Soutenez

Berlinale: Instants cocasses avec les Coen

the 'Hail, Caesar!' photo call during the 66th Berlinale International Film Festival Berlin at Grand Hyatt Hotel on February 11, 2016 in Berlin, Germany. Photo: Pascal Le Segretain/Getty

TAG BerlinaleDes blagues de boulettes de viande, un interrogatoire sourire en coin sur les prétendues allégeances communistes de George Clooney, des «Je ne flirte pas avec vous, mais…» et une journaliste lançant: «Je veux faire l’amourrr à votre film!» Présenté hier en grande ouverture de la 66e Berlinale, Hail, Cæsar!, des frères Coen, a suscité, lors de la traditionnelle rencontre avec la presse, moult réflexions. En lien avec l’œuvre. Ou pas du tout.

Certains faits sont immuables en ce bas monde. Parmi eux: une conférence des frangins Coen est toujours un gage de moments loufoques. En cette première journée pluvieuse de festivités, Joel et Ethan, entourés de leur bande de joyeux lurons, dont la statuesque Tilda Swinton, surnommée «la Reine de la Berlinale», ont régalé, classique, le public d’instants absurdes.

Dans une forme olympique, George Clooney, qui incarne l’anti-héros magistralement idiot (ses mots, pas les nôtres) du dernier délire des célébrés cinéastes, a même «révélé» qu’ils n’étaient pas de vrais frères. «Vous êtes au courant, hein? C’est une escroquerie! Ils sont – au mieux! – cousins germains!»

Il faut dire que Hail, Cæsar!, une comédie qui «semble avoir été inventée pour ouvrir un festival de cinéma», dixit un confrère, porte à la légèreté. «C’est notre vision, romancée, de la façon dont on tournait des films hollywoodiens dans les années 1950», ont confié les coréals. Dans cette vision romancée, on trouve, parmi d’autres curiosités, une starlette vulgaire déguisée en sirène qui mâche de la gomme comme si sa vie en dépendait (salut, Scarlett Johansson), un jeune premier, as du lasso, qui exécute des prouesses avec un spaghetti, et une confrérie de scénaristes communistes comploteurs tannés de se faire flouer par les grands studios.

Mais si tout cela peut sembler un brin extravagant (quoique, on s’entend, c’est les Coen), les questions posées à l’équipe après la projection ont été, elles aussi… singulières. «Avez-vous déjà été membre du parti communiste?» a demandé un journaliste à Clooney. «Je refuse de répondre à cette question! Je réclame mon droit au cinquième amendement! N’avez-vous pas honte, monsieur? N’avez-vous pas honte?» s’est marré l’acteur. Plus tard, la bande a eu droit à un:  «Comment pensez-vous que Trump réagira face à votre film s’il est élu président?» Ethan Coen, expert du surf diplomatique, a fini par rétorquer que la chasse aux sorcières à Hollywood dans les années 1950, tout comme Donald Trump, étaient certes des phénomènes étonnants… mais qu’il avait beau se forcer, il n’arrivait absolument pas à trouver un lien entre les deux.

«Tout ce que j’ai pu dire de gentil sur les frères Coen par le passé, je l’ai dit parce que j’étais soûl.» – George Clooney

Art Berlinale George Clooney Photo: Axel Schmidt/Associated Press

Une journaliste humoristique polonaise portant une petite cornette de religieuse (que George a prise pour un chapeau de marin) a lancé une série de gags… disons couillus, impliquant un chien, des denrées alimentaires et condensant le tout dans une question beaucoup trop alambiquée pour la ligue. «Wow! s’est écrié G.C., en poussant un soupir essoufflé lorsque le point d’interrogation de ladite question s’est enfin pointé le bout du nez. C’était loooong! J’étais littéralement encore un jeune homme quand vous avez commencé!»

