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Cody Calahan et Chad Archibald: la signature Black Fawn Films

Photo: Yves Provencher/Métro

Black Fawn Films a vu le jour en 2008. Derrière cette maison de production ontarienne se cachent des passionnés absolus de cinéma et de films d’horreur. Pas étonnant que ces disciples du gore soient devenus au fil des ans de véritables habitués de Fantasia, où leurs œuvres sont projetées devant un cercle grandissant d’admirateurs. Chose qui ne cesse d’étonner les principaux intéressés, qui avouent être ébahis chaque fois que quelqu’un leur dit avoir vu l’une de leurs créations.

Lors d’une rencontre qui aurait pu durer toute la vie («On ne veut jamais arrêter de parler!»), nous avons discuté avec les réalisateurs/producteurs/scénaristes Cody Calahan et Chad Archibald, deux gars aussi sympas que mordus. D’ailleurs, parlant de morsure, Chad présente cette année Bite, une œuvre dans laquelle la piqûre d’un insecte transforme une jeune épouse du tout au tout. Cody, lui, dévoile la suite de son succès de 2013, Antisocial, dans lequel il pose un regard critique horrifique sur la domination des réseaux sociaux.

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Antisocial 2, réalisé par Cody Calahan

Vous avez souvent dit, Cody, que vous aimez le cinéma d’horreur, car, «pourvu qu’on y crée un monde qui se tient, il n’y a pas trop de règles à suivre». En réalisant, avec Antisocial 2, une suite à l’un de vos films – ce que vous n’aviez jamais fait auparavant – avez-vous trouvé que les règles à suivre étaient plus nombreuses?
Cody: Ce qui est drôle, c’est que, lorsqu’on a commencé à imaginer une suite à Antisocial, on a lu des critiques qui disaient: «J’ai tellement hâte de voir Sam [l’héroïne] revenir et tuer plein de zombies!» Et on s’est dit: «OK. C’est ce qu’on va faire! On va faire un film dans lequel elle trucide des zombies!» Mais très vite, on a réalisé que tout le monde s’attendait à voir ça! On a alors voulu sortir des sentiers battus pour aller vers quelque chose de complètement différent. De manière à ce que les spectateurs fassent: «Quoi? Hein?» Donc au départ, oui, il y avait des règles auxquelles on devait se plier. Mais on les a vite balancées par la fenêtre! (Rires)

À la sortie du premier volet d’Antisocial, en 2013, vous disiez trouver que le cinéma d’horreur n’utilisait pas assez les réseaux sociaux à des fins dramatiques, alors qu’ils sont pourtant tellement présents dans nos vies! Vous aviez donc décidé d’en faire le sujet principal de votre film. Depuis ce temps, trouvez-vous que cela a changé? Facebook et Instagram jouent-ils un rôle plus important dans les films d’horreur?
Cody: Oui! Depuis, il y a une tonne de films qui sont sortis qui sont inspirés des réseaux sociaux!
Chad: En fait, le titre original de Antisocial était Unfriended… et un film portant le même titre [réalisé par Leo Gabriadze] est sorti depuis! Mais c’est normal: il y a tant de choses à dire sur l’internet! C’est quand même un concept dément! Je ne sais pas s’il y a quelque chose qui a transformé la société autant que la création de l’internet! Ça a tout changé! Comment les gens grandissent, comment ils apprennent…
Cody: Et comment ils regardent!
Chad: Tout!

Avez-vous été contents de ramener votre héroïne, Sam, une résistante et une battante, après toutes ces années?
Cody : C’était… intéressant. Pour être honnête… je ne voulais pas faire une suite. C’est Chad qui m’a convaincu. Au départ, juste voir le mot «Antisocial» écrit sur une feuille de route, m’angoissait. «Aaaaaah! Ce n’est pas encore fini?!» Parce qu’on a commencé à travailler sur ce concept en… 2011! Ça fait un moment!

Au fil de ces années, il y a un cercle de fans de votre maison de prod et de vos films qui s’est créé. Des fidèles de Black Fawn. Vous le sentez, non?
Chad : On ne le réalise jamais tant qu’on ne sort pas. Et on sort rarement! Mais quand on le fait, on le fait comme il faut!
Cody : On travaille fort, on fait la fête fort! (Rires)
Chad : Oui! Hier, on est allés à l’Irish Embassy [un pub situé sur la rue Bishop où se réunissent plusieurs artistes et spectateurs de Fantasia]. C’est hal-lu-ci-nant le nombre de gens que nous ne connaissons pas qui nous connaissaient!
Cody : Il y en a qui sont venus nous voir en disant : «Hey! Vous êtes Chad et Cody de Black Fawn!» et je n’en revenais pas! (voix ébahie) «VRAIMENT? Vous avez vu nos films? Pour vrai? Cool!!!»

