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Les sentiments suprêmes de Mozart’s Sister

Photo: Yves Provencher/Métro

«Je ne suis pas très connue», affirme d’emblée Caila Thompson-Hannant, apparaissant discrète et réfléchie. Pourtant, la jeune musicienne montréalaise de 29 ans – qui porte depuis 2011 le nom de scène de Mozart’s Sister – a séduit l’équipe de programmation du festival MEG, qui se déroule actuellement, et sortira son premier album le 5 août.

«J’ai beaucoup aimé, confirme Xavier Habouzit, responsable de la production et de la programmation du MEG, parlant de Mozart’s Sister. J’ai trouvé ça dansant, entraînant, frais. C’est presque de l’IDM – de l’Intelligent Dance Music. Il y a une vraie qualité dans sa production.» C’est en 2012, à M pour Montréal, que M. Habouzit a découvert Caila Thompson-Hannant.

L’artiste a deux EP à son actif: Dear fear (sorti en 2011) et Hello (2013). Elle a passé une bonne partie du printemps à tourner aux États-Unis avec le groupe Trust et a fait ses armes à quelques reprises au méga festival South by Southwest, à Austin, au Texas.

L’album qui sera lancé sous peu, intitulé Being, est un collage sans trame narrative précise. Un premier extrait, Enjoy, est sorti en mai. L’album a été enregistré par l’artiste seule – sauf pour la voix –, avec le logiciel Ableton. Ses sonorités de pop «pas propre» – ou dirt pop, comme elle le dit sur sa page Facebook – sont dansantes. Elles peuvent rappeler les années 1980, mais sont résolument actuelles. «C’était vraiment une période d’expérimentation pour moi, confie Thompson-Hannant, rencontrée dans un parc du Mile-End. Il m’arrive beaucoup de choses, personnellement. Et professionnellement, je suppose. C’est un large spectre de… ce que je suis.»

Les titres des chansons – Good Thing Bad Thing, Enjoy, Lone Wolf, A Move, Don’t Leave it to Me – sont évocateurs, mais expriment plus des sentiments qu’ils ne racontent des histoires. La voix puissante de Caila (qui voulait étudier le chant classique à l’Université McGill, mais qui n’a pas été acceptée), capte l’attention et ajoute de la texture et de la profondeur à ses pièces. Elle sait jouer habilement de son instrument intégré. «C’est très excitant et satisfaisant de chanter. C’est ardu, expressif, théâtral. J’aime ces aspects.»

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Caila Thompson-Hannant est arrivée à Montréal en 2008. C’est en Colombie-Britannique, dans les villes de Vancouver et de Victoria, qu’elle a grandi. Elle dit avoir été enchantée par la métropole québécoise lors d’un premier voyage qu’elle y a fait à l’âge de 15 ans. Ses influences vont de la pop à l’alternatif, du trip-hop à la musique électro, que son oncle lui a fait découvrir. «Comme Air. Tu te souviens de ce groupe de France? Je les aimais beaucoup. Et Portishead, Massive Attack et Bjork. Ensuite, un peu plus vieille, je suis allée vers l’indie-rock.»

Après avoir fait partie de quelques groupes – Shapes and Sizes, Miracle Fortress, Think About Life –, elle s’est lancée dans l’aventure solo en 2011, au fil des hasards de la vie, devenant Mozart’s Sister. Une expérience «plus satisfaisante et plus douloureuse en même temps». Si c’était à refaire, l’artiste ne reprendrait probablement pas le même nom de scène. «Ça avait du sens à l’époque, et je crois encore en ce nom. Il a été important pour me libérer. Mais je pense que c’est bien de mettre un terme à certaines choses, quand on sent qu’elles ne sont plus adéquates.»

En dedans
Caila Thompson-Hannant cherche à exprimer ce qui se passe «en dedans». «La recherche de connectivité, la recherche de l’amour, de la vérité, du changement. Trouver la paix et la passion; qui sont contradictoires. La passion, c’est un gros truc pour moi. Et la révolution, peut-être. Si ce n’est pas une révolution artificielle.»

Elle parle de la création comme d’un processus entre des forces invisibles et l’être. «Je lis présentement un texte de Krishnamurti. Il y parle de sexe et de création, qui sont similaires en ce sens qu’ils sont une façon pour l’esprit d’arrêter de penser. L’ego devient silencieux et l’être se mêle à des forces en dehors de soi. C’est un sentiment suprême. Quand je suis dans cet état, les problèmes n’existent plus. Ils ne sont que perspectives.»

Mozart’s Sister, avec Foxtrott et Propofol
À la Sala Rossa
Vendredi soir à 21h

À mettre dans ses oreilles au MEG

Encadré Mustapha Terki Festival-MEGLa 16e édition du MEG bat son plein. Avec quelque 70 artistes au programme, le festival mise sur le mariage entre découvertes et têtes d’affiche.

Âgé de 16 ans, le MEG (Mont­real Electronic Groove) poursuit sa mission de mélanger découvertes et têtes d’affiches d’ici et d’ailleurs. Le tout, dans une ambiance électro, mais aussi pop-rock-hip-hop.

«On a toujours voulu garder des fenêtres ouvertes, explique Mustapha Terki, qui dirige et qui a co-fondé le MEG avec Jacques Primeau. Ça faisait partie du concept au départ, de ne pas s’enfermer dans un genre.» Et outre la variété des styles, le MEG mise sur la performance scénique. «Quand vous regardez un spectacle, vous regardez quelqu’un. Qu’il fasse le DJ, qu’il y ait des images… pour moi, l’aspect live est très important», souligne M. Terki.

Cette année, le festival se déroule jusqu’au 2 août. Les shows au programme sont souvent offerts à petit prix (la plupart entre 10$ et 25$, sauf pour le MEG Boat, une croisière électro sur le fleuve). La formule privilégiée met en valeur deux ou trois artistes (ou même plus!), qui sont jumelés au cours d’une même soirée en fonction de leurs affinités musicales.

Quelques suggestions de spectacle faites par Mustapha Terki:

  • Ce samedi: Suuns. «Un groupe montréalais qui est vraiment une grosse tête d’affiche à Montréal et à l’international.»
  • Le 1er août: Danger. «Un producteur français qui fait une musique qui est très riche, très accessible.»
  • Aussi le 1er août: Acid Arab. Un duo «qui mélange les sons orientaux, arabes avec une grande dextérité. C’est de la musique électronique orientale. C’est super intéressant et c’est un nouveau mouvement qui est en train de naître à Paris et ailleurs en France».
  • Et encore le 1er août: St.Lô. «C’est un trio français avec une chanteuse qui a une voix assez incroyable et ça, ça peut être à mon avis une vraie découverte. Qui peut surprendre beaucoup, beaucoup de gens, et là, j’invite vraiment les gens à y aller!»
  • Le 2 août: Benjamin Damage. «Une grosse tête d’affiche», qui fera un tour sur le MEG Boat.

MEG

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