aux monteurs, parce que je trouvais ça vraiment dur de voir des petits garçons à qui je m’étais attachée se faire frapper assez rudement.

Les poings de la fierté
En salle vendredi

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.