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Une enquête criminelle sur Jian Ghomeshi

Rédaction - La Presse Canadienne

TORONTO – L’ex-animateur radio vedette de la CBC, Jian Ghomeshi, fait l’objet d’une enquête criminelle après que deux femmes aient déposé des plaintes, a déclaré la police de Toronto tard vendredi.

L’une des femmes qui a contacté la police est l’actrice Lucy DeCoutere, qui a notamment un rôle dans la série Trailer Park Boy, a confirmé sa relationniste de presse.

Les enquêteurs ont affirmé être maintenant impliqués après plusieurs jours lors desquels des femmes ont révélé publiquement avoir été agressées physiquement ou sexuellement, sans avoir porté plainte à la police.

«Deux femmes sont venues nous voir avec des allégations», a dit Mark Pugash vendredi à La Presse Canadienne.

«Une enquête est en cours», a-t-il ajouté, sans fournir plus de détails.

Aucune des allégations n’a été prouvée et ni Jian Ghomeshi ni ses avocats n’ont commenté l’enquête criminelle pour l’instant.

Un porte-parole de la CBC a dit vendredi ne pas vouloir commenter l’annonce de la police.

Andrea Grau a de son côté confirmé que l’actrice a déposé une plainte vendredi et qu’elle a déjà été interrogée par les policiers. Elle n’a pas voulu faire d’autres commentaires.

Mme DeCoutere a été la première femme qui a parlé publiquement de ce qu’elle a vécu avec M. Ghomeshi et qui a accepté que son nom soit révélé.

Elle a confié au quotidien Toronto Star avoir rencontré Jian Ghomeshi pour la première fois en 2003 à Banff et avoir ensuite eu un rendez-vous avec lui à Toronto. Elle allègue que lorsqu’elle est allée chez lui, il l’a coincée contre le mur, l’a étranglée et l’a frappée au visage plusieurs fois.

Par ailleurs, plus tôt vendredi, la CBC a affirmé avoir reçu des «preuves explicites» que Jian Ghomeshi aurait infligé des blessures physiques à une personne avant de le congédier.

Dans une déclaration aux employés, la vice-présidente du diffuseur public Heather Conway a révélé que la conduite du co-fondateur et animateur de l’émission «Q» enfreignait les normes de la CBC. Elle n’a pas précisé la nature de ces «preuves explicites».

Selon le quotidien Toronto Star, qui cite des sources anonymes, M. Ghomeshi aurait présenté une vidéo à ses patrons sur laquelle il «prouvait» qu’une relation sexuelle consensuelle brutale pouvait causer des ecchymoses chez les partenaires. Le quotidien n’a pas visionné les images.

M. Ghomeshi avait informé son employeur que le Toronto Star menait une enquête sur les allégations d’une de ses anciennes amoureuses. Celle-ci aurait affirmé que l’animateur avait eu des relations sexuelles brutales avec elle sans son consentement.

Jian Ghomeshi, qui a été remercié par la CBC dimanche dernier, a insisté qu’il avait toujours eu des relations sexuelles brutales avec des femmes consentantes.

Depuis le début de la controverse, neuf femmes, dont deux ont accepté de révéler leur identité, ont confié avoir été attaquées physiquement et sexuellement par l’animateur.

Aucune des allégations n’a encore été prouvée.

M. Ghomeshi a écrit sur son compte Facebook jeudi qu’il allait répondre «directement» aux nouvelles révélations.

Au début de l’été dernier, un employé de «Q» avait reçu une lettre d’un journaliste qui lui demandait des détails sur le comportement de son animateur, qui aurait pu sévir sur son lieu de travail, selon son auteur.

Lorsque la direction a été informée, les ressources humaines ont ouvert discrètement une enquête, pendant laquelle des collègues de M. Ghomeshi ont été interviewés.

«Nous avons discuté aussi avec Jian pendant ce temps-là pour le confronter sur la vérité de ces allégations», a remarqué Mme Conway, ajoutant que son employé affirmait avoir des preuves qu’il n’avait rien fait de mal.

«Face à ce déni de Jian, nous avons continué de le croire», a-t-elle souligné.

Le président directeur-général de Radio-Canada/CBC, Hubert Lacroix, a déclaré avoir été «choqué, attristé et même mis en colère» par les allégations qui se succédaient contre l’ex-animateur.

Il affirme que le société d’État a mis en place un solide système de formation et de politiques pour créer un environnement de travail sûr et pour lui permettre d’enquêter et de réagir de manière appropriée en cas d’incident. «Cette affaire soulève des préoccupations à l’effet que nos systèmes n’auraient pas été suffisants, et nous en sommes très mécontents», a-t-il écrit dans une déclaration vendredi.

«Je compatis avec les personnes qui se sont senties impuissantes à dénoncer cette situation, ou qui ont essayé de le faire, mais qui se sont senties ignorées», a-t-il ajouté.

«En tant que père de deux jeunes filles, je partage votre frustration».

L’ex-animateur vedette poursuit la CBC pour 55 millions $ pour «bris de confiance» et «diffamation». Il accuse aussi le diffuseur public d’avoir «abusé» des informations personnelles et confidentielles qu’il avait fournies pour le licencier.

La CBC mène une enquête indépendante sur sa gestion de la situation, après qu’au moins une employée eut déclaré qu’elle s’était plainte du comportement de M. Ghomeshi sans que rien ne soit fait.

Également vendredi, Penguin Canada a indiqué dans une déclaration avoir décidé de ne pas publier le prochain livre de Ghomeshi «en raison des récents événements».

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