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Au tour de la Ville de questionner Luc Leclerc

Luc Leclerc, l’ingénieur à la retraite qui a reconnu avoir reçu plus d’un demi-million de dollars en pots-de-vin, subira son contre-interrogatoire lundi à la Commission Charbonneau.

L’avocat de la Ville de Montréal, Me Martin St-Jean, aura plusieurs questions pour cet ancien employé de la Ville. Le 1er novembre dernier, M. Leclerc avait longuement expliqué les relations entre fonctionnaires et entrepreneurs, caractérisées par les cadeaux et les parties de golfs. Il s’agissait de la «culture d’entreprise» à l’Hôtel de Ville, selon lui.

Il avait aussi affirmé que les coupures de personnel à la Ville faites au cours des années 1990 ont pu jouer un rôle dans la transformation la petite corruption en véritable système. «On était moins nombreux… on était plus vulnérable. Moi, j’étais plus vulnérable, en tout cas», avait affirmé M. Leclerc.

«Est-ce que […] peut-être de façon indirecte ou involontaire, par ces coupures-là, la Ville a créé les conditions gagnantes pour la corruption?» lui avait demandé la procureure de la commission, Me Sonia LeBel.

«Elle a … facilité le travail des entrepreneurs», avait répondu le témoin. Me St-Jean avait alors formulé une objection quant à la formulation de la question. Il est probable qu’il contre-interrogera M. Leclerc à ce sujet pour essayer de démontrer que celui-ci a agi par cupidité, sur la base de sa propre volonté.

Le témoin suivant devrait être Gilles Vézina, qui était le supérieur de Luc Leclerc. L’homme est toujours à l’emploi de la Ville, mais il a été suspendu sans solde le 5 novembre dernier, après que plusieurs témoins aient mentionné qu’il aurait été au courant de la corruption à la Ville.

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Des firmes privées qui contrôlent des villes

Dans la couronne nord, les firmes de génie-conseil et d’avocats n’avaient pas simplement beaucoup d’influence auprès des élus, elles contrôlaient littéralement les municipalités. C’est ce qu’a avancé devant la commission Charbonneau Lino Zambito, dont une partie du témoignage du 3 et du 4 octobre, qui était sous-ordonnance de non-publication, a été libéré la semaine dernière.

«Il y avait des équipes […], bureau d’ingénieurs avec bureau d’avocats, ça travaillait ensemble, ça trouvait un candidat à la mairie, on le mettait en place, dans le sens qu’on s’occupait de sa campagne électorale, on s’occupait de tenter de le faire élire», a-t-il déclaré, avant d’ajouter qu’il y avait même des «guerres» de territoire entre ces firmes.

Les entrepreneurs en construction auraient également joué un rôle essentiel dans ce système: fournir de l’argent. «Je n’ai jamais vu, rarement vu des bureaux d’ingénieurs piger dans leur poche pour contribuer à des campagnes électorales, avait expliqué M. Zambito. On se retourne tout le temps vers l’entrepreneur. ”Écoute, ça me prend tant, je vais te le passer en extra, tu me le redonneras en liquide, tu vas être payé, et tout le monde est heureux”. C’est une chaîne qui se tient.» Le témoignage de M. Zambito s’est terminé le 17 octobre.

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