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Un Bye Bye sur la bonne note

Marc-André Lemieux - Métro

Louis Morissette a mis les téléspectateurs en garde avant le générique de ferme­­ture: «Pour toute question ou commentaire, veuillez vous adresser à notre chef scripteur, Georges St-Pierre!»

Notre petit doigt nous dit que Radio-Canada ne recevra pas un déluge de courriels de bêtises à la suite de la diffusion du Bye Bye 2010, comme ce fut le cas il y a deux ans. L’avertissement de Morissette y sera sûrement pour quelque chose. Qui a envie de se mettre à dos le champion de l’UFC? Mais la qualité nettement supérieure de l’émission y jouera pour beaucoup.

Sauf exceptions, ce Bye Bye ne nous a pas fait rire à gorge déployée. N’empêche, cha­que sketch comportait assez de blagues futées et de belles surpri­ses pour nous divertir. Et quand les textes n’étaient pas à la hauteur, on s’amusait à essayer de deviner quel comédien se cachait derrière chaque maquillage. Est-ce Véro qui est déguisée en Pauline Marois? Hélène Bourgeois-Leclerc imite-t-elle Anik Jean? Michel Courtemanche fait-il Maman Dion? Et sous la soutane de Mgr Ouellet, est-ce Joël Legendre ou Louis Morissette?

Les auteurs du Bye Bye 2010 ont conservé l’humour corrosif et caustique qui en avait choqué plusieurs en 2008, mais cette fois-ci, le ton était beaucoup moins agressif. Fini, les moments de pur malaise qui donnent juste envie de grimacer. On a préféré instaurér une ambiance festive, beaucoup plus à propos.

À l’image des 12 derniers mois que la Belle Province vient de traverser, les sujets politiques ont accaparé les ondes. Parmi les meilleurs coups, citons On a échangé nos maires, une parodie de la téléréalité On a échangé nos mères, dans laquelle Gérald Tremblay et Régis Labeaume inversaient leurs rôles, et Le dîner de cons – Version G8, où les leaders de la planète s’en donnaient à cÅ“ur joie aux dépens de Stephen Harper.

Quant au sketch sur la commission Bastarache, on a perdu le fil au moment où le juge a demandé à Jean Charest (impeccablement joué par Louis Morissette) de dévoiler la vérité parmi ses trois affirmations. Pourquoi aller chercher un concept tiré d’un vieux quiz télé?

En ce qui concerne les numéros musicaux, la palme revient à l’inventive relecture du tube C’est moi de Marie-Mai, pour parler du possible rapatriement des Nordiques à Québec. Qui va payer pour le nouveau Colisée? «C’est toi ha ha!» chantait Hélène Bourgeois-Leclerc en s’adressant aux contribuables.

Les émissions de TVA ont été nombreuses à goûter à la médecine de Morissette, à commencer par la série de Chantal Lacroix, Rencontres paranormales, ridiculisée d’entrée de jeu. Julie Snyder en a aussi pris pour son rhume en raison de son entrevue avec Céline Dion, personnifiée par un Joël Legendre en grande forme vocale.

Comme d’habitude, Véronique Cloutier semblait prendre son pied sous les traits de l’ex-démone à qui René Angélil aurait «vendu l’exclusivité de l’amitié de Céline pour trois ans». «J’ai hâte que PKP la mette en lock-out!» s’est exclamée la chanteuse, en clin d’Å“il au conflit qui perdure entre le syndicat et la direction du Journal de Montréal.

V n’a pas été épargné, avec Dubois en promotion, un pastiche réussi du flop monumental Dubois en réalité. Véro a une fois de plus fait preuve d’un timing comique exemplaire dans son interprétation de Crystal, la jeune conjointe du chanteur qui ne s’inquiète pas pour sa «crédébilité».

Quant à la SRC, les émissions Les enfants de la télé (rebaptisée Les restants de la télé) et On prend toujours un train sont tour à tour passées au tordeur. Rien que pour entendre Anne-Marie Losique parler du menu de sa chaîne érotique à Josélito Michaud, le Bye Bye 2010 valait le détour. Comment résister à une station qui propose des titres obscènes comme Décore ta vulve, Deux billes le matin et Un godemiché le soir?

Côté déceptions, citons le retour de Rogatien/Véro et de son Taxi 0-22. Alors qu’au gala des Gémeaux, le numéro fait toujours un effet bÅ“uf, ce week-end au Bye Bye, il n’a jamais levé, et ce, en dépit de la présence de deux invités-surprises sur la banquette arrière du véhicule, l’as du poker Jonathan Duhamel et la patineuse artistique Joannie Rochette. Le mordant manquait à
l’appel. L’extrait a toutefois produit l’une des répliques les plus mémorables de l’émission, lorsque le coloré chauffeur s’adresse à la médaillée olympique: «Au nombre de fois où Stephen Harper nous a fait honte à l’international, toi, tu nous représentes comme une championne.»

Un moment touchant et coup de poing juste avant le décompte – effectué en studio devant public – auquel ont participé plusieurs personnalités marquantes de 2010, dont Guy Lafleur, Robert Lepage, Yannick Nézet-Séguin et Dany Laferrière.

On se donne rendez-vous le 31 décembre 2011?

Le Bye Bye en bref

  • Le mot-clé: pugnacité. Dans la peau de Xavier Dolan, Joël
    Legendre a employé ce terme une bonne dizaine de fois. Et pour ceux qui
    l’ignoraient, «pugnacité» signifie «combativité» selon Le Petit
    Larousse.
  • L’imitation la plus réussie: Hélène Bourgeois-Leclerc en
    Anne-Marie Losique. Du rire aigu à l’accent simili français, en passant
    par la poitrine et les lèvres gonflées, la comédienne a offert une
    caricature fort réussie de la (déjà) très caricaturale productrice.
    Mentions spéciales au Kevin Parent de Louis Moris­sette et au Nicolas
    Sarkozy de Michel Courtemanche.
  • Le moment pas rapport: Le vrai Marc Hervieux, affublé d’une
    jupe de paille hawaïenne, poussant la note sur Waka Waka de Shakira. De
    kossé?
  • Nombre de jokes de pets: 2
  • Nombre de jokes de pets de trop: 2
  • Le pire moment musical: Il s’appelait Joël (une parodie de Il
    s’appelait Serge des Trois Accords). On aurait dit une infopub sur un
    livre de recettes dont on a déjà trop parlé.
  • Le meilleur invité surprise: Michel Daigle, alias Nounou dans
    Lance et crampe – L’acharnement. Une parodie réussie d’une saga qui
    refuse de mourir.

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