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Sylvio Le Blanc, roi du courrier des lecteurs

Photo: Daphné Caron/Urbania

Maintenant retraité de la fonction publique, ce champion des lettres ouvertes peut nous faire part de ses réserves quant au devoir de réserve.

Influence Communication a mesuré que les journaux publiaient en moyenne trois de vos lettres par semaine. C’est vrai?
Il fut une période, en effet, où j’ai eu en moyenne trois lettres publiées par semaine (155 dans une année) dans les 12 quotidiens du Québec. Cela dit, Influence a aussi répandu des faussetés sur mon compte, exagérant certains résultats. Selon la base de données Eurêka, j’aurais publié 97 lettres dans les 12 derniers mois, alors qu’Henri Marineau, un résidant de Québec, prolifique «courriériste», en aurait publié… 421. En 2004, l’Indienne Madhu Agrawal a fait publier 447 lettres dans 30 journaux indiens; elle détient le record Guinness en cette matière.

Votre employeur vous a déjà suspendu à la suite d’une de vos lettres. Pourquoi?
Au printemps 2003, le projet de réingénierie du gouvernement libéral de Jean Charest m’inquiétait. Avant de le voir sabrer à l’aveuglette dans les ministères, notamment dans les Pensions alimentaires (PA), où je travaillais, j’ai voulu lui faire des suggestions d’économies qu’il pourrait faire sans que les familles en souffrent. Cette lettre m’a valu deux journées de suspension sans solde. On a prétendu que j’avais manqué à mon devoir de réserve.

Est-ce pour ça que vous avez utilisé un pseudonyme?
Oui. Environ 1600 de mes lettres ont été publiées sous mon nom et environ 25 sous le pseudonyme Élisa Milan. Lorsque la lettre était liée à mon travail ou à mon employeur (la direction des PA, qui relève de Revenu Québec), je la signais de mon pseudonyme. Chat échaudé craint l’eau froide!

Qu’est-ce qui vous motive à écrire et où trouvez-vous le temps de le faire?
Quand les gens ont une bonne idée, ils ont le goût de la partager avec autrui. C’est pareil pour les «courriéristes». J’aime écrire des textes, et ça me fait un petit velours que des milliers de lecteurs les lisent. Je suis trop paresseux pour écrire des livres, mais des lettres, ça va. Je les ponds généralement en marchant et quand j’arrive devant mon ordi, il ne me reste plus qu’à les «coucher sur mon écran» et à les peaufiner.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui aimerait que sa lettre soit publiée?
Il faut avoir une idée originale et la creuser. Je conseille aux jeunes de ne pas se presser pour expédier leur lettre, de dormir dessus et de la retravailler. Cent fois sur le métier…

Maintenant que vous prenez votre retraite comme fonctionnaire, prendrez-vous aussi votre retraite comme commentateur?
Non, je compte au contraire écrire un peu plus de lettres maintenant. Que le gouvernement libéral de Philippe Couillard se le tienne pour dit! RIP pour Élisa Milan, à moins qu’un autre fonctionnaire la ressuscite. S’il y avait une Élisa Milan dans chacun des organismes gouvernementaux, je vous garantis que les ministres, les sous-ministres, les hauts fonctionnaires et les directeurs marcheraient les fesses serrées!

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