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Joshua Michael Stern: Jobs. Sa vision. Sa vie.

Photo: Outnow

Porter à l’écran la vie de Steve Jobs, ou du moins une parcelle de cette vie immense, n’était guère une mince affaire. Comme le remarque le réalisateur Joshua Michael Stern : «Tout le monde a son idée sur l’homme.» Et, du coup, sur le film qui le raconte.

Sachant qu’un «autre film», scénarisé par Aaron Sorkin (The Social Network) et basé sur la biographie autorisée et auréolée de louanges de Walter Isaacson est en cours de préparation, la tâche devait être doublement ardue pour Stern et ses collègues. Mais le réalisateur américain confie ne jamais avoir baissé les bras.

Scénarisé par Matt Whiteley, son biopic à lui, simplement intitulé Jobs, raconte l’histoire de l’homme, l’histoire d’Apple, et montre comment l’un est devenu indissociable de l’autre. Car tout ce que Jobs pensait, tout ce qu’il faisait, toutes les relations qu’il nouait, se reflétaient d’une manière ou d’une autre dans son boulot. L’homme et sa compagnie allaient de pair, et continuent de le faire après sa mort.

Jobs, incarné ici par Ashton Kutcher, a l’étoffe des héros. Et sa vie a une dimension shakespearienne, avance Joshua Michael Stern au bout du fil. «Son parcours est épique! C’est l’histoire d’un gars, élevé par des parents adoptifs aimants, qui s’est toujours senti à l’étroit dans l’univers dans lequel il évoluait. Puis, ce gars rencontre une bande d’outsiders et, ensemble, ils créent quelque chose d’incroyable…»

… vous rappelez que Jobs se tenait avec les marginaux, avec les exclus, avec ceux qui n’étaient pas in. Pourtant, tout ce qui touche à Apple est auréolé de cool. En tournant ce projet, aviez-vous l’impression de faire un film qui était cool, lui aussi?
Eh bien, on s’entend que ce n’est pas facile de rendre la fin des années 1970 et le début des années 1980 sexy! C’est une période faite de grosses tignasses, de pantalons à pattes d’éléphant… De plus, lorsque Steve et ses amis lancent Apple dans leur garage, tout n’est que plastique et métal. Je voulais donner une touche hip à tout ça, montrer des types qui faisaient quelque chose en catimini, à l’abri des regards, dans le plus grand secret. Et ça, c’est cool!

Le discours de la campagne Think Different d’Apple – «Here’s to the crazy ones. The misfits. The rebels. The ones who see things differently. […who] have no respect for the status quo…» ­– occupe une place de choix dans votre film. Est-ce que ces mots avaient pour vous une résonnance particulière? Vous sentiez-vous l’âme d’un rebelle en vous attaquant à ce projet?
Lorsque j’ai commencé ce film, j’ai vraiment senti le cynisme et la méfiance de l’industrie à mon égard. On disait que le projet était trop ambitieux. J’ai dû mettre mon poing sur la table et dire : voilà l’acteur que je veux faire jouer, voilà le film que je veux faire. Il a fallu que je sois fort et que j’y croie, même si je n’avais que 30 jours de tournage! Cela dit, cette scène ne faisait pas partie du scénario au départ. On a décidé de l’ajouter à la fin.

Vous présentez un extrait de la célèbre publicité de 1984, qui faisait référence à Orwell et qui dévoilait le Mac («Le 24 janvier, Apple Computer va présenter Macintosh. Et vous verrez pourquoi 1984 ne sera pas comme 1984.»). Considérez-vous cette pub, d’ailleurs récompensée aux Lions de Cannes, comme un chef-d’œuvre?
Oui! C’était une pub bril-lan-te! Brillante par son agressivité et par son audace. Et le message était clair : depuis les années 1950, vous êtes tous coincés dans une culture d’entreprise, et vous laissez des corporations (comprendre IBM) mener vos vies et monopoliser le monde. Mais vous avez le pouvoir de changer la donne! Il existe une autre option!

Vous ouvrez le film avec la réunion du Apple Town Hall, en 2001, lors de laquelle Jobs présente sa nouvelle invention, l’iPod, sous une salve d’applaudissements. Était-ce important de commencer par montrer l’homme au sommet de sa gloire? Car votre film ne brosse pas toujours un portrait très flatteur de lui…
En fait, je trouvais ça important d’ouvrir le film avec le Steve Jobs que tout le monde connaît; le Steve Jobs dont tout le monde se souvient. Une fois cela fait, on peut remonter le temps et montrer l’évolution. Montrer comment l’homme est devenu l’icône.

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Pour l’humanité

TIFF Portrait Session "Neverwas"Swing Vote, le film précédent de Joshua Michael Stern, portait sur des élections fictives. Les deux candidats en lice arrivaient à égalité. Et l’issue du scrutin devait être déterminée par le vote d’un citoyen (Kevin Costner). Ainsi, le cours de l’histoire reposait sur les épaules d’un seul homme. Et dans Jobs, c’est un seul homme qui change le cours de l’histoire.

«Je suis captivé par ces êtres qui vainquent une multitude d’obstacles pour parvenir à réaliser leur plein potentiel et accomplir quelque chose d’extraordinaire», dit le réalisateur.

Jobs
En salle vendredi

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