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Système Metric

Photo: collaboration spéciale

La formation torontoise Metric est au cœur de la musique indie canadienne depuis maintenant plus de 15 ans. Rencontre avec la chanteuse et auteure Emily Haines, qui n’a pas perdu son envie de créer et sa volonté d’éveiller les consciences à l’aube de la sortie du sixième album du groupe, Pagans in Vegas.

L’écriture de Pagans in Vegas a commencé lors d’une année sabbatique du groupe. Vous ne vouliez pas prendre de vacances de Metric finalement?
Je crois que je suis condamné et Jimmy [Shaw, le guitariste du groupe et compositeur] aussi. Je m’étais dit que je pourrais faire ce que je voulais, alors j’ai voyagé au Nicaragua et en Espagne avec ma petite guitare, et Jimmy est resté [à Toronto] pour travailler dans son studio. Mais quand nous nous sommes revus plus tard dans l’année, je lui ai demandé ce qu’il avait fait. Il m’a répondu: «En fait, j’ai écrit une quinzaine de chansons.» Et moi aussi j’avais fait pareil!

Ces chansons donneront finalement naissance à deux albums. Comment avez-vous décidé quelles pièces iraient sur quel opus?
D’habitude, j’écris quelque chose de triste et d’introspectif et Jimmy lui donne quatre Red Bull et apporte de l’énergie. Et inversement, il écrit des pièces complètes sans paroles et très jubilatoires, que j’amène vers la noirceur, où je suis plus à l’aise. Peut-être pour la première fois, nous avons décidé de laisser ces deux albums être ce qu’ils sont. Pagans in Vegas est la célébration par Jimmy de son travail en studio et de Kraftwerk, Depeche Mode, Joy Division… Moi, j’aime travailler avec peu d’équipement, une guitare ou un piano. Ça sera l’esprit de l’album qui sortira en 2016, qui ressemble à mon disque solo. Les deux sont diamétralement opposés.

«Nous devons aimer ce que nous faisons, car même quand nous essayons de nous en éloigner, nous y revenons. Ça me rend heureuse parce que, même sans pression, nous nous sentons obligés de créer, et de le faire ensemble.» – Emily Haines, chanteuse du groupe Metric

Synthetica, paru en 2012, est un album concept sur la dichotomie synthétique-organique, ce qui lui donne un côté très électro. Il y a moins de guitare et plus de claviers, ce qui est aussi le cas sur Pagans in Vegas. Vous souhaitiez rester dans la même veine?
C’est un peu la volonté d’être audacieux. Tout le monde a un seuil de peur. Jimmy est connu comme le premier guitariste et le producteur, et toute son identité est là-dedans. Donc, c’est lui qui était très excité à l’idée de ne pas enregistrer de guitares. C’est similaire pour moi, je voulais me pousser à écrire sur une musique qui me rend vulnérable.

Pagans in Vegas s’ouvre sur la pièce Lie, Lie, Lie dans laquelle vous critiquez la place des femmes dans l’industrie du divertissement. Pourtant, Metric a toujours semblé jouir d’une grande liberté. Pourquoi critiquer l’industrie à ce stade-ci de votre carrière?
J’ai toujours pensé que je progressais, mais il m’est apparu qu’en fait non. En 2015, la nuance et la subtilité ne sont pas le meilleur moyen de s’exprimer. Lorsque j’ai fini d’écrire cette chanson, je me suis rendu compte que je voulais dire ça depuis très longtemps. Tout au long de ma carrière, j’ai voulu qu’il y ait plus de femmes en musique. Aujourd’hui, il y a des femmes partout, mais elles sont en sous-vêtements. Je voulais qu’il n’y ait aucune ambiguïté au sujet du féminisme dans lequel je me retrouve, et parfois il faut simplement le dire.

Vous continuez donc de critiquer les travers de la société?
Je suis une artiste pour la vie! Croisons les doigts! Toutefois, on évolue, et je ne vois pas l’utilité de critiquer quoi que ce soit avec mes paroles. Nos chansons existent, nous continuons de les chanter et de dire ces choses-là, mais aujourd’hui, je crois qu’une dose supplémentaire de négativité de ma part n’est pas ce dont le monde a besoin.

Pagans in Vegas
Sortie vendredi

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