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Rendez-vous du cinéma québécois: La leçon du grand blond

Photo: Yves Provencher/Métro

Mardi soir, Marc Labrèche a parlé des supermarchés de Saint-Lambert, de la sacoche de Rénald et de sa haine du golf dans le cadre d’une leçon de cinéma ponctuée de ces pointes d’humour absurde qui ont fait sa marque. Pour citer le principal intéressé (qui se prononçait en ces mots au sujet de Ionesco), c’était «comme mettre une selle de cheval sur une autruche : de la poésie pure».

De son premier baiser, donné sur une scène et «applaudi par 800 personnes», aux séances de répétition des Aiguilles et l’opium, qui se déroulaient au début des années 1990 en terre suédoise, dans la maison de Bergman, meublée par «les chuchotements des âmes nordiques qui souffraient et le bruit des dents qui tombaient», Marc Labrèche a parcouru sa carrière avec toute l’imagination, l’humour et le sens de la répartie qu’on lui connaît.

Aux côtés de Marie-Louise Arsenault, légèrement grippée, mais toujours excellente intervieweuse (Labrèche a d’ailleurs proposé une p’tite pause pour courir «chercher un suppositoire au Jean-Coutu», histoire d’aider l’animatrice, faire rouler le bar et contribuer à la réussite des RVCQ), le grand blond a évoqué les souvenirs de son seul et unique trip de mush («J’ai ri en c*iss», a-t-il noté, après avoir salué sa maman), dit sa perplexité face à l’expression «T’es un enfant de la balle» («Quoi? Je rebondis?»), et évoqué cette École des femmes, dans laquelle il jouait «avec une jeune Sylvie Leonard», qui portait, pour les besoins du rôle, des boudins. Comme lui. «J’avais l’air de Peter Frampton en spectacle. Quand il avait chaud.»

Passant d’un sujet à l’autre, ce grand amoureux de Peter Sellers a vanté les charmes de sa municipalité d’habitation, la «magnifique bourgade de Saint-Lambert», qui a le luxe de posséder «deux IGA», dont un pour les jeunes, «situé près de la boutique de Ricardo», et l’autre, pour les personnes âgées, où l’on trouve des aubaines du tonnerre, profitez-en public, et où il adoooore se rendre. «J’aime mes vieux! Je suis né pour aimer mes vieux! Je les suis dans les allées. Je ne les dépasse pas, je ne leur ferais jamais l’affront de les dépasser. Et quand ils me parlent en anglais, je leur réponds. En français. Mais avec un accent. Pour ne pas les choquer», a-t-il raconté avant de s’exclamer : «C’est irrésistible. Je veux aller là. Je veux aller là TOUT LE TEMPS!»

Côté rôles, Labrèche est revenu sur le mythique Rénald Paré, de la tout aussi mythique Petite vie. «C’était comme un petit oiseau pour moi. Une espèce d’oiseau laid, un bébé faucon difforme», a-t-il dit, poétiquement, au sujet de cet homme «qui était possédé par La Bamba». Il a aussi souligné avoir véritablement capté son personnage lorsque le fameux sac à main, tant prisé par «Pinson», s’est pointé dans le portrait. «Tout s’est décidé, très honnêtement, quand la sacoche est arrivée. Car il fut un temps où mes bras étaient un obstacle à mon développement.»

«C’est comme un deuil. Comme aller au salon funéraire tous les jours. Tu montes sur scène et t’attends les petits sandwichs. Et tu sais que t’es poche. Parce qu’on le sait quand on est poche. À moins d’être complètement inconscient. T’es comme en apesanteur entre deux planètes dans le noir.» Marc Labrèche, au sujet de ces fois où la «rencontre» entre un metteur en scène et un acteur ne réussit pas.

Généreux, l’acteur n’a pas lésiné sur les réponses honnêtes, voire étonnantes. Il a ainsi avoué qu’à la fin de la tournée de la comédie musicale «micro-phénomène» Pied de poule, tout le monde se boudait dans l’équipe. «On a pogné une écœurantite! Je n’ai pas parlé à Normand Brathwaite pendant des années. Maintenant, quand je le revois, je suis ému aux larmes!»

Labrèche a même confié, à mille lieues de la phrase tant adorée (lire : «On était comme une grande famille sur le plateau!») que la rencontre entre un interprète et un metteur en scène est souvent… complexe. «J’adore être dirigé. Mais bien! Parce qu’on est souvent mal dirigés. Souvent. C’est la faute de personne, mais parfois, les sensibilités ne s’accordent pas», a-t-il confessé.

Entre une réflexion sur la camaraderie («C’est étrange quand même, l’amitié qui traverse les âges et qui se modifie sans se modifier») et une anecdote d’époque festive («J’ai déjà repris conscience sur le pont Jacques-Cartier, à 4 h du matin, lorsque la vibration des camions 10 roues m’a réveillé»), celui qui aurait voulu, peut-être, un instant, être journaliste ou avocat, a à plusieurs reprises évoqué la musique. Celle de certains textes, de certains rôles, et celle de l’absurde, ce style fait «du choc entre les mots et les silences qui les précèdent», notant au passage qu’il y a pour lui «autant de beat en drame qu’en comédie».

Tout ça sans oublier l’évocation du tournage de L’âge des ténèbres, sur le plateau d’un Denys Arcand qu’il apprécie énormément, et qui, a raconté Labrèche, adore rigoler. «On avait tous le clown intérieur sorti. Même Diane Kruger qui n’avait jamais fait rire quelqu’un auparavant!» a-t-il blagué, avant de se reprendre : «Oh! Mais elle a d’autres qualités! C’est une femme extraordinaire!»

Comme cette soirée.

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