Critiques CD de la semaine du 27 au 31 mai

Cette semaine, l’équipe de Métro a écouté les derniers albums de Four Tet, Eiffel, Jan Lisiecki, Obia & Cotola, Jadea Kelly, MR MS, Airbourne et Diane Tell.

Vieille découverte Four Tet Rounds (4/5)

Kieran Hebden, alias Four Tet, lance une réédition 10e anniversaire de son troisième album. Rounds est si bien exécuté qu’on se surprend de ne pas l’avoir entendu plus tôt. Il s’agit d’une déconstruction de sons pop, jazz et folk qui offre une électro unique. Les échantillonnages texturés viennent entrecouper la mélodie. Ça surprend l’oreille, mais ils sont si bien intégrés qu’ils deviennent eux-mêmes la mélodie. Les chansons My Angel Rocks Back And Forth et Slow Jam sont particulièrement envoûtantes. Cette musique est mélancolique comme un jour de pluie, mais assez chaleureuse pour nous envelopper… Pouvon-nous dire une mélancolie du bonheur? On court écouter ses trois plus récents albums!
– Josie Desmarais

Secret bien gardé Eiffel Foule monstre (3,5/5)

Dur à croire, en écoutant le plus récent disque d’Eiffel, qu’on n’ait pas entendu parler plus souvent du groupe. Avec Foule monstre, le groupe français a concocté un album très, très solide, aux accents bien rock teintés d’électro et de pop, aux mélodies accrocheuses qui restent en tête (on pense à la très rythmée Libre, ou à Lust of Power, pièce aux accents hip-hop sur laquelle on entend Bertrand Cantat). Et la grande force du CD, ce sont ces textes à saveur subtilement engagée et qui témoignent de l’évident amour de la langue du leader Romain Humeau, lequel joue avec les mots avec énormément de brio. Vivement le passage d’Eiffel aux Francos!
– Jessica Émond-Ferrat

Jeune prodige Jan Lisiecki Chopin Études (3,5/5)

Ils ne sont pas légion, les très jeunes musiciens classiques qui peuvent se targuer d’avoir lancé un disque. Certains peuvent même douter de l’intérêt des amateurs de musique classique pour ce genre d’objet né de la virtuosité d’un jeune homme de 17 ans. Même s’il est dans la fleur de l’âge, on sent une grande maturité chez ce Canadien d’origine polonaise. La musique de Chopin est entrée dans la vie de Jan Lisiecki à l’âge de 7 ans, mais c’est à 13 ans qu’il a approfondi sa relation avec le virtuose polonais. Il nous offre ici son interprétation fluide des études de Chopin enregistrées en prises complètes, une méthode d’enregistrement plutôt inhabituelle.
– Rachelle McDuff

Pur hip-hop Obia & Cotola Le théorème (3,5/5)

Obia & Cotola, c’est du rap véridique, sans artifice. Sur ce deuxième album, autant dans les textes que dans les beats, on sent le duo fidèle aux racines du hip-hop français. Le théorème propose un son élaboré avec finesse, riche en échantillonnages en tous genres, et où les prouesses vocales sont également au rendez-vous (À bas, Plus loin). L’ensemble est fait avec grand sérieux, ce qui n’empêche pas Obia & Cotola d’y aller de morceaux plus accrocheurs (Bon début, Meilleure vie). On se réjouit d’entendre des artistes aborder le genre avec autant d’ardeur plutôt que de se complaire dans les formules faciles. Avec l’été qui commence, Le théorème pourrait bien devenir la trame sonore de vos soirées montréalaises.
– Maxime Huard

Transformée Jadea Kelly Clover (3/5)

Elle a une belle voix, Jadea Kelly. Une belle vision en ce qui a trait aux arrangements aussi. Sur ce nouvel album, l’artiste ontarienne s’éloigne de ses racines pour plonger dans des ambiances plus ombrageuses. Ce côté plus sombre, on le trouve sur des morceaux comme la lancinante Lone Wolf, rythmée par des cordes plaintives et des guitares tortueuses. Reste que, malgré la métamorphose, Jadea ne délaisse pas complètement ses racines country; elles ressortent par exemple sur la plus joyeuse Hour North, qui rappelle Faith Hill. Pour prendre toute la mesure de la finesse mêlée de force vocale de la jeune femme, il incombe d’écouter Count On, pièce sur laquelle elle chante d’une voix délicate en s’accompagnant doucement à la guit.
– Natalia Wysocka

Constance MS MR Seconhand Rapture (3/5)

On a beau tenter d’éviter les comparaisons, impossible de ne pas mentionner les similitudes que cultive le duo new-yorkais MS MR avec la machine de Florence Welch. En écoutant Fantasy, la quatrième pièce de ce Secondhand Rapture, on s’y méprend presque. «C’est pas Florence, ça?» Cela dit, avouons qu’il y a pire comme comparaison dans la vie.C’est pourquoi le premier LP de la chanteuse à la chevelure bleutée Lizzy Plapinger et de son compagnon Max Hershenow est de ceux qui sont promis à un bel avenir. Seul reproche peut-être, le tout s’avère si homogène que certaines pièces se fondent les unes dans les autres, incognito. Reste des surprises, comme Think of You et ses sonorités électro eighties…
– Natalia Wysocka

Sans ironie Airbourne Black Dog Barking (3/5)

Les membres d’Airbourne ne portent pas les cheveux longs et ne brandissent pas le poing ironiquement. Leur attitude rock‘n’roll est tout ce qu’il y a de plus sincère. Et cela se sent dans leur musique, notamment sur leur dernier album, Black Dog Barking. Le groupe australien, véritable héritier d’AC\DC, possède la même énergie que ses illustres prédécesseurs. Les riffs de guitare sont simples mais accrocheurs, et la voix de Joel O’Keeffe ressemble énormément à celle de Brian Johnson. Le quatuor chante la fête, le rock et les femmes. Rien de plus, rien de moins. Les intéressés ne seront pas déçus.
– Mathieu Horth-Gagné

C’aurait pu être… Diane Tell Une (2,5/5)

Diane Tell a choisi de déshabiller une dizaine des chansons de son répertoire pour son 12e album studio et de les interpréter toute seule : sa voix et sa guitare, c’est tout. En glissant le disque dans le lecteur, on se dit que l’idée est bonne. On se dit qu’il fera bon se délecter de sa belle voix et de l’entendre s’accompagner. À la fin, on se dit que ça aurait donc fait un bon spectacle. Que ça aurait été magique. Puis ce spectacle aurait pu être enregistré… Il manque du monde sur ce disque. Pas des musiciens, du monde qui écoute. Étrange,
tout de même.
– Eric Aussant

Évaluation: 5/5 = Sublime, 4/5 = Recommandé, 3/5 = Bien, 2/5 = Moyen, 1/5 = Sans intérêt