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Christopher Nolan: vers l’infini et plus loin encore

Photo: Paramount
Jérôme Vermelin - Métro France

C’est un des cinéastes les plus adulés de sa génération. Sa trilogie Batman terminée, Christopher Nolan embarque le spectateur dans un voyage à travers l’espace – et le temps – avec Interstellar (Interstellaire). Métro a demandé au magicien britannique de livrer les secrets de ses tours.

Interstellar brasse de nombreux thèmes: la conquête spatiale, les catastrophes écologiques, la paternité… Quelle était l’idée centrale au départ?
Mon frère Jonathan travaillait sur un premier scénario depuis quelques années, que j’ai combiné avec un autre scénario que j’écrivais de mon côté. Dans le sien, j’aimais beaucoup ce personnage de père célibataire, obligé de quitter ses enfants pour sauver l’humanité. J’aimais aussi l’idée de faire un film sur un moment «théorique» du futur de l’être humain. C’est un peu ce que Steven Spielberg avait fait avec Close Encounters of the Third Kind: que se passerait-il concrètement si les extraterrestres débarquaient sur Terre? Dans Interstellar, je voulais montrer l’opposé: que se passerait-il si les humains étaient contraints de quitter la Terre? Pour le reste du scénario, j’ai fait confiance à mon instinct. Et à ma grande surprise, j’en suis venu à parler avant tout de l’individu; de la définition de l’être humain et de ce qui nous relie les uns aux autres.

Vous parlez d’instinct, mais le film ressemble à un puzzle géant, comme Inception ou Memento. Une telle histoire est-elle parfois compliquée à assembler?
Non, car pour moi, Interstellar raconte une histoire au fond très simple. Je ne veux pas jouer la fausse modestie, mais tout y est construit autour de trajectoires très pures. La complexité, d’après moi, provient de la façon d’interconnecter les différents mondes représentés à l’écran. Ça rend d’ailleurs l’exercice de la promo assez périlleux pour moi… Ce que je veux, avec ce film, c’est embarquer le spectateur dans une grande aventure. Et je souhaite qu’il l’aborde le plus «vierge» possible. Car c’est une véritable expérience qui, d’après moi, se doit d’être vécue dans une salle de cinéma.

Art Interstellar Hattaway McConaughey_C100

Comme vos personnages dans The Prestige, vous voyez-vous comme un illusionniste qui fabrique des tours de plus en plus complexes? Et si oui, avec qui êtes-vous en concurrence? Vous-même?
Avec les critiques peut-être? (Rires) Je crois qu’il y a, de fait, une ressemblance entre le métier d’illusionniste et celui d’homme de spectacle. D’ailleurs, lorsque les gens me demandent pourquoi mes tournages sont à ce point entourés de secret, je réponds qu’un tour de magie ne peut pas être réussi si le public en connaît à l’avance les secrets de fabrication. Quant à la compétition… Je ne vois pas les choses comme ça. Mon but, c’est d’obtenir l’adhésion du public.

Avez-vous l’impression de vous améliorer à chaque nouveau film? Auriez-vous pu faire Interstellar il y a 10 ans, par exemple?
Non, je ne pense pas. Je construis chaque nouveau film sur les fondations des précédents. D’un point de vue technique, on s’améliore, certainement. Mais c’est comme un musicien. Ce n’est pas parce qu’on progresse dans la maîtrise d’un instrument qu’on est «meilleur». Disons que cette progression permet de faire des choses différentes…

Dans une grosse production comme Interstellar, reste-t-il de la place pour l’improvisation, ou bien chaque petit détail est-il programmé à l’avance?
Non, non, il y a beaucoup de place pour l’improvisation. C’est quelque chose que j’ai expérimenté avec mon équipe durant la trilogie Dark Knight. L’idée, c’est de créer en amont un plateau, ou de trouver un lieu de tournage où tout est aménagé de façon à donner l’impression aux acteurs de travailler sur un petit film indépendant. Une fois qu’on a défini l’esthétique visuelle, on se concentre sur l’histoire, les personnages. Pour Interstellar, je ne voulais pas travailler avec des fonds verts. Par exemple, on a construit une sorte de cockpit qui nous permettait de filmer des moments-clés, comme le décollage de la navette, à la manière d’un documentaire.

Art The Dark Knight_C100

Un nouveau superhéros?
Après avoir tourné trois films sur Batman, Christopher Nolan pourrait-il s’emparer d’un autre personnage de ce type?
«Je n’en ai pas la moindre idée, avoue-t-il. Lorsque j’ai fait ces films, je les ai abordés l’un après l’autre. Je ne savais pas que je ferais The Dark Night lorsque j’ai fait Batman Begins, et je n’étais pas sûr de faire The Dark Knight Rises lorsque j’ai fait The Dark Knight. Aujourd’hui, Hollywood envisage les films comme des épisodes d’une série télé. Moi, je vois chacun de mes films comme un événement en soi. Après, si j’ai envie d’explorer plus avant un personnage, un univers, je réfléchis à une suite. Chaque chose en son temps.»

Interstellar
En salle dès vendredi

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