Soutenez

Gabril Anctil: l’enfer, c’est les autres

Photo: Yves Provencher/Métro

Avec La tempête, Gabril Anctil propose un second roman qui risque d’avoir autant de retentissement que son premier, Sur la 132.

Janvier 1998. Une famille dont les membres sont aussi disparates que colorés se trouve réunie dans une maison d’Outremont en raison de la «crise du verglas» qui frappe le Québec. La tension monte, les langues se délient et les masques tombent. Bienvenue dans La tempête, le second roman de Gabriel Anctil.

Avec Sur la 132, qui lui valut de chaleureuses accolades de la part des lecteurs et des critiques, le romancier et scénariste pour la télé laissait libre cours à la part d’influence de Jack Kerouac qui sommeille en lui. Dans La tempête, avec ses références à la québécitude et ses dialogues chargés de notre langue vernaculaire, c’est son autre grand auteur de prédilection, Michel Tremblay, qui semble l’avoir guidé du point de vue narratif. Mais c’est à la célèbre pièce Huis clos de Jean-Paul Sartre que le lecteur pensera en raison de la tension dramatique qui résulte de la promiscuité des protagonistes. D’ailleurs, le passage de la chute de Sartre qui comporte le célèbre «l’enfer, c’est les autres» est repris en guise d’intro dans le roman d’Anctil.

Mais s’il a d’abord publié un road trip littéraire, c’est depuis l’âge de 18 ans, c’est-à-dire au moment où la crise du verglas eut lieu, qu’Anctil porte en lui les germes de ce roman en vase clos.

À l’époque, il avait dû quitter, avec ses parents, le domicile familial du quartier de Notre-Dame-de-Grâce pour trouver refuge chez sa grand-mère, qui habitait à l’ombre de l’hôpital Sainte-Justine. Un endroit où les câbles électriques sont enfouis sous la terre, ce qui les protège des caprices de dame Nature.

«Chaque livre que j’écris, je le vois comme un film et chacune des scènes, je l’entreprends comme un plan-séquence.»
Gabriel Anctil, auteur

Déjà grand lecteur et amateur de théâtre, le jeune Gabriel, qui devait plus tard étudier en cinéma, se disait que cette toile de fond pourrait être intéressante pour un éventuel roman. «Tous les éléments dramatiques étaient présents. Il y avait une tension extérieure très forte qui se transposait chez les habitants. Au plus fort de la crise, la moitié de la population du Québec était touchée. À l’époque, cette situation fut considérée comme étant la plus grande catastrophe naturelle», précise ce mi-trentenaire, qui s’étonne que ce sujet ne semble avoir été abordé qu’une seule fois en littérature, et ce, par l’écrivain Pierre Szalowski avec Le froid modifie la trajectoire des poissons. Livre qu’il n’a pas lu, histoire d’éviter les influences.

Afin de donner du corps à son œuvre, Anctil a cependant consulté les journaux de l’époque et visionné de nombreux bulletins de nouvelles qui relataient ces événements sur le site web de Radio-Canada, en plus de se baser sur le récit L’enfer de glace. La tempête de verglas du siècle au jour le jour, d’Éric Pier Sperandio (Éd. Trutstar, 1998), précise l’écrivain qui a quitté un emploi de rêve à Télé-Québec pour se consacrer à sa vie d’auteur.

Il a d’ailleurs effectué un périple radiophonique intitulé Sur les traces de Kerouac, diffusé par la SRC l’été dernier et disponible en baladodiffusion. Le moment le plus marquant? «Ma rencontre avec le légendaire photographe Robert Franck, un beatnik d’origine suisse âgé de 91 ans, qui a connu Kerouac. On a obtenu l’entrevue à la dernière minute et c’était vraiment très impressionnant», se souvient Anctil dont le visage de sa propre grand-mère, dont on retrouve certaines caractéristiques dans La Tempête, l’a accompagné pendant tout le processus d’écriture. Un peu comme s’il s’agissait d’une présence invisible.

AnctilFinal1La tempête
Aux Éditions XYZ
Présentement en magasin

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.