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Kirikou, un film qui fait du bien

Kirikou et les hommes et les femmes est le troisième volet de la série, qui comprend aussi Kirikou et la sorcière et Kirikou et les bêtes sauvages. Photo: Remstar

La nouvelle aventure de Kirikou arrive sur les écrans. Métro s’est entretenu avec son réalisateur, Michel Ocelot.

Qu’est-ce qui vous a motivé à réaliser un nouveau Kirikou?

Au départ, je n’avais aucune intention de faire une suite à Kirikou, de surfer sur un succès. Ce nouveau Kirikou, comme le précédent, est lié à une demande du public adulte et enfant. Au début, j’ai résisté. Mais quand des gens me disent : «Vous nous avez fait du bien, s’il vous plaît continuez», je cède. Il a quand même fallu plusieurs années pour me faire dire oui.

Pourquoi ne pas avoir choisi de conter une seule histoire?

Faire une suite à l’histoire fondatrice est impossible, car on y voit toute la vie de Kirikou. À la fin, il est jeune homme et marié. Or, le Kirikou qui m’a touché et a touché le public, c’est celui qui est tout petit, tout nu. Je ne pouvais donc que revenir sur son enfance.

Dans cette histoire, vous vous attaquez au racisme…

Oui, mais je n’avais pas envie de sortir de l’Afrique, de ramener les vieilles malédictions de l’esclavage et du colonialisme. J’ai donc posé le problème avec un enfant touareg. J’ai fait une présentation naturelle du racisme. C’est réaliste, pas du tout utopique.

La transmission de valeurs est-elle indissociable de Kirikou?

Transmettre des choses est indissociable de l’humanité; c’est ce qui nous distingue des animaux. Si on n’a rien à transmettre, l’œuvre n’est pas intéressante. Je veux absolument communiquer les valeurs de décontraction, d’amabilité et de dignité.

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Même si Kirikou court très vite, ce film est un peu un éloge de la lenteur. Vous, trouvez-que nous allons trop vite?

Ça dépend. Par exemple, je me déplace en roller, car j’aime me rendre vite là où je dois aller. Mais je déteste les vidéoclips, car on n’a pas le temps d’en jouir. On a à peine le temps de voir un joli plan qu’il est déjà coupé. J’aime aussi prendre le temps de penser, de converser. On me dit souvent que mes films apaisent les enfants et j’aime bien leur apporter la paix.

Pourquoi êtes-vous passé au numérique?

Les distributeurs et une partie des exploitants ont demandé du relief; je n’avais pas vraiment le choix, même si j’ai l’impression que le public ne court pas après. Quant au numérique, j’avais déjà sauté le pas pour Azur et Asmar. C’était très confortable. Pour Kirikou, c’est pareil. Grâce au numérique, tous ces beaux personnages peuvent bouger dans tous les sens en restant impeccables. Certains effets spéciaux, comme la pluie de pétales dans l’histoire de la griotte, ne sont possibles qu’avec l’aide de l’ordinateur. On peut tout faire en dessin, mais cela prend beaucoup plus de temps si on veut faire aussi bien.

Vous n’aviez pas peur que la 3D dénature l’univers de Kirikou?

Non, car je me suis méfié. J’ai conservé l’image un peu peinture naïve et l’aspect dessin aux traits et au colorié plats. Pour les décors, ça reste un peu découpage de papier et ça a du charme comme ça. On sent qu’il y a du volume, mais cela ne s’impose pas. Tout de même, avec cette technique, les seins de Karaba deviennent magnifiques.

Est-ce que vous ferez un quatrième épisode?

Pour l’instant, je n’y pense pas mais, si on me demande, je ne pourrai pas refuser.

Kirikou et les hommes et les femmes
En salle vendredi

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