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Nicolas Sirkis: «Indochine est un groupe de miraculés»

Photo: Yves Bottalico

Quatre ans après La république des météors, Indochine revenait il y a quelques mois avec Black City Parade, un album conçu entre Berlin, Tokyo et Bruxelles, dont il offrira ce soir les pièces au Centre Bell. Discussion avec le leader du groupe, Nicolas Sirkis.

Quel a été le déclic pour se remettre au travail?
Cet album a pris beaucoup de temps parce qu’on ne savait pas où on allait. Sur les trois disques précédents, j’avais dans la tête la vision globale. Là, j’ai ressenti le besoin de casser la routine, de partir un peu en vadrouille. De fait, le disque est devenu un défilé de villes pendant 14 mois, même si on ne voulait pas s’éloigner de nos enfants et de notre vie.

Les voyages ont vraiment nourri cet album?
Le plus loin, c’était Tokyo, où j’ai emmené ma fille de 11 ans pour son anniversaire. À ce moment-là, j’avais l’album dans la tête. J’ai vécu des sensations et des émotions qui ont déclenché chez moi des envies d’écrire. Et puis cet album s’est baladé sans nous à New York, où il a été mixé. On peut dire qu’il a été conçu partout, parce que j’ai toujours des valises de livres qui m’inspirent. Ainsi, je peux installer mon univers partout.

Vous abordez l’homophobie dans College Boy. L’actualité ne vous a jamais autant inspiré…
Oui, mais j’avais écrit la chanson au mois de mai, donc bien avant le débat sur le mariage pour tous. Pour le reste, je ne peux donner mon avis, à part le fait que j’ai écrit la chanson 3ième sexe il y a 30 ans. Mais je n’imaginais pas que la question serait encore d’actualité aujourd’hui. Je me dis que ça doit être assez difficile d’assumer son homosexualité ou son coming out dans certains quartiers. On est en 2013, et il n’y a pas de quoi fouetter un chat ou passer 15 jours à l’Assemblée jour et nuit pour en discuter. On parle avant tout d’amour.

Dans la chanson Wuppertal, vous remerciez vos fans, qui vont ont permis de devenir ce que vous vouliez être…

Wuppertal, c’est un documentaire dans lequel Pina Bausch va dans une classe allemande où elle demande aux élèves de préparer un ballet de danse contemporaine pour la fin de l’année. On voit tous ces gamins apprendre à jouer avec leurs corps, à laisser s’épanouir une force inimaginable et à devenir lumineux. Bien sûr, on peut aussi faire le parallèle avec nos fans parce que la presse rock ne donnait pas tellement cher de notre peau au début des années 1980. J’estime qu’on est des miraculés, donc j’essaye d’en être digne. Ce sont nos fans qui nous donnent le pouvoir.

Vous pensez au jour où vous arrêterez la musique?
J’y pense tous les jours, même en me rasant. Ce succès est tellement beau et fou qu’on est des survivants. Il ne faut pas se leurrer, on est plus proches de la fin que du début, même si, par exemple, je ne trouve pas que les Rolling Stones sont ridicules. À un moment donné, il faut s’arrêter!

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Avez-vous déjà eu la peur du disque de trop?
Oui, bien sûr, on se le dit tout le temps, surtout en ce moment. Là, on est partis, mais je ne suis pas du tout sûr qu’en 2015 on sera sur les routes. C’est probablement notre dernière grosse tournée. Franchement, je ne me vois pas faire des concerts à 60 ans; je pense que je m’enfermerai et que je me baladerai en peignoir sur un petit ponton ou une barque.

Comment imaginez-vous la vie après la musique?
J’aimerais vraiment voir mes enfants grandir et les aider jusqu’au bout. La suite logique de ma vie, ce sera ça, même s’ils me jettent comme un vieux malpropre. Je peux vous dire que le choix sera fait très rapidement entre la musique et mes enfants.

Indochine
Au Centre Bell
Vendredi à 20 h

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