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La pdg de la CCQ raconte les interférences vécues

Photo: ceic.gouv.qc.ca

MONTRÉAL – Interventions directes auprès des membres du conseil d’administration de la Commission de la construction, inspections annoncées à l’avance, liens familiaux entre de nombreux membres du personnel… La pdg de la Commission de la construction, Diane Lemieux, a décrit à la Commission Charbonneau, jeudi, à quel point elle a dû changer son organisation et ses façons de faire.

«Il y avait une crise réputationnelle à la CCQ. La CCQ était en crise interne, externe, sous tous les aspects», a résumé Mme Lemieux, une ancienne ministre péquiste du Travail.

Lorsqu’elle est arrivée à la tête de la CCQ en 2011, il y avait de l’ingérence et des interventions indues auprès des membres du conseil d’administration.

Des gens de l’industrie appelaient directement des employés ou des membres du conseil d’administration de la CCQ, a-t-elle déploré. Des cas personnels étaient discutés jusqu’au conseil d’administration.

«Avant, ils pouvaient appeler n’importe où, ils pouvaient demander n’importe quoi. Avant, ils pouvaient discuter du dossier d’un de leurs membres, syndical ou patronal. Et tout à coup, en très peu de temps, très peu de temps, j’ai fermé ces portes-là», a-t-elle résumé.

Peu après son arrivée, un membre de son conseil d’administration qui provenait d’une association patronale a demandé à la rencontrer pour discuter du cas d’une enquête portant sur une entreprise qui était membre de son association. Elle s’y est refusée. «Je ne discute pas d’enquêtes», lui a-t-elle répondu.

Elle a aussi mis fin à la pratique voulant que ce soient les membres du conseil d’administration de la CCQ qui nomment les inspecteurs et qui déterminent les critères d’embauche. «Les membres du conseil d’administration de la CCQ qui sont _ et c’est normal _ des représentants d’associations patronales et syndicales, choisissaient ceux qui vont aller inspecter leurs chantiers…», a-t-elle expliqué à la commission.

Autre pratique étrange à laquelle elle a mis fin: la CCQ faisait des «blitz d’inspections» mais les annonçait d’avance à toutes les associations. De même, «des rapports d’inspection se promenaient» dans les bureaux de la CCQ.

À son arrivée, elle a aussi découvert que pas moins de 25 pour cent de son personnel avait des liens familiaux ou autres avec des associations patronales ou syndicales _ donc clientes de la CCQ.

Elle n’a pu congédier ces gens _ qui pouvaient tout de même être compétents _ mais elle leur a fait remplir à tous, incluant les cadres et elle-même, des déclarations obligatoires d’intérêts. Et lorsqu’on constate qu’il y a un risque de conflit d’intérêts, un employé de la CCQ ne travaille pas à un dossier dans lequel il a un lien avec un acteur de ce dossier.

Elle a aussi mis fin au délai de grâce qui était accordé aux ouvriers sans carte de compétence. Ceux-ci avaient jadis deux mois pour régulariser leur situation et éviter ainsi les poursuites. Ce seul resserrement a mené à 8000 recours pénaux, a-t-elle précisé.

À ceux qui jugent effarant ce qui se passait à la CCQ avant 2011, elle avise de ne pas juger trop vite et explique le contexte. «C’était le message qui était passé aux organismes réglementaires (comme le sien): tout le monde veut la paix industrielle, n’empêchez pas les gens de travailler, vous fermez des chantiers, vous êtes trop durs, etc.». C’est pour cette raison, avance-t-elle, que les organismes comme le sien ont jadis appliqué les règles avec tant de souplesse.

Le témoignage de Mme Lemieux se poursuivra lundi, lors de la prochaine journée d’audiences de la commission.

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