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L'Imposture: filles à louer

Les squatteurs, les paysans et maintenant les prostituées : Ève Lamont donne la parole aux gens qui ne peuvent la prendre. Dans son dernier documentaire, L’imposture, elle met à nu le plus vieux métier du monde, tentant de briser quelques mythes tenaces. «Il n’y a aucune fille qui se prostitue de plein gré», lance rapidement la cinéaste, balayant du revers de la main les idées d’émancipation, de liberté sexuelle et d’argent facile à gagner pour payer ses études.  contraire, la détresse, la pauvreté, l’enfance difficile et la dépendance à la drogue sont certains des thèmes qui ressortent de ce film qui a nécessité quatre ans de recherches et dans lequel où de nombreuses femmes de région et de milieux sociaux différents témoignent, parfois à visage caché.

«Je passais des nuits debout à consommer pour oublier ce que je vivais, raconte Cindy, interrogée en novembre dernier alors que le long métrage était présenté aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal. J’étais rendue maigre comme un cure-dent et je me demandais ce que j’allais laisser à ma fille en héritage. C’est pour ça que j’ai participé au film. Je veux montrer aux autres personnes que, oui, on peut s’en sortir.»

Pour y arriver, un populaire courant de pensée prône la légalisation et la décriminalisation de la prostitution. «Et pourquoi pas l’abolition de la prostitution?» se demande Rose Dufour, anthropologue et chercheuse en santé publique, rappelant fermement que ces moyens n’aident en rien ces filles à sortir de ce cercle vicieux.

D’autres solutions proposées seraient de décriminaliser ces gens qui peuvent être victimes de harcèlement policier et de pénaliser les clients et les proxénètes, tout en développant un programme d’éducation à la population. «Il faut que ça commence dans les écoles, maintient Nancy, une ancienne prostituée qui a décidé de parler. Au lieu de montrer comment mettre un condom sur un pénis en bois, il faudrait s’attaquer au vrai problème.»

Elles se racontent
entrevue. Assisses en rond dans le hall de la Cinémathèque québécoise, quatre femmes sont intarissables d’anecdotes et de réflexions mûries, se relançant consta-mment afin de cerner cette problématique complexe. «Il devrait y avoir plus de politiques sociales pour aider ces femmes à s’en sortir et à regagner leur vie», déclare Ève Lamont. «La SPCA est là pour ramasser les chiens battus», poursuit Nancy, «mais pas les femmes battues», continue Rose, «… et les femmes démolies», complète Cindy.

«Pour moi, la vraie question n’est pas de savoir pourquoi les femmes se prostituent, développe la réalisatrice. Mais pourquoi certains hommes sont autorisés à acheter du sexe. Est-ce normal au 21e siècle qu’ils puissent acheter le corps de femmes et d’enfants comme une marchandise, un instrument de jouissance, comme un simple objet à consommer?» 

L’imposture
En salle dès vendredi

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