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Le festival du Jamais Lu, les pièces courues de demain

Photo: David Ospina

Pour une 12e année, le festival du Jamais Lu propose des mises en lecture de textes qui pourraient bien devenir les pièces courues de demain.

Alors que l’an dernier, le festival du Jamais Lu faisait état dans sa programmation d’une période de revendication, de questionnement et de division, cette année, la ligne directrice qui s’est dégagée des coups de cœur des programmateurs est «Ce qui nous lie». «C’est comme si, instinctivement, les auteurs avaient envie de se tourner les uns vers les autres, de se regarder sous un angle positif et négatif», décrit Geoffrey Gaquère, qui succède à Jean-François Nadeau dans le rôle de codirecteur artistique du festival, aux côtés de sa fondatrice Marcelle Dubois.

Gaquère, qui a lui-même fait partie des premières éditions du Jamais Lu et dont quelques textes ont par la suite vu le jour sur les planches d’un théâtre, a rapidement eu envie de relever le défi. «J’aimais l’idée de jouer avec Marcelle un rôle d’éclaireur, de défricheur d’un théâtre dédié à la nouvelle dramaturgie et à la création. Et il y a un côté très festif au Jamais Lu : tu as ta bière, tu écoutes un texte, tu jases avec les artistes… C’est un lieu de rassemblement autant pour les gens de la relève que pour le public.»

Et comme on peut le constater, les choix des programmateurs sortent des sentiers battus. Geoffrey Gaquère nous parle de trois de ceux-ci.

Ouverture : L’abécédaire des mots en perte de sens
«Ce projet d’Olivier Choinière nous a vraiment allumés. Il s’est rendu compte qu’on enlève beaucoup de pouvoir à la langue et aux mots. On essaie souvent de dire des choses un peu à tort et à travers, surtout à une époque de grande médiatisation où on galvaude les mots. La politique tue le langage. Avec les 26 lettres de l’alphabet, Olivier Choinière convie 26 auteurs (Fanny Britt, Dominic Champagne, Michel-Marc Bouchard…) à donner la définition d’un mot et à le redéfinir, à lui redonner tout son sens, ce qui fait que c’est un projet à la fois artistique, littéraire et politique, parce que c’est un geste politique que de redonner du pouvoir à un mot.»

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Le dénominateur commun
«Ce qui m’a séduit entre autres du rôle de directeur artistique, c’est que j’avais carte blanche pour monter un projet. Ça faisait longtemps que j’avais un petit fantasme de metteur en scène qui serait de réunir des auteurs et de leur demander de rencontrer des personnes qui, tout comme eux, s’intéressent à l’âme humaine, mais développent ça à travers des disciplines qui ne sont pas artistiques : un physicien des particules, un généticien, un psychologue et une théologienne. Les trois auteurs – François Archambault, Emmanuelle Jimenez et Isabelle Leblanc – leur ont posé trois questions : “Qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons-nous?” J’ai fait un collage des textes, qui sera lu par Murielle Dutil, Maxime Gaudette, Julien Poulin et Marie-Hélène Thibault. On parle de la vie et du mystère de l’existence. On peut passer du vide de l’existence de quelqu’un qui est en CHSLD à la poussière d’étoiles, en passant par la vie après la mort.»

Clôture : Le bal littéraire
«Trois auteurs français (Marion Aubert, Rémi De Vos et Pauline Sales) viennent à Montréal s’enfermer pendant 48 heures avec Evelyne de la Chenelière et Simon Boulerice. Ensemble, ils écrivent une dizaine de scènes de théâtre, dont chacune doit se terminer par les premières paroles d’une chanson. À chacune des fins de scène, on lance la toune en question, les gens dansent, et après on se rassoit et on continue à écouter. C’est quelque chose qui marche très fort en France et qui n’avait jamais été fait ici.»

Et tout le reste!
Que ce soit des textes écrits par les élèves d’une école de Villeray et lus par des comédiens professionnels ou un texte «complètement flyé» d’Emmanuel Schwartz et Benoît Drouin-Germain sur le poids de la langue à Montréal, les spectacles sont soigneusement triés sur le volet et, par conséquent, repoussent constamment les limites et valent tous la peine d’être entendus, selon Geoffrey Gaquère. «Ça permet au public d’écouter du théâtre d’une autre façon, parce que ce qui nous parvient en premier, ce sont les mots», conclut-il.

Festival du Jamais Lu
Au Théâtre Aux Écuries
Jusqu’au 10 mai

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