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Alex Nevsky: moins naïf, toujours amoureux

Photo: Denis Beaumont/Métro

Caché derrière ses verres fumés, dans un mélange de timidité et d’humilité, il pèse chaque mot, puis le change pour un autre sans jamais, au final, prétendre avoir le mot juste. Trois ans après De l’une à l’aube, Alex Nevsky revient d’un long périple à la cime des plus hauts monts pour chanter Himalaya mon amour.

Si les sommets évoquent a priori une épreuve, pour Alex Nevsky, l’Himalaya était aussi une façon de déclamer une ode à la beauté de la femme. «Ça englobe tout mon passage à travers ces trois dernières années, lance-t-il d’emblée. L’Himalaya est aussi le symbole de ces trois femmes-là que j’ai aimées et qu’on voulait incarner en une seule entité plus grande que nature.»

Le titre fait également écho à Hiroshima mon amour, film scénarisé par l’écrivaine française Marguerite Duras. Alors qu’il écrivait ce qui allait devenir la chanson-titre de son nouvel album, Alex Nevsky a été frappé par ce film, qui raconte l’amour impossible d’une actrice française pour un Japonais qu’elle rencontre en allant tourner un film à Hiroshima. «J’étais dans ce genre de relation-là, hyper complexe, dure et merveilleuse à la fois, avec une fille au Danemark», explique-t-il.

L’éternel amoureux s’est toutefois mis au défi de moins parler d’amour sur son second album, qu’il consent à qualifier de «moins naïf» que le premier. Il admet que les métaphores fleur bleu de son premier album lui ont valu bien des railleries de la part de ses amis. «Je suis bon joueur aussi, s’empresse-t-il d’ajouter. Il y a des lignes qui me font dire à moi-même “Ben voyons, j’ai écrit ‘Je danse le boogie sur un arc-en-ciel’, c’est n’importe quoi!”» Alex Nevsky ne regrette toutefois pas la pop légère de De l’une à l’aube. «C’est un peu le pattern dans lequel je tombe facilement, jouer avec les mots et être amoureux d’une fille, ajoute-t-il. C’est un état euphorique dans lequel je plonge une fois par année et qui pourrait m’inspirer à lui seul des dizaines de chansons. Je suis content d’avoir évité de tomber là-dedans et aussi d’avoir été suffisamment malheureux pour écrire d’autres types de chansons», conclut-il à la blague.

Sa musique ne semble pas pour autant avoir perdu de ses envolées magiques. Portée essentiellement par des chœurs, les mélodies restent d’une pop accrocheuse. «On chante comme des petites filles tout le temps! lance le chanteur. Tous les chœurs où on pense entendre des filles, en fait, c’est nous!» ajoute-t-il, faisant référence à Gabriel Gratton, de son ancien band, ainsi qu’à Alex McMahon (des groupes Plaster et Cargo Cult), avec qui il a travaillé pour cet album. La prédominance des chœurs est un peu annonciatrice de ce qu’il fera avec son nouveau groupe, avec lequel il commence tout juste à répéter. Ils seront six en tout à chanter, en plus d’être musiciens. «Ça crée une autre énergie et, dépendamment de la chanson, c’est soit plus entraînant, soit plus poignant.»

L’Himalaya d’Alex Nevsky, c’était aussi le désir de porter au sommet des mots qu’il voit comme «plus grands que nature». Des mots de Georges d’Or et de Pierre Morency notamment, qu’il s’est appropriés sans se faire poète lui-même, tient-il à spécifier. Son intérêt pour la poésie n’est pas nouveau, mais il avoue que son rapport aux mots a changé en trois ans. «J’avais envie d’être plus pertinent, de mieux choisir les mots et de ne pas aller au hasard.» Pour ce faire, il s’est entouré notamment de Jonathan Harnois, l’auteur de Je voudrais me déposer la tête, avec qui il a coécrit les chansons Si tu restes et Tuer le désir. Son ami et directeur artistique chez Audiogram, Mathieu Laliberté, qui verse également dans la poésie, a par ailleurs épaulé le chanteur dans l’écriture d’Himalaya mon amour, la chanson-titre Femmes, littérature, cinéma : Alex Nevsky est un homme aux mille muses. Multipliant les inspirations, il multiplie également les modes d’expression. S’il s’efforce de se concentrer sur sa pop présentement, il travaille également à une musique de film et à un projet encore nébuleux de hip-hop.

Clin d’œil

Himalaya mon amour est truffé de références à des œuvres qui ont marqué Alex Nevsky. Le chanteur parle des clins d’œil qui ponctuent deux de ses chansons.

  • La bête lumineuse. «Au début, la chanson était inspirée du film de Pierre Perrault, mais c’est sûr qu’en l’écoutant, tu le cherches, le clin d’œil. J’ai regardé plusieurs de ses films l’an passé, et cet homme-là est incroyable. Il fait ressortir des gens dans ses histoires, et sa façon de faire du cinéma-réalité me fait capoter. Dans la chanson sur mon album, l’inspiration est sortie vraiment différemment. Quand je l’ai écrite, la bête lumineuse représentait autant le peuple québécois que la vie elle-même.»
  • J’aurai des mains. «Ç’a été écrit dans le contexte du printemps 2012, une journée où je n’allais pas manifester. J’ai préféré regarder La nuit de la poésie chez moi sur le site de l’ONF. Cette chanson est inspirée en fait de deux performances de La nuit de la poésie : un texte de Georges d’Or (L’homme libre) et un texte de Pierre Morency (J’aurai des mains). C’est un clin d’œil gros comme ça, je dirais même un hommage.»

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