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Festival de Cannes: Dolan en compétition

Caroline St-Pierre - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – Xavier Dolan a réussi. Le jeune cinéaste québécois, qui n’avait jamais caché son rêve de faire un jour partie de la compétition officielle du Festival de Cannes, peut maintenant dire «mission accomplie» grâce à la sélection, annoncée jeudi, de son prochain film, «Mommy».

Ce cinquième long métrage du cinéaste fera partie des 18 films qui tenteront de remporter la Palme d’or cette année. Le jeune réalisateur y retrouve ses actrices fétiches, Anne Dorval et Suzanne Clément, de même qu’Antoine Olivier Pilon, qu’il avait déjà dirigé dans «Laurence Anyways» et dans le vidéoclip «College Boy» d’Indochine.

Le film «Mommy» raconte l’histoire d’une veuve monoparentale qui hérite de la garde de son fils, un adolescent profondément turbulent. Ensemble, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue d’une mystérieuse voisine.

En conférence de presse, jeudi matin à Montréal, Xavier Dolan s’est évidemment montré heureux de sa sélection, mais a admis que les jours précédant l’annonce ont été «insoutenables».

«Il y a une adrénaline positive, mais c’est un stress qui vous consume, a-t-il reconnu. Un moment donné, on veut juste savoir, et il y a la peur aussi du scénario très envisageable d’un non. Qu’est-ce qu’on va dire aux proches? Qu’est-ce qu’on va dire aux gens?»

L’édition 2014 du festival marquera une première pour le cinéma canadien, qui proposera un record de trois films en compétition officielle. Outre le film de Dolan, la sélection inclut «Captives» d’Atom Egoyan et «Maps to the Star» de David Cronenberg. Le jeune cinéaste s’est d’ailleurs dit honoré d’être si bien entouré pour sa première sélection officielle, mais il y a un réalisateur dont la présence en compétition le laisse particulièrement bouche bée.

«Ken Loach est là», a-t-il lancé avant de prendre une pause, incapable d’exprimer le bonheur de côtoyer sur la liste ce cinéaste qu’il admire. «Ken Loach. C’est tout ce que j’ai à dire: Ken Loach.»

Il faut dire que «Sweet Sixteen» (2002), de Loach, a été l’une des inspirations de Dolan pour «Mommy». Le cinéaste britannique présentera son plus récent film, «Jimmy’s Hall», en compétition. Admettant être «un peu groupie», Dolan a confié avoir envoyé un message à la compagnie de production du film sur Twitter, disant qu’il avait hâte de voir le film à Cannes.

«Ils m’ont répondu: « Bravo à toi aussi, on a vraiment hâte de découvrir Mommy »», a-t-il raconté, presque gêné.

Encore le plus jeune à…

À 25 ans, Xavier Dolan pourrait devenir le plus jeune cinéaste à remporter la Palme d’or — Steven Soderbergh l’avait reçue à 26 ans grâce à «Sexe, Mensonges et Vidéo» —, mais il demeure lucide devant la compétition féroce, qui inclut notamment les frères deux fois palmés Jean-Pierre et Luc Dardenne, qui proposeront «Deux Jours, Une nuit».

«Je pense — et je ne dis pas ça pour jouer les faux humbles — mais la compétition est vraiment impressionnante. C’est des cinéastes, pour moi, immenses. C’est vrai, c’est très sincère ce que je dis. Et puis, on a tellement de considérations maintenant par rapport aux délais de livraison, il faut tellement qu’on se garroche dans un maelström impossible que c’est sûr que c’est assez distant et vague comme rêve ou comme possibilité.

«Mais le fait est que, comme n’importe quelle autre personne en compétition, on ne se cachera pas l’info, on a une chance sur 20. Sur 18, pour l’instant, mais ça risque de changer», a-t-il souligné.

En plus des Cronenberg, Egoyan, Loach et Dardenne, Xavier Dolan fera face à Olivier Assayas («Sils Maria»), Jean-Luc Godard («Adieu au langage»), Michel Hazanavicius («The Search»), Tommy Lee Jones («The Homesman») et Mike Leigh («Mr. Turner»), entre autres.

Mais ce qu’il espère, c’est que «Mommy» plaira à la présidente du jury, Jane Campion, dont le film «La Leçon de piano» a contribué à faire naître en lui l’envie de faire du cinéma. En attendant de savoir s’il aura l’approbation de la cinéaste néo-zélandaise, il peut se dire qu’il a eu celle du délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux.

En conférence de presse à Paris, jeudi matin, Thierry Frémaux a décrit le film de Dolan comme un long métrage «extrêmement foisonnant, baroque, audacieux», ajoutant cependant qu’il allait «être adoré autant qu'(il allait) exaspérer».

«J’ai l’impression qu’il y a une forme de protectionnisme de la part du festival, a avancé Dolan, appelé à commenter cette dernière partie de la description du délégué général. J’ai l’impression qu’on annonce toujours les films un peu plus longs qu’ils vont l’être, un peu plus « dulls » qu’ils vont l’être… Je pense que c’est le lot d’avoir une cuvée diverse et plurielle comme ça.

«Ce que Thierry m’a dit au téléphone, c’est que le film était assez généreux, assez flamboyant, et c’est sûr qu’il y a un public pour ça et qu’il y a un public moins pour ça. Cela dit, j’ai l’impression que ce qui est prépondérant dans le film, le plus évident, le plus mis de l’avant, c’est son caractère humain. Je ne vois pas ce qu’il y a d’exaspérant là-dedans, mais peut-être mieux vaut vendre le film comme ça, le promettre à une critique divisée (plutôt) que tout de suite dire que ça va émouvoir tout le monde et que les gens se disent: non!»

Le Festival de Cannes se tiendra du 14 au 25 mai. La date de sortie de «Mommy» au Québec n’a pas encore été déterminée.

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