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La fureur de vivre d’Isabelle Boulay

Photo: Denis Beaumont/Métro

Dix ans après la mort de Serge Reggiani, Isabelle Boulay revisite les chansons de ce grand interprète de la chanson française.

Gaspésie. Elle devait avoir autour de 16 ans lorsque Denis Savard, un jeune passionné de littérature de Matane, invita Isabelle Boulay chez lui pour écouter des chansons françaises. Comme toutes les vieilles âmes qui se frottent un jour au répertoire du grand exilé italien de l’après-guerre, ce fut le choc. «Je n’avais jamais vraiment porté attention aux textes lorsque ma mère en faisait jouer. Puis, à un moment, j’ai entendu La Maumariée, Ma fille, Le Pont Mirabeau, Le Vieux couple… et je me suis dit: “Mais qu’est-ce que c’est ça?” Je fus touchée, exactement de la même façon que lorsque j’ai été assez mature pour prendre toute la mesure du répertoire d’Édith Piaf», explique cette hypersensible.

Elle qui, à l’image de ses deux mentors susmentionnés, émaille souvent son répertoire de textes à la fois riches et mélancoliquement chargés. L’une des raisons qui expliquent ce parti pris est sans doute sa sollicitude mêlée de tendresse à l’endroit des hommes en général et de ceux qui ont des fêlures à l’âme en particulier. Ayant grandi dans un milieu de bars/restaurants, lieux souvent fréquentés par la gent masculine, Isabelle a été rapidement sensibilisée à leur détresse amoureuse et aux aléas de leur quotidienneté.

«La mélancolie? Bien sûr, mais c’est surtout la tendresse qui m’interpelle chez Reggiani. Lorsqu’on écoute Si tu me payes un verre, par exemple, on y retrouve énormément de compassion et une totale absence de jugement», poursuit celle qui a connu le bonheur de chanter en duo avec Reggiani. Elle se souvient d’un regard, rempli de respect, mais aussi de défiance qu’elle a également retrouvé chez Johnny Hallyday, du type: «Tu as intérêt à donner tout ce dont tu es capable.»

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Quant à la voix de Reggiani, si elle fait partie de son ADN depuis l’adolescence, c’est tout à fait par hasard qu’elle l’a de nouveau fait jouer dans son atelier. «C’est comme si j’avais eu besoin de ces chansons-là à ce moment précis de ma vie», souligne-t-elle. Puis, convergence du hasard, à quelques reprises, des gens qui la croisaient lui parlaient de l’éventualité d’interpréter les pièces écrites pour le grand disparu.

Après s’être assurée la caution morale de Noëlle, la veuve de Reggiani, Isabelle a contacté Philippe B puis, plus tard, Benjamin Biolay pour assurer la réalisation des chansons. Pièces qui ont toutes conservé la très forte masculinité du «Je» de Reggiani, sauf dans un cas (Le petit garçon). «J’ai contacté Philippe, car il travaille d’une façon épurée empreinte d’élégance et de classicisme, tout en apportant une dimension contemporaine. Ensuite, j’ai téléphoné à Benjamin pour qu’il se colle aussi au projet, comme je le prévoyais d’emblée, car il y a une alchimie entre lui, moi et les projets que nous faisons ensemble», explique Isabelle qui souhaitait un album à la fois élégant, sobre et contemporain et qui a choisi de laisser de coté le volet plus politique du regretté Rital pour ne choisir que les titres qui l’interpellaient de «façon charnelle».

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Merci Serge Reggiani
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