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Festival en chanson de Petite-Vallée: le souffle de la «Gaspoésie»

Photo: Jean-Charles Labarre

C’est avec Vallières et Charlebois que s’est conclue de magnifique façon la 32e édition du Festival en chanson de Petite-Vallée. Retour sur l’événement.

«Vallières, tu es la meilleure chose qui est arrivée à la chanson québécoise depuis… Boom Desjardins», a lancé Michel Faubert à Vincent, l’artiste passeur de cette année. Cette allusion aux récent propos de l’ex-chanteur de La Chicane – qui avait déclaré que rien ne l’avait étonné dans le paysage musical québécois depuis Kaïn – a bien fait rire la salle, alors que plusieurs chansons du répertoire de l’auteur d’On va s’aimer encore étaient reprises par une chorale de 300 enfants dans une église.

Un classique de ce festival gaspésien qui a démarré sous une température particulièrement chaude pour se terminer avec l’arrivée d’Arthur, une tempête post-tropicale.

Entre ces extrêmes, votre serviteur a assisté à une douzaine de spectacles dans une édition qui pourrait être qualifiée de transitoire en raison, entre autres, du déficit de plus de 150 000$ de l’an dernier et d’une salle en moins sans parler du retrait logistique de Radio-Canada.

La plupart des événements publics se sont déroulés au Théâtre de la Vieille Forge. Lieu sympathique tout en bois, dressé face à la mer, qui par malheur ne dispose pas de la climatisation.

Heureusement, les artistes qui se rendent à Petite-Vallée incarnent l’antithèse de la diva attitude. Ce qui nous a permis de découvrir sur scène, malgré la chaleur, un Alex Nevsky aussi efficace que cabotin grâce à sa pop accrocheuse et à ses nombreuses références. On a aussi pu entendre, dans les mêmes conditions, l’enfant chéri du coin, Patrice Michaud, particulièrement drôle entre ses pièces folk lettrées.

Si la brochette de «chansonneurs» ne nous a pas révélé de nouveau gros calibre style Bernard Adamus, nous avons savouré la soul de Maritza, la country concise de Jérôme Charrette-Pépin et la critique sociale country/folk d’un Louis-Philippe Gingras.

Le Festival, cette Mecque de la chanson, a également vu passer le prometteur Émile Proulx-Cloutier, qui devrait se faire confiance et sortir de sa théâtralité, histoire de reprendre le flambeau symbolique que laisse Richard Desjardins. Le vétéran Yves Desrosiers nous a encore touché avec ses trop méconnues reprises du poète Vladimir Vissotski, parfois en russe, qui figurent sur son puissant Volodia, album paru en 2002.

Le célébré Vallières, quant à lui, a livré un spectacle rodé au quart de tour (malgré la vilaine bass drum), ponctué à la fin par l’arrivée-surprise de Charlebois qui sortait de l’avion pour un duo sur Mon pays ce n’est pas un pays c’est une job.

Samedi, le phare acadien Marie-Jo Thério nous transportait dans son magnifique univers en solo, tandis que Garou, 1er en titre, clôturait le festival à l’église de Cloridorme en soirée. Ouf, le son était tout à fait convenable tandis que Charlebois assurait, comme toujours.

C’est le cœur gorgé de moments magiques, mais tenaillé par une lancinante question que le représentant de Métro a quitté ce village de 176 habitants: les courageux organisateurs du festival, Allan Côté en tête, pourront-ils tenir encore longtemps sans une aide sérieuse de l’État? On leur souhaite.

Art Gaspésie Hay Babies Jean-Charles Labarre

5 moments inoubliables

  • 1. Tomber en amour avec les Hay Babies, ces trois Acadiennes incarnées qui ont invité sur scène Marie-Jo Thério et Lisa LeBlanc. Moment aussi rare que touchant.
  • 2. Vivre un trip hippie en savourant du jus de framboise, de l’huile et des graines de chanvre avec des babas cool dans une coopérative (coopducap.org) qui semble tout droit sortie des seventies.
  • 3. Entendre Marie-Jo Thério chanter L’oiseau de paradis (La Maline) avec Vallières, puis nous achever avec Évangéline, cet hymne à la grande déchirure acadienne. Droit au cœur.
  • 4. S’esclaffer en entendant Émile Proulx-Cloutier citer son grand-père: «J’étais tellement bandé que je n’avais plus assez de peau pour me fermer les yeux.»
  • 5. Découvrir le programme Fourchette bleu d’Exploramer, qui vise à sensibiliser les consommateurs aux produits de la mer du Québec et à les amener à diversifier leurs choix alimentaires. À découvrir à votre tour au: exploramer.qc.ca/fr/fourchette-bleue

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