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Phil Anselmo: au nom de l’extrême

Photo: Estevam Romera

À 45 ans, Phil Anselmo continue de se vouer corps et âme à l’underground musical. Après être devenu, dans les années 1990, une des figures les plus respectées de la scène métal au sein du groupe culte Pantera, le chanteur enchaîne aujourd’hui les projets musicaux à un rythme fou. Parallèlement à son groupe Down et à sa maison de disques Housecore Records, l’infatigable Anselmo a lancé en juillet un premier album solo, sa version personnelle de la musique extrême, qu’il présente ce week-end au parc Jean-Drapeau dans le cadre du festival Heavy MTL.

Vous avez eu plusieurs groupes et projets musicaux depuis la dissolution de Pantera en 2003, mais jamais en votre nom. Pourquoi avoir choisi de lancer un album solo cette fois-ci?
Pour dissiper toute confusion! J’ai pris part à tellement de projets secondaires au fil des ans que j’ai senti que je devais mettre mon nom sur cet album, pour que les fans sachent immédiatement que c’est moi.

Walk Through Exits Only (WTEO) propose un son métal pur, sans fioritures, qui mise à fond sur l’agressivité et l’intensité. Qu’est-ce qui a motivé cette approche?
J’ai voulu faire un album extrême, mais difficile à étiqueter. Qu’on ne puisse pas le rattacher à un quelconque genre de métal. Avec les groupes qui se disent death, black ou speed metal, on sait généralement à quoi s’attendre avant même d’écouter la musique. WTEO, c’est ma version personnelle du métal extrême.

C’est un Phil Anselmo assez enragé qu’on entend sur le nouvel album… Y a-t-il des événements ou des thèmes particuliers qui ont alimenté votre colère?
Je n’aime pas donner du tout cuit aux auditeurs ou aborder des sujets «absolus», trop noirs ou trop blancs. Ce qu’on perçoit comme de la colère provient surtout de l’attitude avec laquelle j’aborde la musique extrême. J’ai parfois l’air de dire des choses radicales, mais pour moi, ça peut très bien être sarcastique, alors que d’autres vont prendre le message au pied de la lettre. Au final, c’est aux gens d’interpréter mes mots et d’en tirer ce qu’ils veulent.

Vous avez tout écrit sur WTEO, paroles et musique. Cela ne correspond pas tout à fait à vos expériences de groupe habituelles, non?
J’ai toujours écrit des chansons, ou du moins des sections de chansons. Ma personnalité est toujours très présente dans mes groupes. Mais cette fois, je n’avais aucune opinion extérieure qui influençait mes décisions. Et d’ailleurs, l’opinion des autres ne m’intéressait pas du tout. J’avais un sentiment très fort à l’égard de ces chansons, d’où la volonté de sortir un album en mon nom.

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Au fil des ans, vous avez touché à plusieurs styles différents (hardcore, punk, sludge, southern rock), mais peu importe l’appro­che, on reconnaît toujours votre signature.
Il y a un fil conducteur qui relie tous mes projets musicaux, mais je pense que chacun doit avoir un son fondamentalement différent des autres. Si vous mettez un nom différent sur un produit, il a intérêt à se démarquer. Ça n’aurait aucun sens de mettre mes nouvelles chansons sur un album de Down, par exemple. Surtout pour les fans de Down. Ils se demanderaient sérieusement où je veux en venir.

Au-delà de la création musicale, vous multipliez les projets en ce moment : une maison de disques (Housecore Records), un festival de film d’horreur, une autobiographie à venir… Vous imaginiez-vous, en commençant dans la musique, être aussi impliqué presque 30 ans plus tard?
Quand une occasion se présente, j’ai beaucoup de difficulté à dire non. Et je suis arrivé à un point où je suis tellement occupé, que je peux dire non sans me sentir mal! Honnêtement, le heavy metal a été très bon pour moi. J’ai peut-être connu un certain succès financier au cours de ma carrière, mais la vérité est que je ne serais nulle part sans les gens autour de moi, les fans, les groupes que j’ai côtoyés et la musique qui m’a influencé. Ma réaction instinctive est donc de me dévouer pour la scène et de redonner
au suivant.

Que feriez-vous si vous n’aviez pas la musique?
J’aime beaucoup les films d’horreur, mais je ne veux pas être réalisateur, et encore moins acteur. J’adore la boxe, mais à 45 ans, on ne monte pas dans un ring… On me pose souvent la question et c’est très déconcertant. Je préfère ne pas y penser!

Beaucoup de fans vous associeront toujours à Pantera. Est-ce que la nostalgie vous dérange?
Absolument pas. Pantera est un endroit sacré pour beaucoup d’amateurs de métal et j’en faisais partie. Les musiciens qui renient le passé qui les a fait connaître se prennent pour des rockstars. Je déteste les rockstars. Ce sont des gens tellement ennuyants. Encore une fois, je ne le dirai jamais assez : F*ck les rockstars.

Entre l’horreur et la musique

Par l’entremise de sa maison de disques, Anselmo organise cette année son propre festival de films d’horreur : le Housecore Horror Film Festival.

L’événement, qui se tiendra en octobre à Austin, au Texas, mettra aussi en vedette plusieurs groupes métal bien connus, dont Hate Eternal, White Chapel, Eyehategod et Gwar. Une occasion pour Anselmo de mêler à la musique une passion qui remonte à son enfance. «Certains de mes plus vieux souvenirs sont liés aux films d’horreur. Dans le French quarter de La Nouvelle-Orléans, où j’ai grandi, je passais des journées complètes à regarder des films de monstre», se souvient le chanteur.

Cet intérêt a continué à se développer tout au long de sa carrière sur la scène métal, un genre musical qui doit énormément, selon lui, à l’esprit des films d’horreur. «Sans Evil Dead ou L’exorciste, le death metal n’aurait probablement jamais existé. Où pensez-vous qu’ils ont pris les voix gutturales et les images démoniaques? Pas besoin de chercher plus loin», lance Anselmo.

Si le chanteur a déjà dit des répliques dans un long métrage (il a fait la voix de Satan dans un film intitulé The Manson Family, en 2003), on ne le verra pas de sitôt à l’écran. «Si je pouvais jouer mon propre rôle, ce serait une chose… Mais je me fous d’apprendre le dialogue de quelqu’un d’autre», confie-t-il, ajoutant avoir déjà refusé plusieurs rôles. «Je suis plutôt du genre à rester assis sur mon gros cul pour les regarder, les films!»

Philip H. Anselmo & The Illegals au Heavy MTL,
dimanche 11 août, à 16 h, sur la scène Molson Canadian

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