Critiques CD: Paolo Nutini, Philippe Brach, Midnight Romeo…
Cette semaine, l’équipe de Métro a écouté les derniers albums de Paolo Nutini, Philippe Brach, Midnight Romeo, Kletztory, Nas et Chloé Lacasse.
Plus mature Paolo Nutini Caustic Love Note: |
Sur son troisième album, l’artiste écossais de 27 ans a choisi de montrer ses côtés funk et soul. Pas que ces vieux genres musicaux n’étaient pas présents sur These Streets (2006) et Sunny Side Up (2009), seulement qu’ils ne l’étaient pas autant. Par ailleurs, sa voix rocailleuse, mais capable de douceur, a gagné en maturité et est très expressive. Ça rehausse ses qualités d’interprète. Ça sent la sincérité. On pourrait dire la même chose de ses chansons, qu’il écrit seul ou en collaboration. Ça donne un CD qui ne défonce pas des murs, mais qui est drôlement efficace. Moments forts: Let Me Down Easy, un duo à travers le temps avec Bettye Lavette, et l’excellente ballade Better Man.
– Eric Aussant
Beau désordre Philippe Brach La foire et l’ordre Note: |
Philippe Brach est ben et il le chante. Ben dans sa tête, ben entre les cuisses d’une fille. Dans son monde, y’a de la drogue au déjeuner, des shooters de Jäger qui donnent mal au cœur, des amours poches dont on se libère comme on vide une fosse septique. Avec sa poésie brute, sa voix écorchée dont il ne gomme pas les imperfections, le Saguenéen propose une musique qui possède, elle avec, ce cachet joliment débraillé, joliment tout croche, qui fait en sorte qu’on est ben dans son monde, nous aussi. On pense à Dédé pour la livraison, parfois à Adamus. Reste que, malgré ces comparaisons, Brach est un original. Parce que sa musique possède une chose qui ne court pas les rues. Parce que sa musique possède une âme.
– Natalia Wysocka
Retour vers le futur Midnight Romeo Le Luxe Note: |
La pochette kitsch sur laquelle apparaissent deux panthères noires aux contours fluorescents semble tout droit sortie des années 1980. À l’écoute de Le Luxe, c’est bel et bien des années 1980 que s’est inspiré le quintette de Québec dans son deuxième opus aux sonorités electro-rock-dance. La voix métallique de Marie-Pierre Bellefeuille se marie parfaitement aux mélodies des synthétiseurs, des frappes de batterie et des autres tonalités artificielles. Dès les premières notes, on sent une montée d’adrénaline et on doit se retenir pour ne pas se prendre pour Alex Owens dans Flashdance! Surtout sur Guns Guns Guns et Destination. On aimerait bien les voir en spectacle bientôt à Montréal!
– Rachelle Mc Duff
Klezmer boogie! Kletztory Arrivage Note: |
En massacrant le peuple juif d’Europe de l’Est qui la trimbalait depuis des lunes dans son errance, l’Holocauste faillit assassiner la musique klezmer. Grâce soit rendue aux musiciens qui l’ont fait revivre, cette musique traditionnelle résonne encore aujourd’hui, réinventée avec aplomb par des groupes talentueux comme Kleztory. Les six comparses de la bande voyagent et font voyager depuis 2001, raflant prix et fans partout où ils passent. Leur nouvel Arrivage est impeccable, alternant avec virtuosité les complaintes où les violons pleurent à fendre l’âme et les rythmes dans lesquels l’accordéon et la clarinette feraient craquer les planchers de danse les plus avertis. À découvrir le 8 mai prochain au Gesù. Mazel tov!
– Sébastien Tanguay
Ode au passé Nas illmatic xx Note: |
C’est pour célébrer le 20e anniversaire du légendaire album Illmatic que Nas a décidé d’en offrir à ses fans une version complètement remastérisée. L’opus de 20 morceaux est en quelque sorte une ode au passé. Mais était-ce vraiment nécessaire de revisiter des classiques comme The Genesis, One Love ou The World is Yours? Nous n’en sommes pas convaincu. Certains remix valent toutefois le détour, comme Life’s a Bitch, où le père du chanteur, Olu Dara, offre un remarquable solo à la trompette. Nas a aussi inséré quelques nouveaux morceaux, dont I’m a Villain, qui s’inscrit dans le rap East Coast comme on l’aime.
– Daphnée Hacker-B.
Dans la lune Chloé Lacasse Lunes Note: |
Deuxième album de cette auteure-compositrice-interprète québécoise, gagnante des Francouvertes en 2011. Comme sur le précédent, Antoine Gratton est à la réalisation, mais Lacasse a choisi de s’en mêler, peut-être histoire d’adoucir un peu le son. Cela dit, la réalisation est encore une fois nickel, pleine de subtilités et de trouvailles. Aussi, comme sur le CD précédent, les chansons de Lacasse sont excellentes. Si on s’arrête là, c’est un très bon disque. Là où le bât blesse, c’est qu’il y a la voix de la chanteuse. Peu expressive, elle semble toujours chanter la même chanson… On a utilisé quelques artifices ici et là pour lui donner du coffre – et ça fait du bien –, mais, tout de même, cette voix devient malheureusement lassante.
– Eric Aussant