«Chaque fois que les Coen m’offrent un rôle, c’est celui d’un imbécile. Mais je ne pensais pas que celui-ci serait aussi con!» – George Clooney

Sur une note plus sérieuse, un reporter originaire de l’île grecque de Lesbos a prié l’acteur de «faire un Syriana 2» en hommage aux réfugiés. En gage de présent, il lui a même tendu une affiche. «Pour vous convaincre de le faire, nous vous offrons cette œuvre de Picasso.» «J’espère que c’est l’original», a souri Clooney, expliquant ensuite que réaliser une suite à Syriana, thriller géopolitique se déroulant au Moyen-Orient, dans lequel il avait joué en 2005, serait chose difficile. Puis, au sujet de la crise des réfugiés, il a noté qu’il avait prévu une rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel, qui se tiendra aujourd’hui, pour «tenter de trouver des solutions»…

Mais quand une journaliste mexicaine s’est levée et a sommé le panel, tout particulièrement l’acteur et les frères Coen,  «d’agir concrètement contre la catastrophe humanitaire en Europe et de poser un vrai geste», parce que, après tout, ils sont «des personnalités publiques et connues», la star a perdu son sourire. «Je consacre beaucoup de mon temps à diverses causes, j’ai été dans plusieurs zones de conflit dangereuses dans le monde; donc, je trouve ça très curieux que vous vous leviez pour me dire de faire quelque chose. Mais knock yourself out!» Petit moment de flottement durant lequel l’assemblée a laissé entendre quelques «ouuuuh». «Cela dit, a-t-il renchéri, j’aimerais savoir ce que VOUS, vous faites, précisément, pour les réfugiés.» Nouvel instant de flottement. «Non, vraiment. Levez-vous et dites-le-nous.»

La dame a alors repris le micro pour raconter qu’elle «travaille avec une organisation dans la ville de Wolfsburg, en Allemagne». «On a fait une projection de film pour les réfugiés, on a acheté des jouets, et quelques personnes les aident à apprendre l’allemand.» «C’est bien ce que ces gens font. Mais j’étais intéressé par ce que VOUS, vous faites», a répété l’acteur, toujours irrité. Joel Coen a pour sa part souligné que la Palme d’Or 2015, décernée à Cannes par le jury que présidaient son frère et lui, avait été remise à Dheepan, de Jacques Audiard, qui traite de cette question. «Mais c’est absurde de pointer un artiste du doigt en lui disant: “Faites un film sur ce sujet!” Ça dénote un grand manque de compréhension de la façon dont les histoires naissent et sont racontées. Même si ce sont des histoires importantes.»

(Pour ceux qui ont la phobie des finales en malaise: quelques instants plus tard, quelqu’un désamorçait la tension en saluant… les stepettes qu’exécute Channing Tatum dans Hail, Cæsar! Étrange conclusion.)

«Qui? Moi? Oh, je ne suis pas dans le film. Je suis simplement un fan qui a toujours rêvé de venir à la Berlinale. C’est pour ça que je me suis pointé ici.» – Josh Brolin, protagoniste principal de Hail, Cæsar!


Photo: Pascale Le Secretain/Getty

Art Berlinale Meryl Streep GettyJury international – Meryl au top

Elle a joué dans plus de 60 films, a été nommée 19 fois aux Oscars et en a remporté 3. Mais, à 66 ans, il y a une chose que Meryl Streep n’avait encore jamais réalisée: présider un jury. «Je n’ai aucune idée comment faire! s’est-elle exclamée lors d’une rencontre avec la presse. Cela dit, j’ai été à la tête d’autres organisations. Notamment de ma famille.»

Enthousiaste, l’actrice a dit son bonheur «d’être entourée de gens intelligents qui ont le cinéma à cœur» pour évaluer les œuvres en compétition (dont Boris sans Béatrice, de Denis Côté) et décerner les Ours d’or et d’argent. Elle a surtout célébré le fait que, sur ses six compagnons de panel, trois sont des femmes. À savoir la photographe française Brigitte Lacombe, l’actrice italienne Alba Rohrwacher et la réalisatrice polonaise Małgorzata Szumowska, qui a remporté l’an dernier l’Ours d’argent pour Ciało. «Ça fait du bien d’être les boss!»

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.