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Guillaume Wagner: toujours aussi cinglant

Photo: Yves Provencher/Métro

Il y a trois ans, après le spectacle Cinglant, nous avions dit de Guillaume Wagner: «Provocateur sans être méchant, n’épargnant personne sans s’acharner sur qui que ce soit, Wagner ne cherche pas l’unanimité.» C’était tout aussi vrai mardi soir, alors que l’humoriste présentait en première montréalaise son nouveau spectacle Trop humain au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. Trop humain? Se serait-il assagi? Oh que non: c’est plutôt contre la bêtise humaine que le talentueux comique s’en est donné à cœur joie.

Celui dont une blague sur Marie-Élaine Thibert avait provoqué la controverse après son premier one-man show a d’entrée de jeu assuré qu’il ne donnerait pas son opinion sur des personnalités, histoire d’éviter des poursuites (ce qui ne l’a pas empêché, plus tard, d’envoyer des vannes – très drôles, au demeurant – à Richard Martineau et à Yoann de La Voix, notamment). Il a aussi expliqué au public que s’il avait décidé de vendre ses billets de spectacle 30$, c’était entre autres pour ne pas avoir à subir la pression de devoir plaire à tout le monde, et de devoir faire rire autant un spectateur qui fait du bénévolat qu’un homophobe: «Quoique ça se peut de trouver ça dans une seule et même personne… ça s’appelle l’Église catholique.»

Pendant une heure et demie bien rythmée et sans temps mort, l’humoriste pose un regard mordant et affûté autant sur la prétendue intelligence supérieure des êtres humains par rapport aux animaux («Il n’y a jamais un ours qui n’a pas nourri son ourson parce qu’il avait perdu tout son argent au vidéo poker»), les filles qui ne devraient jamais suivre les conseils de leurs amies filles en matière de cœur («Il est marié, il a des enfants et il dit qu’il veut juste me fourrer, ça veut dire quoi, tu penses?» «Heuuuu allôôôô! Il est en amour!») ou les expressions exagérées qui l’énervent (comme ce «C’est le meilleur café EVER!» lancé par une fille devant lui dans la file au Tim Hortons ou encore le fameux «Y’a tu de quoi de pire que…»). L’articulé trentenaire, qui peut tout autant disserter de l’absurdité du concept des émissions de cuisine que comparer le fabuleux organe qu’est le vagin et le décevant pénis (oui, oui), impressionne par la qualité de ses textes, tant dans la forme que dans le propos, des textes qui défoncent joyeusement les limites de la rectitude politique mais jamais de façon gratuite.

En plus de verser dans la critique sociale et d’égratigner la politique au passage, Wagner se fait aussi plus personnel dans ce spectacle où il explique entre autres sa technique pour éviter d’avoir à admettre ses défauts, les raisons pour lesquelles il n’est pas tout à fait prêt à avoir des enfants, ou la façon dont un professeur de théâtre l’a poussé à devenir humoriste… pas forcément comme on pourrait le croire. Mais quelle que soit la raison derrière son choix de carrière, on peut se réjouir que Guillaume Wagner soit devenu cet humoriste juste assez baveux et franchement intelligent, qui décortique notre bêtise sous nos yeux… pour notre plus grand plaisir.

Guillaume Wagner présentera de nouveau Trop humain mercredi soir au Théâtre Maisonneuve, puis en supplémentaire les 8 et 9 avril au Théâtre St-Denis.

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