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L’empreinte: refonder l’identité québécoise

Photo: Isca Productions

Les Québécois forment une nation distincte en Amérique du Nord. C’est une évidence, mais peut-être pas pour les raisons auxquelles on pense généralement, comme le révèle L’empreinte, un documentaire essentiel pour mieux se comprendre.

Savez-vous pourquoi le Québec détient le record du monde des unions libres? Pourquoi notre société est davantage collectiviste qu’ailleurs en Amérique du Nord? Nous sommes aussi la seule province canadienne à confier ses jeunes contrevenants au ministère de la Santé et des Services sociaux plutôt qu’à celui de la Sécurité publique. Ou encore pourquoi les Québécois semblent-ils éprouver une telle honte de soi?

Au fil des rencontres de Roy Dupuis avec des personnalités passionnantes, comme l’historien Denys Delâge, l’anthropologue Serge Bouchard et le politologue Édouard Cloutier, les réalisateurs Carole Poliquin et Yvan Dubuc proposent rien de moins qu’une redéfinition du concept d’identité québécoise en cherchant des réponses à ces divers questionnements.

Or, la réponse – car il y en aurait une, que certains historiens clamaient déjà dans des ouvrages trop souvent méconnus – est pourtant simple: notre part autochtone!

«Sommes-nous autre chose que des consommateurs nord-américains parlant français, et quelle est l’âme de notre culture? Telles sont les questions que nous nous sommes posées et qui pourraient mener, je le souhaite, à une redéfinition de la question nationale et du projet de société que nous devons porter et poursuivre en cohésion avec nos valeurs les plus profondes», explique le coréalisateur Yvan Dubuc.

Selon les recherches effectuées par les auteurs de cette œuvre captivante, 75% des Québécois d’origine canadienne-française auraient des ancêtres autochtones. Le grand drame serait que cette partie de notre héritage a été occultée par l’histoire officielle, souvent écrite par le clergé et l’élite. Le film a d’ailleurs failli s’intituler La part manquante.

Et quel est le rapport avec les questions susmentionnées? Lorsque les premiers colons sont arrivés en Nouvelle-France, ils ont dû apprendre la langue de la majorité et s’intégrer à une société déjà construite qui possédait son propre système de valeurs. Parmi celles-ci, une société sans chef, dans le sens où on l’entend aujourd’hui, et dont le mode de fonctionnement était circulaire et non pyramidal. Plus socialiste que capitaliste. Ce qui change radicalement la façon d’appréhender le monde. Des vestiges de cette singularité seraient entrés dans nos mœurs et se manifesteraient dans ce que les réalisateurs appellent «l’empreinte». D’autant que les Autochtones obligeaient les Blancs à se marier avec des Amérindiennes s’ils souhaitent continuer à vivre en ces terres. Hélas, nous apprend le film, après la conquête par les Anglais en 1760, nous aurions, pour des raisons de survie et par crainte de subir le même sort que les Acadiens déportés, renié notre part «sauvage».

À partir de ce moment, nos rapports avec les Premières Nations n’ont cessé de se déliter.

Ce film entend lancer un grand débat et sans doute contribuer à une réconciliation nécessaire. Mais il souhaite aussi insuffler un vent nouveau et rassembleur au nationalisme québécois en mettant en avant un héritage oublié. Héritage dont nous aurions pourtant toutes les raisons du monde d’être fiers.

Elles ont dit…

  • «Le Québécois, son identité, ce n’est pas le crucifix ou la poutine… Il part de loin, de sa rencontre avec nous autres.» – La poétesse et documentariste innue Joséphine Bacon à Roy Dupuis au sujet de l’histoire des Québécois, qui commencerait des milliers d’années avant l’arrivée des colons en Nouvelle-France puisqu’ils sont porteurs d’un héritage amérindien qui serait, selon elle, évident, mais inconscient.
  • «La peur de s’affirmer, de façon générale, vient d’une identité mal définie.» – La coréalisatrice Carole Poliquin, lorsqu’on lui parle des 2 échecs référendaires.

L’empreinte
En salle dès vendredi

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