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Le charme de Sam opère aux Grammy

Photo: Kevork Djansezian / Getty

Depuis son explosion planétaire, Sam Smith a été maintes et maintes fois comparé à Adele. Pour son style et surtout pour sa personnalité tellement anti-glamour et anti-fausse. Hier soir, le Britannique a raflé la mise aux Grammy, exactement comme sa compatriote en 2012. Sans oublier que, comme cette dernière, il a remercié l’homme qui lui a brisé le cœur de lui avoir inspiré un album.

Révélation et coqueluche confirmée de l’année, Sam Smith est monté quatre fois plutôt qu’une sur la scène du Staples Center de L.A. avec son charme anglais maladroit, son grand sourire, ses paroles inspirantes. «Avant de sortir cet album, j’ai tout fait pour que les gens écoutent ma musique. J’ai essayé de perdre du poids, j’ai composé des chansons horribles… Ce n’est que lorsque j’ai commencé à être moi-même que les autres se sont mis à tendre l’oreille», a-t-il confié, ému.

Si la victoire du crooner british était prévisible, pour le reste, ces 57e Grammy ont été… plutôt étonnants. Comme si après toutes ces années d’extravagance, de pop stars en tenues colorées et de gros numéros légèrement délurés, on avait voulu revenir à plus de classiques et de sobriété. Trop de sobriété? Peut-être.

«Ayant moi-même perdu dans la catégorie Révélation en 2008, je peux vous dire que, si vous ne gagnez pas, vous allez être corrects. Tout ce que vous devez faire, c’est ne pas vous en faire. Shake it Off!»
Taylor Swift, ou comme l’a introduit LL Cool J, «T- Swizzle», présentant le premier prix de la soirée, à savoir le trophée de Révélation, qui est allé à Sam Smith.

La grande fête, moins tourbillonnante que d’habitude, s’est ouverte avec une invitation à rouler sur «l’autoroute vers l’enfer», livrée par les patriarches australiens d’AC/DC. On a vu quelques spectateurs dans l’assemblée agiter discrètement leurs cornes de démon et Katy Perry faire sautiller sa chevelure mauve.

Dans un visible effort de jeter des ponts entre passé et présent (pardon pour la formule légèrement, euh, cucul), on a jumelé les artistes bien-aimés de l’heure à des vétérans. Ainsi, après avoir interprété son slow Thinking Out Loud, tiré de son dernier album, x, le jeune rouquin anglais Ed Sheeran a rejoint Electric Light Orchestra le temps d’un Mr. Blue Sky. (Peu avant son entrée, la caméra a capté Sir Paul qui se déchaînait au son d’Evil Woman.)

Dans le même ordre d’idées, le vert Irlandais Hozier a livré son succès torturé Take Me to Church, accompagné par Annie Lennox, qu’il a ensuite accompagnée en retour sur sa solide relecture de I Put A Spell on You. Puis, Pharrell Williams a partagé la scène avec le quinquagénaire compositeur de musique de film Hans Zimmer (oscarisé en 1995 pour sa bande originale du Roi Lion). Sans oublier Lady Gaga et Tony Bennett, qui avaient fait une petite apparition-surprise dans cette formule au dernier Festival de Jazz de Montréal, et qui ont donné dans le Cheek to Cheek et dansé joue contre joue.

Parmi les autres «mashups» (purées?) de générations, Riri, Sir Paul et Kanye ont fait équipe pour le gentillet FourFiveSeconds. Jessie J et Tom Jones ont quant à eux chanté You’ve Lost That Lovin’ Feelin’Now it’s gone, gone, gone whoaohoh»). Puis, Tom et son brillant veston ont remis le Grammy de la Meilleure performance pop solo pour la chanson Happy à un Pharrell méga surpris. «Merci la bande, tellement. C’est vraiment bizarre. Je vais sortir de la scène en faisant le moonwalk MAINTENANT.» Il faut dire que c’était un choix effectivement bizarre, la chanson Happy étant sortie en 2013, déjà, pour la bande-son du film Despicable Me 2.

Parlant de surprise, Beck en a créé toute une en remportant l’Album de l’année pour Morning Phase, ses lèvres articulant un «fuck», tandis qu’il se dirigeait, légèrement sonné, vers la scène (le disque a aussi été sacré Meilleur album rock, même s’il est beaucoup de choses, sauf rock). À l’annonce de sa victoire Kanye-l’agitateur a fait mine de se lancer sur scène en signe de protestation, comme il l’avait fait en 2009 pour s’insurger contre le triomphe de Taylor Swift…

Avec tout ça, et avec toutes les pubs, vous imaginez bien que, somme toute, peu de prix ont été remis en ondes. Toutefois, si peu d’artistes ont pris le micro pour faire autre chose que chanter, la cérémonie a quand même permis de lancer un poignant message. Ainsi, le président Obama a appelé, dans une vidéo, à en finir avec la violence conjugale. Sur scène, Brooke Axtell, une jeune femme s’étant sortie d’une relation abusive, a offert un vibrant témoignage. Elle a été suivie d’une Katy Perry à mille lieues de ses folies de requins du Super Bowl, vêtue d’une longue robe blanche et chantant By the Grace of God, tandis qu’en arrière-plan se découpaient des ombres chinoises de danseurs.

Du côté de l’animation, rappelons que LL Cool J était de retour au poste pour une quatrième année consécutive, toujours assez… disons effacé. En entrant, il nous a servi une feinte de chanson, entamant un petit début de ce Going Back to Cali qu’il a sorti en 1988. Le maître de cérémonie a également eu son moment inspirant («Les rêves n’ont pas de date d’expiration. Croyez en vous!») et son moment comique («J’ai décidé de passer outre le monologue d’humour. Pour votre sécurité. Et la mienne.»)

Pour finir, du côté des numéros à grand déploiement moussés pré-gala, on attendait – et on n’a pas été déçue – par celui de Madonna, qui a interprété Living for Love au milieu d’une armée de danseurs cornus au visage en diamant, parmi lesquels se trouvait l’interprète québécois Nico Archambault. Il y a aussi eu le duo formé d’Adam Levine et de Gwen Stefani, qui a livré un My Heart Is Open de Maroon Cinq, qu’on nous présentait, entre les pubs, comme «la prestation dont tout le monde va parler demain». Pourtant, on gage que ce matin, vous jasez plus de la performance de l’ex-comédienne de SNL Kristen Wiig dansant aux côtés de la petite Maddie Ziegler au son du Chandelier de Sia. Non?

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