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La tête haute: Tête forte

From left, director Emmanuelle Bercot, actors Catherine Deneuve, and Benoit Magimel pose for photographers as they arrive for the opening ceremony and the screening of the film La Tete Haute (Standing Tall) at the 68th international film festival, Cannes, southern France, Wednesday, May 13, 2015. (AP Photo/Lionel Cironneau) Photo: Lionel Cironneau/AP

Présenté en ouverture mercredi, La tête haute, de la Parisienne Emmanuelle Bercot, a soulevé moult questions. Parmi elles: «Mais pourquoi donc votre film n’est-il pas en compétition?!» lancé par une consœur lors de la conférence de presse. La réponse de la cinéaste? «On nous a proposé une place en ouverture. Si on l’avait refusée, peut-être qu’on serait en [lice pour la Palme]? On ne le saura jamais.»

Ce qu’on sait toutefois, c’est que ce drame «qui nécessitait beaucoup de recherche et une matière documentaire très forte», sans toutefois donner dans le docu pur, a démarré en force cette 68e édition. Mettant «en lumière des travailleurs de l’ombre», ce long métrage de la cinéaste française, qui a par le passé cosigné le scénario de Polisse avec Maïwenn, retrace l’histoire d’un garçon, né d’une mère qui l’aime, oui, mais sans trop savoir comment, et catégorisé très vite, par elle et par la société, comme sans espoir ni avenir. Un grand ado blond en proie à de grosses crises de colère, abonné aux vols de voiture. Les professionnels qui l’entourent veulent pourtant qu’il s’en sorte. Tellement fort.

Notamment la juge des enfants, incarnée par Catherine Deneuve, qui le reçoit sans arrêt dans son bureau, à chaque écart de conduite. Et puis son nouvel éducateur, qui endosse ce rôle après que tous ceux qui l’avaient précédé eurent déclaré forfait. On comprend vite que lui-même a vécu un parcours similaire. Et qu’il en a vu d’autres. C’est Benoît Magimel qui prête ses traits à ce personnage complexe et intéressant. «Je connais pas mal de gamins qui vont à la dérive. Ces éducateurs qui en prennent soin m’impressionnent beaucoup», a-t-il confié au sujet de cette histoire où on voit une jeunesse rejetée, qui cherche ses repères. «Je pense que [présenter ce film en ouverture], c’est une réponse du Festival à une année quand même difficile qu’on a vécue. Surtout en France. Je pense que c’est un film utile», a quant à elle déclaré Catherine Deneuve.

«Je vais m’en souvenir toute ma vie!!!» – Rod Paradot, aussi émouvant à l’écran qu’en vrai, disant tout son bonheur d’avoir été choisi pour tenir le rôle principal de La tête haute

Bien sûr, le long métrage a été pensé et réalisé avant les attentats contre Charlie Hebdo, a remarqué plus tard une Emmanuelle Bercot émue. Mais la cinéaste a affirmé «accepter et revendiquer» qu’il y ait une forme d’écho entre cette histoire et les événements qui ont secoué la France, et le monde, il y a de cela cinq mois. Elle a d’ailleurs signalé que les auteurs de ces attentats avaient eu un parcours chaotique, comme les jeunes dans son œuvre: «Le film parle d’éducation. Il dit que c’est un droit fondamental des enfants. Ma pensée personnelle et intime, c’est qu’un enfant ne naît pas méchant…»

Notons que l’enfant à l’écran est incarné par le «débutant» Rod Paradot. Timide, des étoiles plein les yeux, le jeune homme a confié n’avoir rien en commun avec son personnage. Et quand il s’est fait demander comment il envisageait une éventuelle montée vers la célébrité, il a lancé, non sans fierté, que pour l’instant, il préférait «garder La tête haute… mais froide». Une déclaration qui lui a valu des applaudissements doublés de «ooooh» de la part de l’assemblée.

«Si c’est méchant, j’espère que c’est drôle!» – Catherine Deneuve, répondant à un journaliste du Hollywood Reporter qui voulait savoir si l’actrice avait vu la Une du nouveau numéro de Charlie Hebdo, qui la montre sous un jour… très Charlie Hebdo.»

C’est un autre type de «oh» que certains ont poussé quand une reporter a demandé à Catherine Deneuve de revenir sur la fraîche «controverse» générée par ses propos sur Dunkerque. Semble-t-il que l’actrice aurait déclaré dans une entrevue que cette ville, où le film a été tourné, «c’est tristesse, alcool et cigarettes». Bref. La mention même de cette citation a fait tiquer l’icône du cinéma français. «Je trouve ça anormal de se justifier là-dessus dans un festival international!»

Questionnée également sur ses déclarations récentes quant à l’étalage de vie privée sur les réseaux sociaux dont font preuve les vedettes et qui fait en sorte, selon elle, qu’«il n’y a plus de stars en France», elle a clos le sujet en disant que, pour être star, il faut «du glamour et du secret», choses incompatibles avec les avalanches de selfie. Ici, on acquiesce.

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