Êtes-vous parfois fatigués d’être contactés pour témoigner des défis que doivent relever les réalisateurs canadiens de films d’horreur? Ou vous n’êtes jamais-jamais-jamais tannés?
Chad : JAMAIS!!!
Cody : Chaque fois que quelqu’un veut s’asseoir et discuter avec nous, on est stupéfaits. «Vous voulez nous parler? Oh mon Dieu, oui! Parlons!»
Chad : On est des réalisateurs amoureux de cinéma. Si quelqu’un veut discuter de ça, on est là!
Cody : Des fois, j’ai l’impression qu’on parle même trop! Après 20 minutes, les journalistes terminent la discussion et on fait : «Attendez! Ne partez pas! On a encore des anecdotes! Quelqu’un d’autre veut entendre notre histoire?»

Antisocial 2
Jeudi à 17:10
Au Théâtre Concordia Hall

https://www.youtube.com/watch?v=5ZkyCFJGC_E

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Chad et Cody Bite

Bite, réalisé par Chad Archibald

Chad, votre film précédent, The Drownsman, mettait en scène une jeune femme ayant survécu à une noyade. Cette idée vous avait été inspirée par «votre peur de l’eau». Bite raconte l’histoire d’une fiancée qui ne veut plus se marier. Le film vous aurait-il été inspiré par une peur du mariage et de l’engagement?
Chad : (Rires) Non! En réalité… je suis fiancé! Bon, je le suis depuis déjà trois ans, mais quand même! En fait, je voulais parler d’une chose qui est très répandue : la peur de franchir un grand pas dans sa vie. Je voulais mettre en scène une fille qui surmonte des problèmes somme toute communs : elle va se marier, ne sait pas si elle est prête, si elle veut avoir des enfants…

Alors qu’elle commence à ressentir les symptômes inquiétants d’une piqûre d’insecte bizarre, votre héroïne appelle son médecin, paniquée… et tombe sur sa boîte vocale. Un commentaire sur le système de santé ontarien?
Chad: (Rires) Ça, c’est toujours la partie épineuse quand on raconte une histoire de la sorte: comment faire pour qu’un personnage atteigne un état aussi horrible sans aller consulter un médecin? C’était complexe à écrire, mais je me souviens avoir appelé en dehors des heures d’ouverture à la clinique et m’être dit: «Si je vais à l’urgence, ça va me prendre tellement de temps que le bureau du médecin sera ouvert d’ici là! Je vais attendre et voir si ça va mieux!»

En plus d’être collègues, vous êtes de super bons amis. Pourtant, dans vos films, les amitiés sont parfois complexes. Dans Bite, par exemple, elles sont plutôt compliquées…
Cody: En fait, NOUS avons une relation compliquée aussi! Nous sommes les meilleurs potes du monde, mais nous devons être des partenaires d’affaires aussi! Nous devons faire une distinction! «OK, pendant cette discussion-là, on n’est pas amis. C’est du business. Quelqu’un a raison, l’autre a tort. On règle ça, et ensuite, on peut redevenir copains!»
Chad: Les premiers films que nous avons faits ensemble, honnêtement… c’était pénible! (Rires)
Cody: C’est dur en maudit de faire des films avec ton meilleur ami! Parce que des émotions se retrouvent dans CHAQUE décision.

Un des personnages de Bite – celui du voisin – remarque que «lorsqu’on est en voyage, on s’ennuie des toutes petites choses». Vous qui êtes toujours sur la route, affairés sur un plateau ou au loin, dans des festivals, vous partagez ce point de vue?
Chad: Oh, oui! Oui! Hier, on était au bar et tandis qu’on allait prendre une photo, j’ai regardé mon téléphone et j’ai aperçu une image de moi et de mon chat. Tout de suite, j’ai ressenti un pincement au cœur: «Ooooh! Mon petit buddy Rico! Il est tellement cute! Et loin!» (Rires) C’est vrai qu’on passe beaucoup de temps sur le plateau, qu’on tourne beaucoup, qu’on voyage… Et c’est assez incroyable à quel point… j’adore être à la maison! Avec ma fiancée! Et nos chats!
Cody: Pffft. Maintenant il tripe sur les chats…
Chad: Avant je préférais les chiens. Mais je suis fier de mes chats. C’est comme des petits lions. Bref, tout ça pour dire que j’ai souvent vraiment hâte de revenir à la maison… Mais une fois que je reviens, je ne tiens jamais très longtemps. J’appelle Cody et je lui demande: «Bon. Quand est-ce qu’on fait un autre film?»

Bite
Mercredi à 21:45
Au Théâtre J.A. De Sève

Chad et Cody11
Crédit photo: Yves Provencher

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