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Ben Lefebvre: né un 14 février

Photo: Yves Provencher/Métro

Depuis six ans, Benoit Lefebvre signe des chroniques dans le journal Métro. Il fait aussi de la scène, des blagues, et se révolte contre les contes de fées. Dans le cadre de Zoofest, ce diplômé de l’École nationale de l’humour remonte sur les planches pour présenter son nouveau show, Rupture. Pour l’occasion, il nous parle de ce monologue au titre qui dit tout et de sa hantise de l’amour-bonbon-tout-en-rose.

Rupture a évidemment été inspiré… par une rupture. Dont vous avez d’ailleurs parlé dans une de vos chroniques.
Un peu, oui.

Passer par l’écrit avant de raconter ça sur scène, ça aide?
En fait, ce qui aide, c’est le temps. Ça s’est passé en janvier et là, on est rendu en juillet. Si j’avais fait un show au mois de février, peut-être que je n’aurais pas eu le recul nécessaire pour que les gens passent un beau moment. Ç’aurait été malaisant! (Rires) Mais là, ça va… La rupture, ça touche tout le monde. Même un enfant de 5 ans s’est déjà fait laisser par sa p’tite blonde au parc.

C’était votre première expérience de séparation? À 5 ans, au parc?
Je ne sais pas. J’ai oublié. J’ai fait du déni!

Dans votre nouveau show, vous abordez plusieurs thèmes. Votre haine des chats, notamment. Une haine que vous nourrissez depuis longtemps?
Oui! Quand j’étais p’tit, je détestais les chats qui me sautaient sur les pieds, soit quand je marchais dans le corridor, ou dans le lit. Mais ce n’est pas tant de la haine, on va se le dire. C’est juste que je n’ai pas tant d’amour que ça pour eux. Le numéro, je l’ai écrit chez un ami qui m’a prêté son appart après ma séparation. Il avait deux chats. Je suis resté là pendant un mois. Ce numéro est né de ma relation d’un mois avec eux.

Maintenant, c’est un prérequis pour vous : trouver une fille sans chats?
Non, non, non! Je pourrais ben être avec une fille qui a deux chats, j’m’en fous! Mais ils resteraient dans une pièce, tranquilles, avec un petit bol d’eau et un papier journal. Mais pas un journal avec ma face dedans. Ce n’est pas vrai qu’ils vont faire pipi sur ma face. Pas question. Pas question!

Vous parlez aussi dans ce spectacle de votre manque de contact avec la génération «YOLO». Un regret?
En fait, c’est ironique parce que j’adore profondément cette génération. Mais pro-fon-dé-ment. Là, je m’en vais sur un terrain glissant, mais je pense que les YOLO, c’est la génération qui est la plus proche de ce que les baby-boomers ont été. L’espèce d’effervescence, même sexuelle. Les filles, les gars, tout le monde regarde de la porno. Ils ont aussi une ouverture sur la planète, sur la musique… Ils sont vraiment allumés.

Vous avez récemment retweeté un de vos textes de 2009 («Au donjon, Cendrillon!») dans lequel vous souligniez l’importance de cesser de croire aux histoires de princesses. Vous explorez à nouveau ce sujet dans votre spectacle?
Oui! J’en parlais aussi dans mon premier show au Zoofest, il y a trois ans. Chaque fois que j’aborde ce thème, les gens réagissent. Beaucoup. Il y a des filles qui viennent carrément me voir pour me dire: «Oh! Merci d’enfin péter cette bulle qu’on se fait mettre dans la tête depuis qu’on est petites!»

C’est une chose contre laquelle vous vous êtes révolté jeune, cette vision romancée de l’amour?
Oui. L’auteur et chroniqueur Jean Barbe était venu à mon cégep, Ahuntsic, dans le temps où j’étudiais en sciences humaines, profil monde (que j’aime appeler sciences-humaines-je-ne-sais-pas-ce-que-je-veux-faire-dans-la-vie). Il nous avait parlé de Roméo et Juliette, comme quoi on trouve que c’est la plus belle histoire d’amour de tous les temps, alors que ce n’est pas ça, l’amour! J’avais déjà une espèce de hargne envers les histoires de princesses, et mon idée avait été renforcée par cette conférence. Je m’étais dit: On peut se battre contre ça! Sur scène, je fais d’ailleurs un parallèle entre les contes de fées pour les filles et la porno pour les gars. Les contes de fées, c’est de la pornographie émotionnelle.

Le dernier film de Joseph Gordon-Levitt parlait de ça, l’analogie entre les comédies romantiques et la porno.
Oui, Don Jon. C’est drette ça.

Vous êtes né un 14 février. Est-ce que votre hargne pour les histoires à l’eau de rose vient aussi de là?
Pas du tout. Ça ne change absolument rien dans ma vie. À part qu’il n’y a jamais personne à ma fête… et qu’au primaire, j’étais le Valentin de tout le monde! J’étais une star à la Saint-Valentin! Sérieusement, j’aime le vrai. J’aime ce qui n’est pas parfait. Je suis un gars de couple. S’il faut passer par-dessus des difficultés, j’suis là! J’suis prêt! Moi, les gens qui abandonnent trop rapidement à cause de l’image parfaite qu’ils ont de l’amour, ça me met en tabarn…!

Rupture
Au Théâtre La Chapelle
Mardi soir à 22h et jusqu’au 24 juillet

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