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Dead Obies, les nouveaux freaks de Montréal

Photo: Martin Pariseau

Dead Obies, la nouvelle formation qui crée un buzz sur la scène hip-hop, présente Montréal $ud. Un premier album  «post rap», où les six jeunes membres de la formation font chacun leur chemin de croix.

Dans le livre Nègres blancs d’Amérique, le classique révolutionnaire qui a brassé la cage au Québec après sa parution en 1966, Pierre Vallières racontait son enfance dans le sud de Montréal, à Ville Jacques-Cartier. Le bidonville canadien-français de l’après-guerre où, paraît-il, passait une seule ligne d’autobus qui ne servait qu’à emmener les ouvriers de leurs maisons de fortune à leur travail aux shops Angus.

C’est ce Montréal Sud qui a servi de toile de fond à la jeune formation Dead Obies. Un groupe composé de cinq rappeurs et d’un producteur qui se réclament du rap, certes, mais qui affichent également une certaine «punk attitude».

C’est d’ailleurs en référence aux Dead Kennedys, formation culte de la mouvance keupon, que les membres de Dead Obies ont choisi ce nom. «Au moment où on a formé le groupe, tout le monde arborait un t-shirt de Barack Obama comme si c’était Che Guevara. Nous, on savait que rien ne changerait et que ce seraient les grandes corporations qui nous gouverneraient encore après son arrivée au pouvoir», explique Yes Mccan, le rappeur le plus volubile de la formation, qui est aussi celui qui nous a rappelé le récit de Pierre Vallières.

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Très intéressant, mais le old timer qui écrit ces lignes n’arrive pas toujours à saisir le sens des paroles qui se déclinent en français, en anglais ou en créole, et cela, généralement, dans une même phrase. Clash générationnel? «Il y a probablement un code générationnel là-dedans, mais aussi un code esthétique qui se rapporte au rap. Il faut avoir l’oreille habituée. C’est comme quand on écoute du free jazz. Pour le commun des mortels qui écoute du pop-folk, cela peut sonner agressant et dépourvu de règles. Or, le rap a sa propre mythologie et ses propres codes», explique Yes Mccan tout en soulignant que Charlebois aussi «américanisait» la langue française.

De notre côté, on écoute ce jeune autodidacte qui se forge une culture politique en naviguant sur l’internet parler de musique et d’américanité, et on lui fait remarquer qu’il utilise des mots, des images et un flow qui ne sont pas sans évoquer le jeune Lucien Francœur. «J’ai son nom dans mes cahiers. Un jour, je vais l’utiliser. Car, tu vois, c’est nous les nouveaux freaks de Montréal. Et ça, c’est aussi parce qu’on arrive avec aut’chose!»

«Post» quoi?
Le post rap? «C’est un terme que nous avons mis de l’avant pour signifier qu’il y a une cassure autant dans l’idée que dans le temps et l’espace. Nous ne sommes plus dans les années 1990 et nous ne sommes pas des enfants du ghetto, comme c’était le cas de ceux qui ont créé cette musique dans le South Bronx. Nous n’avons pas la même identité non plus, nous sommes des petits Québécois métissés. Si je rencontrais un jour un gars du Wu-Tang Clan, je serais un peu gêné de lui dire que je suis un rappeur! Nous voulions donc nous libérer des thèmes et démythifier la chose. Nous sommes autre chose, qu’on pourrait aussi comparer au post punk», analyse Yes Mccan.

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